PRIEST (usa) - Rust And Grief (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 3 octobre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Crust Hardcore
Type : EP
Playtime : 5 Titres - 16 Mins
On ne va pas chercher la complication là où elle n'est pas. Mais on ne va pas non plus simplifier à outrance lorsque ça n'a pas lieu d'être.
Entre deux chemins, lequel est celui à emprunter ?
Et si nous restions au milieu voir ce qui se passe ?
C'est un peu le genre de réflexion que pourraient tenir Jeremy Steele et Bobby Ruffule, les deux têtes pensantes de PRIEST, qui n'a ni la robe, ni la collerette, mais bien la bible d'un Crust Hardcore qui navigue entre plusieurs eaux, et dont les sermons ne sont pas vraiment clairs.
Utica, état de New York. Genre soixante mille habitants, un patelin comme un autre. Et à part signaler que ce fut la terre d'asile des Mohawk au dix huitième siècle, pas grand chose à dire. Est ce l'esprit ancestral des tribus indiennes qui a guidé l'inspiration libre de ce duo assez éclectique ?
Possible, mais je les vois mal invoquer les esprits pour implorer leur clémence.
De clémence, ils n'ont pas besoin, d'influences si. Ils citent volontiers CONVERGE, BOTCH, GAZA, CULT LEADER, COILGUNS, ENGINEER, BAPTISTS, CODE ORANGE, FULL OF HELL, MASTODON, et certains noms sont assez pertinents d'ailleurs. Si vous connaissez ma plume, j'ai déjà abordé certains cas dans ces colonnes, et d'autres pourraient se rajouter à cette liste, comme TRAP THEM ou DIVIDER, mais à dire vrai, chercher à tout prix comparaison ne serait pas rendre justice à ce duo qui se débrouille très bien par ses propres moyens.
En tombant sur cet EP sur mon VK favori, comprenez celui consacré au Mathcore, j'avais un peu peur d'un résultat stérile et cent fois entendu.
Si l'originalité n'est pas forcément évidente à la première écoute, ce maelstrom d'idées finit par convaincre de son identité au fur et à mesure, et s'insinue dans votre cerveau comme un cancer d'idées.
De Mathcore, il n'est point question ici. Même si la complexité des structures peut à la rigueur y faire penser, Rust And Grief s'appréhende plus comme un gigantesque coup de poing, une attaque sonique, mais légèrement de biais, pour surprendre et causer plus de dommages. Du Math, les PRIEST n'ont retenu que l'utilisation de la technique appliquée à une force de frappe puissante, mais ont surtout puisé dans le Crust et le Hardcore légèrement teinté de Grind leur essence, ce qui rend ces cinq titres efficaces au possible, très heurtés parfois, mais toujours efficients.
Ca commence d'ailleurs sans prévenir avec "Wretched Hand", gros pavé Crust limite D-Beat Grind qui détale comme un lapin enragé, en partant un peu de tous les côtés. Son épais et massif, blasts, dissonances, mais aussi riffs francs et gras, le groupe ne prend pas de gants et frappe le premier. Souvent très rapide, mais aussi lourd, avec une batterie qui ne lésine pas sur la frappe versatile, et qui semble en représentation permanente. En un seul morceau, le duo aligne les idées et les lie entre elles avec une fluidité stupéfiante, en un ballet Chaotic Hardcore qui dévie souvent de sa trajectoire.
"White Death" ne calme en rien le jeu, et se rapproche même d'un Math Grind essoufflé, avec une fois de plus une structure de base qui autorise toutes les digressions. La basse se veut grondante et ample, le chant sort du thorax dans une expiration étouffante, et "Siblings" en est d'ailleurs son jumeau presque parfait, avec quelques allusions discrètes au Hardcore 80's.
On flotte parfois à la surface d'un Induscore subtil, et l'ensemble se veut vraiment méchant et hargneux.
Les deux derniers morceaux se veulent tout aussi venimeux mais se laissent aller à des discours plus longs et plus appuyés, sans pour autant dévier de cette ligne de conduite consistant à appuyer systématiquement là où ça fait mal.
On retrouve les embardées Grind/Math, mais les passages lourds et lents sont plus étayés, même si la guitare semble partir en roue libre plus régulièrement. Petits motifs aigus en bas de manche, déliés à la UNSANE/BOTCH, qui trouvent d'ailleurs une certaine contradiction absolue dans l'instrumental final "Nothing", qui tombe dans un Post Hardcore Ambient à la limite de l'Indus Dark.
Cette fois-ci, PRIEST se présente sous une forme plus monolithique, comme s'ils désiraient ardemment laisser une emprunte sombre dans la mémoire de l'auditeur. Aucune variation, mais une grosse amplification progressive des sons, pour aboutir à un climax assourdissant de distorsion et de feedback, un peu à la NAPALM/NEUROSIS...
Quelque chose est né du côté d'Utica, sans vraiment que l'on sache quoi. Une hydre à deux têtes, qui refuse de choisir entre deux opinions, et qui laisse chaque côté parler comme bon lui semble. Mais cette chose bicéphale semble avoir trouvé un terrain d'entente, en vociférant comme deux beaux diables, unis dans un désir de déconstruire le Hardcore pour le rebâtir sur des fondations technico-Crust.
Trouveront ils écho dans les esprits des anciens ? Pas sur pourtant que Rust And Grief, de rouille et de colère, ne suggère une réponse claire...
Ajouté : Jeudi 25 Août 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Priest Website Hits: 6992
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