THE WITCH WAS RIGHT (usa) - The Stone (2015)
Label : Black Flamingo
Sortie du Scud : août 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Indus EBM Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 45 Mins
THE WITCH WAS RIGHT laisse planer pas mal de mystère autour de lui, même si l'on sait que c'est plus ou moins le projet d'un seul homme, Trevor Friedrich, ex COMBICHRIST et pas mal d'autres featuring. L'homme est discret, et préfère se concentrer sur ses nombreuses passions, l'art, l'audiovisuel, la photographie, et accessoirement, la musique.
Après un premier effort éponyme paru en 2012, TWWR a sorti un premier album, The Red Horse en 2013, relativement acclamé par la critique, et s'est constitué un bon following de fans avides d'opacité et d'aura, et de ce côté là, ils sont plutôt servis car l'homme est avare en informations.
Au début, on retrouvait dans les rangs de ce projet plusieurs noms connus de la scène arty Californienne, dont les plus fameux restaient Lisa Marx, et Abbey Nex, mais depuis, le ménage a été fait, et il semblerait qu'outre Trevor, on ne retrouve plus guère que Jarred Warren et Alex Rodriguez dans le costume de la sorcière.
Si vous êtes fan de COMBICHRIST, vous savez d'ors et déjà quel sera le style proposé par The Stone, qui pendant un long moment est resté en gestation. Il est vrai que Friedrich a distillé les éléments au compte goutte, révélant de ci de là un court métrage de présentation, ou le morceau d'ouverture "T.O.a.D." en avant première. Cette technique n'était elle qu'un gimmick de com' pour faire saliver ses fans, ou bien le projet a il stagné plus longtemps que prévu ?
Tout ce que l'on sait, c'est qu'il a formé cette entité pour regrouper en un seul ensemble toutes les facettes de son art, fatigué par les labels, le management, et la dispersion, peu propice à la créativité. Mais la question du jour n'est pas là, mais plutôt de s'interroger sur le contenu de ce second album, pour savoir si la sorcière de Salem après avoir lâché son cheval rouge en guise de vengeance connaît un sort moins funeste que ne le laissait présager son procès.
A savoir maintenant si la musique développée ici adopte son point de vue interne ou celui des évènements auxquels elle doit faire face. Si cette dernière option est la bonne, la pauvre doit connaître des jours agités, et relativement sombres. On connaît la passion de Trevor pour tout ce qui est obscur, et il le prouve une fois de plus avec ces douze pistes qui passent en revue tout le côté sombre de l'Indus, de l'EBM, et du Darkwave option dansant et robotique.
Pas de réelle surprise niveau musical, l'affaire est entendue. La bande instrumentale est relativement dominée par des thématiques déjà développées par FRONTLINE ASSEMBLY, SKINNY PUPPY et toute la vague Dark Indus/EBM des années 90, avec toutefois un joli crossover entre les deux, adoptant les riffs abrasifs et froid des premiers, pour les intégrer au contexte plus léger et viscéralement dansant des seconds. Mais THE WITCH WAS RIGHT via son vecteur Friedrich se laisse aussi aller à des choses plus risquées et remarquables, comme cette superbe reprise totalement onirique et éthérée du "Nights In White Satin" des MOODY BLUES, avec son chant en volutes et ses arrangements noyés en arrière plan, accentuant le rêve d'origine raconté dans la version originale. Choeurs désincarnés, guitare sobre, beat analogique plombé, et solo repris presque à la lettre, c'est un petit bijou en forme d'hommage qui donne une grande valeur à l'ensemble par extension.
Mais ses propres compos ne sont pas en reste, et la longue suite finale "The Stone", en quatre parties de presque un quart d'heure le prouve avec brio.
Tout commence comme une digression futée sur les abordages 80's de KILLING JOKE, avec tapis de rythmiques électroniques, avant que le chant parlé n'intervienne en un discours scandé énergiquement, et il n'est pas difficile d'imaginer l'impact de cette première partie sur les dancefloor de boite alternatives et fetish. Mais les choses se compliquent lorsque "The Stone II" préfère développer en grande partie des boucles rugueuses sur fond de samples aux voix graves, qu'une batterie tribale ne vient interrompre que de manière éparse. La troisième partie se veut plus abrasive, et le chant se répand en hurlements stridents sur des nappes de synthé à peine soutenues pas quelques patterns sobres. On pense à un MINISTRY des mid 80's, toujours au JOKE bien sur, alors que la quatrième partie revient dans le giron incandescent des FRONTLINE avec son gros riff redondant et son mid tempo appuyé, qui apporte un regain d'énergie à ce final. Pas aussi vindicatif qu'un BILE, mais plus vénéneux qu'un PUPPY, cette suite est réellement envoûtante, et passe en revue toutes les possibilités des styles que Trevor affectionne, pour concocter en tableau en quatre parties relativement homogène et prenant. D'ailleurs, les quelques secondes finales se permettent même une citation plus ou moins directe à KMFDM, avec une rythmique qui s'envole de façon épileptique.
Mais les pistes individuelles n'en sont pas pour autant anecdotiques, et je concède même un penchant certain pour le progressif "The Welcome" et ses choeurs fantomatiques, son chant étouffé, et son beat plombé, "Hidden Place" et son riff sobre découpé en petites parties, sa progression toute en tension larvée, et ses touches mélodiques éparses.
"House Of Glass" malgré ses stridences irritantes reste aussi un bon moment, avec une fois de plus des samples bien choisis, sa rythmique numérique qui balance des parties en double métronomiques, et sa cassure soudaine qui rappelle les REVOLTING COCKS et MINISTRY.
En dehors de ça, quelques intermèdes bruitistes viennent régulièrement interrompre le déroulé de l'album, comme "Over The Eye", placé très tôt qui n'est qu'un drone évolutif finissant sur des inflexions à la LUSTMORD/LAIBACH de début de carrière, ou le lapidaire "Lewd", qui n'est que bruits blancs et mats, et se souvient de la provocation ultime de Lou Reed sur Metal Machine Music.
Pour son deuxième effort, THE WITCH WAS RIGHT frappe fort, danse avec énergie, et ne nous lèse aucunement avec son EBM Indus de première qualité, qui bien sur n'a que de très lointains rapports la plupart du temps avec l'Indus Metal que l'on retrouve parfois dans nos colonnes. Sans établir de comparaison douteuse, les références ayant déjà été citées, il est fort possible que les plus "Hard" d'entre vous n'y comprennent pas grand chose, et rejettent le projet dans son ensemble, mais si ce style musical vous parle, alors The Stone risque de trôner dans votre CDthèque en bonne place. Album intelligent, agressivité dosée, groove synthétique implacable, c'est une façon de voir les choses appréciable, et adroitement mise en sons. Quant à connaître l'avenir de notre sorcière... Seul Trevor le sait.
Ajouté : Vendredi 18 Mars 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: The Witch Was Right Website Hits: 5914
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