POWERED BY DEATH (ca) - It's Only Getting Worse (2015)
Label : Dead Wrong Records
Sortie du Scud : 5 septembre 2015
Pays : Canada
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 31 Mins
Allez, je vous embarque, montez. Embarquons sur Quebec Air, non pour suivre les traces de Lindbergh en compagnie de Robert Charlebois, mais pour y retrouver une bande d'hurluberlus locaux qui répandent les psaumes Thrash d'une façon plus que convaincante. Et ne doutez pas de leur puissance, puisque c'est la mort elle même qui leur confère.
Vous en doutez ? Pourtant, ils s'appellent POWERED BY DEATH, alors autant leur faire confiance...
Aux commandes de ce nouvel équipage de joyeux fouteurs de merde, on retrouve Nick "Egypt" Groulx à la batterie, Nicolas "Gringo" Grenier à la guitare et au chant, Denis "De Fish" Stoisin au même poste, et Alex "Glass Attack" Glass à la basse et au chant. Le quatuor est débutant, ou presque, puisque ses premières répétitions datent de 2011, et sa première démo de 2012, qui nous conseillait de nous brancher (Plug It In!). En 2015, ils se lancent enfin en version longue, et ont même la délicatesse de vous proposer leur premier LP gratuitement, en téléchargement libre sur leur Bandcamp. C'est pas généreux ça, tabernacle ?
Gratuit Ok, mais si on me donne une tonne de poireaux ou un vieux faisan moisi, ça n'est pas pour ça que je vais les prendre. Alors, leur musique justifie elle qu'on aille la chercher à sa source ?
Oui, bien sur, sinon, vous pensez bien que je ne serais pas là à en parler... POWERED BY DEATH augmente de sa présence les rangs déjà bien serrés des jeunes Thrash Revival Addicts, sans pour autant faire doublon avec certains de ses camarades de combat. S'ils se revendiquent de WARBRINGER pour l'aspect contemporain, ils citent plus volontiers EXODUS, et surtout SACRED REICH et DEMOLITION HAMMER, ce qui vous l'admettrez, est un gage de bon goût.
Il est vrai que leur Thrash diffus et plein d'allant nous replonge en plein coeur des années 80, version série B, avec cette agressivité plombée de riffs tailladés, ce son un peu sourd et compressé, et ce chant un peu geignard mais grave, dominant de son charisme discret des structures simples qui vont droit au but.
On pense donc aux groupes pré cités, mais aussi à RAZOR, pour cette rythmique coulée, voire même aux allemands de DARKNESS, mais l'option SACRED REICH période Ignorance est toute aussi valable. Les quatre canadiens ne s'embarrassent pas de principes et foncent, surs de leur fait, pour distiller neuf compos pleines de sève et de jus, qui alternent avec bonheur vélocité sombre et enclume Heavy. Mais les olibrius se débrouillent tout aussi bien dans l'exercice du mid tempo, qu'ils agrémentent de riffs mémorisables et bien sentis, qu'on peut même situer parmi les plus accrocheurs.
Mosh ? Parfois oui, mais Thrash pour de vrai, et d'une très bonne qualité. Alors on peut évidemment leur pardonner quelques emprunts un peu trop faciles (le riff de "Tied Down By The Chains Of Christianity" est légèrement pompé sur celui de "Harvester Of Sorrow", mais ça fera toujours les pieds à Ulrich), parce que toute l'affaire est fort agréable, et emprunte d'une certaine naïveté touchante. Ne vous méprenez pas, ils jouent carré, même si la rythmique à tendance à jouer au yo-yo parfois (quelques imprécision assez fraîches je l'avoue). Les guitares sont angulaires, la basse tombe pile quand il faut, les breaks - s'ils sont prévisibles - tombent à propos, alors pas grand chose à leur reprocher. Et si, pour le fun, ils se réclament du sempiternel triptyque "Sex, Drugs & Rock N'Roll", ça ne les empêche pas de prendre leur boulot au sérieux.
Mais qu'allez vous donc trouver plus précisément sur ce It's Only Getting Worse ? Du Thrash bien évidemment, sous toutes ses coutures, qu'ils soit pesant, noir et glauque comme sur le terriblement Heavy "Verbal Decay", ou complètement hystérique et méga rapide comme le démontre avec fougue le brûlant "Watch Her Burn!!!" qui rappelle même les ruades les plus furieuses de VIO-LENCE ou DARK ANGEL.
Entre temps, des nuances, de l'efficacité, des modulations, et des hymnes en veux tu en voilà, comme s'il en pleuvait.
Je parlais un peu plus tôt de leur facilité à manier le mid tempo fatal, mais "Hit The Surface" vient appuyer mon propos et se prend même pour l'EXODUS de Fabulous Disaster, avec une petite touche ANTHRAX à peine prononcée. Riff à la MORTAL SIN, ambiance à mosher jusqu'au bout de la nuit, et contretemps qui réveillent, c'est un classique de la série B du plus haut niveau, qui propose même une accélération de dernière minute, électrisée par un solo percutant. Ca décoiffe !
"The Crown" confirme cette tendance, et rappelle même le RUNNING WILD des débuts, mâtiné de DEMOLITION HAMMER, avec encore une fois, des interventions en solo particulièrement bien trouvées. Chant qui grogne toutes dents dehors, basse qui cimente les guitares à la batterie, et accumulations de plans sans en faire trop, c'est du très bon boulot.
Les québécois terminent même leur indéfrisable par un gros pavé de près de cinq minutes qui ne reprend que très rarement son souffle, et qui annihile tout sur son passage, avec grosses baffles à la double grosse caisse, et imbrication de riffs et de parties rythmiques directes et puissantes. C'est le titre le plus long de l'album, mais aussi un des meilleurs, qui juxtapose colères véloces et grondements féroces, tout en glissant de temps à autres une discrète mélodie qui vient aérer le tout. Les deux guitaristes se lâchent complément, et la partie centrale cite autant DESTRUCTION que HEATHEN, avant qu'un fading sobre n'achève la complainte.
En ce moment, le Thrash se prend une bonne calotte des quatre coins du monde, à tel point qu'on aurait presque le sentiment d'être revenus trente ans en arrière, lorsqu'il dominait la musique extrême de sa franchise. Les sorties s'accumulent, et loin de s'empiler les unes sur les autres comme un vulgaire tas de nostalgie, apportent un peu d'air frais à une scène Metal dominée par le Symphonique, le Metalcore et autres dérivés torturés et grandiloquents. Ici pas de standardisation, du bio, naturel et spontané, et ça fait un bien fou.
Et si la mort donne autant de puissance aux quatre branleurs de POWERED BY DEATH, je veux bien qu'elle me branche la gégène là où elle veut !
Ajouté : Jeudi 18 Février 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Powered By Death Website Hits: 6058
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