BLEED THE PIGS - THETAN (usa) - Split LP (2015)
Label : Dead Tank Records
Sortie du Scud : 2 mars 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Crust Grind
Type : Album
Playtime : 15 Titres - 21 Mins
Quinze morceaux, vingt et une minutes, ça n'en demande pas plus, et rien de mieux pour commencer un week-end qui laisse le soleil filtrer. Après tout l'automne est là, les feuilles roussissent, et j'ai trouvé l'album parfait pour les aider à tomber.
Certes, commencer son samedi matin avec une bonne dose de Grind, c'est osé, mais ça réveille. Alors comme ces rayons m'évoquent des paysages ensoleillés, je pense que Nashville est une bonne origine de carte postale virtuelle à vous paire parvenir.
Split LP, dans la grande tradition de l'extrême, moi, j'aime bien. Surtout lorsque la place est laissée à deux ensembles qui ne reculent devant rien pour faire du bruit et légèrement repousser les limites du style. Car de Grind il est bien question, mais n'est pas la seule composante, loin de là.
D'un côté de la barrière électrifiée, BLEED THE PIGS, et son patronyme qui semble renouer avec l'éthique sixties et la ferme des animaux d'Orwell. Qui sont donc ces cochons qu'ils semblent conchier? Les flics? L'autorité, les politiciens, ou juste les gens aisés ?
Je ne le sais pas, mais ce que je sais par contre, c'est que leur musique est un creuset d'influences toutes plus bruyantes les unes que les autres.
Après quelques traces discographiques de ça et là (Mind And Matter, plus tard dans l'année, et le surprenant Flowers In D'minor, consacré à des reprises de NIRVANA), le quatuor mené de voix d'airain par la jolie Kayla et sa coupe afro bénéficie du temps de participation le plus long, et ne laisse que huit pauvre minutes à ses compères.
Ils se permettent même un saut périlleux de plus de quatre minutes à l'occasion de "Born Of Filth", qui comme beaucoup de leurs compos débute sur un sale larsen, avant de lâcher un beat plombé typique du Doom. Leur guitares sont bien évidemment salement rouillées, extrêmement distordues, mais la folie malsaine que dégage leurs morceaux est assez impressionnante. Certains ont même cité les exactions de PULSATILE TINNITUS pour les situer musicalement, et la comparaison n'est pas dénuée de sens. Car les BLEED THE PIGS utilisent toutes les composantes Core et Noise pour arriver à leur fin, et ne se contentent pas de ruer dans les brancards. On pense aussi à une version salement Crust de BRUTAL TRUTH, mais aussi de l'underground Crust/Post Anglais des années 2010. Mais il arrive aussi qu'ils se lâchent complètement, comme le prouve le nucléaire "Dehumanize" qui ne fait pas grand mystère de ses attaques Grind complètement débridées, et entendre Kayla beugler comme un goret qu'on égorge est un véritable délice. Voyez la sur scène, le spectacle est encore plus impressionnant. Le sexe faible ? Mon cul oui, cette nana a plus d'énergie qu'une bonne dizaine de hurleurs à elle toute seule! En tout cas, en sept morceaux seulement, ils placent crânement leurs billes, et parviennent même par leur puissance sonore à saturer la production, ce qui n'est pas une mince affaire.
De leur point de vue, les THETAN semblent adopter la devise "le mieux est l'ennemi du bien". Lâchés par leur guitariste, le duo Chad (batterie) et Dan (basse, chant) à décidé de continuer sa route et de laisser tomber l'optique Hardcore mélodique dans laquelle ils ne s'épanouissaient pas, pour continuer sous une forme plus abrupte, à deux, tout simplement.
Ca donne au final une sorte de Grind très sec, sans guitare, mais qui ne se gêne pas pour faire autant de boucan qu'un quintette. Sorte de version purement Crust/Noise des italiens de ZEUS!, avec des morceaux dépassant rarement la minute, THETAN avance et cavale à très vive allure, et nous jette en pleine face huit bombes à fragmentation Grind hautement explosives, qui ne prennent pas de gants.
C'est bien évidemment hautement rythmique, le chant est à l'avenant, et souvent la basse étouffe complètement la batterie qu'on a même du mal à discerner.
Mais leur bordel est entraînant, assourdissant, et suit les pas de l'école nipponne de l'extrême, se perdant parfois dans un raout sonore sans queue ni tête. Ils savent soigner des intros vraiment menaçantes à la limite du Jazz sombre de BO ("Abandonment"), qui finalement occupe les trois quarts du morceau, avant d'enfin se réveiller dans une sorte de Hardcore pesant et poisseux. Tout ça pour repartir en vrille juste après sous les coups d'impulsion de blasts furieux, mais loin d'être de simples fouteurs de merde, on peut sentir en sous couche une réelle volonté d'aller plus loin que le boucan de base pour travailler des ambiances délétères. Avec un son très grave et très gras, ils mènent leur barque sur un peu moins de la moitié du split, mais laissent une impression durable dans la mémoire grâce à leur approche libre et singulière du Grind/Fastcore.
Deux groupes, des points communs, des différences. Du Fastcore, du Harsh Noise parfois, du Fastcore, Powerviolence, en gros, deux noms à retenir pour tous les amoureux du boucan qui fait saigner les dents mais qui reste intelligent.
Jetez vous sur cette sortie Dead Tank Records, car ces deux groupes, loin d'être anecdotiques, ont beaucoup à dire, et collaborent même mutuellement sur un titre du répertoire de l'autre. En plus, ils se rendent la politesse et prouvent qu'ils ont de l'éducation.
Sur ce, je vais me cacher avant de bronzer. Bon samedi, et qu'il soit placé sous le signe du bruit !
Ajouté : Jeudi 03 Mars 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Bleed The Pigs Website Hits: 7750
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