GUTALAX (cz) - Shit Happens (2015)
Label : Rotten Roll Rex
Sortie du Scud : 13 juillet 2015
Pays : République Tchèque
Genre : Gore Grind
Type : Album
Playtime : 16 Titres - 30 Mins
Oui c'est la merde, c'est un fait. Indéniable, indiscutable, pas négociable. Partout, ça déconne, ça cartonne, et le monde dérive...
C'est la merde.
Et ça, les Tchèques l'ont super bien compris en fait, à tel point qu'ils consacrent des oeuvres entières à la description de cette fort fâcheuse situation. Enfin, du moins ceux qui se vautrent dans le Gore Grind en tout cas. Les plus explicites en fait, mais pas forcément les plus sérieux.
Et il est clair que ça n'est pas GUTALAX qui va nous être d'une grande aide.
Hum, admettons que le Gore Grind soit votre truc. Admettons aussi que vous préfériez son option "gros caca et prouts rigolos". Alors bénissez moi mes frères, car j'apporte sous vos naseaux l'odeur putride des émanations de la République Tchèque, telles que les respirent les héros du jour. Au menu, des pets, des excréments, de l'humour borderline, et surtout, beaucoup de boucan, le genre qu'on fait quand on a une sévère chiasse, et qu'on ne peut évacuer discrètement. Et puis faire du bruit aux WC c'est plutôt fun en fait.
GUTALAX est donc un quintette nous provenant de Křemže, résultant de l'association digestive de Maty (voix, pets), Kojas (guitare), Kebab (basse), Mr.Free (batterie) et Kohy (guitare aussi). Les cinq larrons n'en sont pas à leur premier méfait, puisque Shit Happens est leur deuxième LP, quatre ans après l'inénarrable Shit Beast. Vous l'aurez compris, l'obsession des gus se situe au niveau de l'anus, du trou de balle, de la boite à caca, et rien d'autre.
On retrouve sur ce nouvel "effort" une pléiade de guests plus ou moins (surtout moins en fait) célèbres, qui viennent apporter leur dose de gaz à l'édifice, ainsi "Cock Corn" propose la participation de Radim de SPASM; "Shit Demon" celle de Wokatej de D.E.O.A.G., et sur le très subtil "Brothers In Ass" (c'est Mark Knopfler qui doit être honoré...), c'est Peter & Florian de SQUIRTOPHOBIC, autre combo finaud, qui s'y collent.
Tout ça ne doit pas occulter le fait que les gars ne se prennent pas au sérieux bien sur, mais lorsqu'on évolue dans le Gore/Porn/Grind, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement... Alors tout y passe, et par la rondelle bien sur, des bruits de pets incongrus, aux borborygmes passés à la râpe à fromage, gargouillis, titres débiles et autres joyeusetés à base de laxatif et de perlouses qui schlinguent.
En gros, vous n'inviteriez pas les GUTALAX chez vous, à moins d'avoir quelques potes allemands festifs qui squattent.
Cela dit, on vous plonge de suite dans le bain. La longue intro "Dick Dip" ne ménage aucun effet, et mixe diverses flatulences épaisses et grasses à des violons bien sirupeux, avant que la guitare grasse elle aussi ne rentre dans la danse. La suite est à l'avenant, rythmique énorme, guitares graves et effilées, et chant inaudible, la recette classique du style, dont personne ne dévie.
Alors bien sur, les GUTALAX restent de petits poètes timorés comparés aux abrutis scatophiles de BUM SICK, et ne comptez pas sur les émanations anales pour remplacer les vocaux.
Musicalement, ça tient la route, pour peu que l'on aime le genre, c'est carré, précis, et ça ne verse que très rarement dans la diarrhée auditive. Nul besoin de vous munir d'une ventouse, d'une pince à linge et de détergent pour écouter Shit Happens.
Et une fois la blague " Licking the Brown Line of Fat Old Granny Bitch" narrée, et la chasse d'eau de "Toi Toi Story" tirée (une variante du "Toi, toi mon Toit" de cette chère Elli Medeiros?), les choses sérieuses commencent.
On tombe alors dans un Gore Grind plus subtil que la moyenne, qui en plus vous laisse un peu de papier cul pour vous torcher, mais qui ménage de sacrés passages rythmiques, et qui parvient même à devenir entraînant. Loin des délires abrutissants de bon nombres de leurs collègues, les GUTALAX sont bons musiciens, bénéficient d'une production claire et puissante, et prennent la peine de composer de vrais morceaux. Alors, nous avons droit aux coassements de grenouille ("Corn Cock"), aux intermèdes acoustiques en forme de blagounette ("I Like Farts", entonné en final de "Fart Fart Away", avec force rires gras), aux dialogues forcément incompréhensibles mais forcément hilarants, et même à des hits improbables, comme ce laxatif en forme de chibre, qui balance des riffs maousses comme d'autres la purée ("Hot Dick", percutant, lourd, colombin massif), ou cette vieille qui lâche sa cargaison en pleine campagne ("Nature Mature", mosh, catchy et bien évacué).
Du Gore Grind donc, mais pas n'importe lequel. Celui qui garde encore quelques liens avec le Metal, et qui ne tombe pas dans la pantalonnade sur les chevilles, et qui en profite pour faire passer une coulante pour de la musique.
Alors, mes chers frères, c'est la merde. Diantre... Mais dans cette masse dégoulinante de déprime, nous ne sommes pas seuls. Et au cas ou les intestins vous irritent un peu trop, osez la dose de GUTALAX, ça soulage l'anus, ET les oreilles.
Ajouté : Lundi 07 Décembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Gutalax Website Hits: 5200
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