WITCHWOOD (it) - Litanies From The Woods (2015)
Label : Jolly Roger Records
Sortie du Scud : 4 mai 2015
Pays : Italie
Genre : Hard Rock Bluesy Progressif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 79 Mins
Il arrive parfois qu'on se prenne une grosse calotte, comme ça, sans pouvoir anticiper, ni éviter. Et finalement, on est ravi de s'être mangé une bonne beigne parce que ça fait du bien. Tant que cette taloche reste musicale et de...haut vol.
Aujourd'hui, je me suis pris un pain puissance 10, trois G dans la tronche, seul dans mon salon, et sans bouger. Juste en écoutant un album qui ne payait pourtant pas de mine et qui puait le revival Doom/Stoner à pleins naseaux, même à dix bornes.
Je ne l'ai pas vu venir, mais je le laisserai plus repartir. Parce que tomber sur un disque aussi riche, respectueux et pourtant aventureux, et disons le simplement aussi beau que Litanies From The Woods est une chance rare, dont il faut apprécier chaque seconde.
Alors, êtes vous prêts pour une ballade en forêt, le cul vissé sur votre chaise, sans bouger<? Je vous l'offre, partons donc en Italie, puisque c'est de là bas que tout est venu.
WITCHWOOD, ce sont des cendres. Celles de BUTTERED BACON BISCUITS, responsables d'un album célébré par la critique en 2010, From The Solitary Woods, qui avait salement secoué les bases du Hard Progressif moderne qui ne l'entendait que d'une oreille ancienne et rompue à l'exercice. Depuis, la forme à changé, le nom aussi, mais le fond n'a pas bougé.
On retrouve au line-up Riccardo Dal Pane (chant, guitare, mandoline), Andrea Palli (batterie), Stefano Olivi (orgue, piano, synthé, moog), Luca Celotti (basse), Samuel Tesori (flûte et harmonica) et Antonino Stella (guitare), et ce sextette vient simplement de sortir l'album de Hard Psyché Progressif de l'année, et sachez que je pèse vraiment mes mots...
Rarement telle richesse fut étalée sur album, sans pour autant perdre en cohésion, en puissance ou en pertinence. C'est simple, par moment, on imagine une jam impromptue en pleine forêt entre DEEP PURPLE, JETHRO TULL, BLACK SABBATH, URIAH HEEP, TRAPEZE, ou même GENESIS, avec un feeling proportionnel au talent de chaque exemple cité, et des constructions à tiroir qu'on avait plus découvert depuis...je ne saurais dire. Alors bien sur, nous sommes très loin de la façon scandinave d'aborder la chose. Ici, le ton est plus profond, mais surtout plus bucolique, n'hésite pas à piquer la mandoline de Jimmy, la flûte de Ian, le moog de Jon, et parfois, les égare sur un sentier délicat et tapissé de feuilles Folk, sans plus aucun rapport avec le Hard Rock. Mais même dans ces moments là, la classification importe peu, tant la musique est magnifique...
Il faut dire que les mecs ont du métier, et que chaque individualité est notable. Au premier plan, la voix gorgée de Soul/Blues de Riccardo, qui fait monter la pression lorsqu'il le faut, réchauffe l'atmosphère lorsque le froid menace, et surtout, se fait douce, intimiste ou au contraire chaude et flamboyante. Le meilleur exemple de l'étendue des capacités vocales du bonhomme est parfaitement illustré par le morceau "The World Behind Your Eyes", qui se permet de mélanger des couleurs automnales à la JETHRO TULL pour mieux les faire flamber à la LYNYRD l'instant suivant, avec une grosse poussée de Moog qui débouche sur des soli incendiaires.
Un travail remarquable, qui ne s'épargne pas le souffle d'un harmonica, accompagnant avec délicatesse les arpèges ciselés d'une séduisante et douce guitare acoustique.
On peut aussi parler du ZEP par moments fugaces, à l'occasion de l'intro de l'épique quart d'heure "Farewell To The Ocean Boulevard", qui soudain se place en plein Hard Progressif des 70's, avec rythmique chaloupée, guitares qui se passent l'une devant l'autre pour des interventions mélangeant le Page et le Collins. Morceau de bravoure d'un LP qui ne contient que ça, "Farewell" nous projette des décennies en arrière pour un voyage unique au coeur du meilleur Hard Rock des années post hippies, et le tout, sans sonner daté ni plagiaire...A ce niveau là de perfection, les mots manquent...
