Si on devait illustrer chaque album de BLACK SABBATH par un proverbe, pour Seventh Star, on pourrait dire "un léopard ne peut pas se débarrasser de ses tâches". Autrement dit, quand Tony Iommi décide de monter un projet solo, il n'arrive pas à se débarrasser de BLACK SABBATH, même à son corps défendant.

Après un début de décennie éprouvant marqué par l'éviction d'Ozzy, le renvoi de Ronnie Dio, le projet orphelin avec Ian Gillian, le départ de Bill Ward puis de Geezer Butler, Tony Iommi met BLACK SABBATH en veille pour concrétiser un projet solo qui lui tient à coeur depuis quelques années. L'idée de départ de réunir plusieurs voix du Metal sur son disque est rapidement abandonnée. Les frontmen approchés sont tous occupés par leur propre groupe et seul Glenn Hugues répond à l'appel. Les premières sessions avec la voix du rock sont si concluantes que Tony Iommi décide de faire tout le disque avec le bassiste à la voix d'or. Pour compléter le line-up, le guitariste recrute Eric Singer (LITA FORD) et Dave Spitz (WITHE LION). L'album est enregistré pendant l'été 1985 et sort en janvier 1986 mais entre temps, Warner Bros / Vertigo qui ne mise pas un caramel dans un projet solo de Tony Iommi l'a convaincu de faire de Seventh Star un album de BLACK SABBATH. Mais puisqu'il partait d'un projet solo, Tony Iommi choisit d'attribuer le disque à un fumeux BLACK SABBATH feat. Tony Iommi. C'est un bricolage paradoxal consistant à considérer l'homme en noir comme un guest de son propre groupe, dans une configuration où il en est l'unique membre originel, comme l'atteste la photographie de couverture où il pose tout seul, moustache en berne et ensemble cuir très 80' dans un paysage désertique et crépusculaire. Ce tour de passe-passe ne contribue pas à rassurer les fans qui ne comprennent pas vraiment à quoi ils ont affaire.

Si l'on met de côté la querelle d'arrière garde consistant à se demander si Seventh Star est un album officiel de BLACK SABBATH ou un apocryphe ; si l'on se contente de l'écouter, on réalise qu'a une nouvelle fois affaire à un pur joyau de Metal aux reflets complexes. Car si BLACK SABBATH a du mal à stabiliser son line-up, les voix qui succèdent à Ozzy sont toutes d'excellente facture : Ronnie Dio, Ian Gillian, Tony Martin et dans le cas présent Glenn Hugues sont tous parvenus à respecter l'intention du groupe tout en lui donnant une couleur vocale typée personnelle et immédiatement reconnaissable.

Seventh Star est un album d'un Heavy Metal puissant quoiqu'un peu moins lourd que le son habituel du SAB. Une partie des chansons ont pour thématique les mythes de l'Egypte antique auxquels le guitariste fait référence à la fois dans les mélodies et dans les textes coécrits par Tony Iommi, Glenn Hugues, Geoff Nichols et Jeff Glixman. L'enragé "In for the kill" raconte le destin d'un guerrier prêt à mourir pour son roi, "Turn to stone", celui d'une sorcière apportant la désolation tandis que l'envoûtant "Seventh Star" décrit la chute de l'ancienne Egypte. Mais l'album réserve d'autres excellentes surprises dans un registre plus contemporain, comme la Power ballade "No Stranger to love" et le Heavy Blues "Heart Like a Wheel", porté par une partie de guitare épique qui explose dans l'un des plus beaux solo de guitare enregistré sur un album du sabbat noir.

Qu'on le considère ou non comme faisant partie de la discographie officielle du groupe, Seventh Star est un disque qu'on se doit d'écouter quand on apprécie les créations de Tony Iommi. Certes, le choix du label de raccrocher ce projet à BLACK SABBATH était artistiquement discutable (quoique), mais il nous permet aujourd'hui de toujours pouvoir savourer cette parenthèse dans la carrière de Tony Iommi au sein de BLACK SABBATH, un groupe qui n'a jamais existé sans son guitariste.