Et de fait, puisque le constat précédent vaut aussi pour le lumineux "Song Of Freedom" et son entame mandoline/guitare/harmonica directement tombée du ciel, trio soutenue par un duo basse/batterie qui s'envole le long de frappes en plume et d'arabesques graves qui tournent autour de vos rêves. LED ZEP encore, mais aussi FREE, BAD COMPANY, URIAH HEEP pour cet orgue à la Ken Hensley qui s'impose sans déranger, et toujours cette putain de voix Soul qui vous prend aux tripes. Mais en plus de tout ça, le groupe se paie le luxe de soigner ses riffs et de les rendre les plus efficaces et mémorisables possibles...
"Handful Of Stars" débute au contraire sous des voûtes plus sombres, emprunte le vaisseau d'HAWKWIND en faisant monter à bord BLACK SABBATH, et se change en monstre Metal intersidéral, qui prend son temps pour arriver à son but. En dix minutes, WITCHWOOD revisite le Space Prog', le Hard Psyché, et laisse les instruments prendre leurs aises, sans les brider, mais sans non plus les laisser devenir trop bavards.
Mais avant ça, et cette deuxième moitié d'album au panache grandiose, les italiens prennent soin de vous attirer dans leurs filets en dispensant leurs psaumes les plus élémentaires, comme ce "Liar" d'intro qui en remontre niveau nostalgie électrique à tous les Lenny Kravitz de la terre. A la rigueur, même Jimmy pourrait être jaloux de ce riff taillé dans l'airain, qui monte la gamme, la redescend avec une furie incandescente, pendant que le thorax de Riccardo se compresse et souffle un vent de folie Blues dans l'air. Même les BLACK CROWES au somment de leur forme n'ont jamais atteint cette intensité, ni GRAVEYARD d'ailleurs...
"A Place For The Sun", illustré d'une superbe vidéo prend la suite, et plaque son moog contre un mur de guitares qui se laissent dériver sur un thème avenant, tissant une toile Prog' Blues qui vous colle à ses mailles. Refrain qui se pose et qui se gorge de feeling une fois de plus, mélodie impeccable, c'est la perfection, ne le nions pas...
Et lorsque l'intimisme se fraie une place, "The Golden King" lui déroule un tapis de sonorités à vent, à cordes, et des percussions à la puissance nuancée, pour un tableau qui frise la synthèse aussi improbable que sublime entre ALICE IN CHAINS et DEEP PURPLE.
De là, je reprends un peu mon souffle et essaie de digérer les écoutes répétées de ce qui est d'ors et déjà un chef d'oeuvre.
En tant que chroniqueur et fan, j'ai avalé des kilomètres de Hard Vintage depuis quelques années. qu'il fut Doom, Progressif, purement Hard Rock ou occulte, et j'en ai aimé de nombreux exemples, pratiquement tous venus de Suède d'ailleurs. Mais rarement un album aura réussi à m'envoûter à ce point, tout en me donnant la pêche. Pourtant les morceaux sont longs, très longs, complexes, mais tout se déroule comme un plan si parfaitement huilé que le temps n'a plus d'importance.
Litanies From The Woods est sans conteste le plus bel hommage rendu par des musiciens à leurs illustres pairs, tout en parvenant régulièrement à surpasser leurs qualités anciennes. Un pari fou, une réussite absolue, et osons la formule, le plus bel album du style depuis très longtemps.
Une simple ballade en forêt peut parfois se transformer en rêverie. C'est ce qui m'est arrivé aujourd'hui. Je me suis pris une claque, mais j'ai aimé ça. Et au lieu de me réveiller, elle m'a permis de m'évader. Retenez ce nom, WITCHWOOD. Car une fois dans les bois de la sorcière, vous n'aurez plus jamais envie d'en sortir.
Ajouté : Lundi 07 Décembre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Witchwood Website Hits: 5330
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