En véritables Tayloristes du Metal, les durs à cuire de PRIMAL FEAR n'ont toujours pas baissé le pied et restent fidèles à leur fréquence habituelle : ainsi, 2 ans après un Rulebreaker dont la qualité a surpris tout le monde, paraît leur douzième album (déjà !) intitulé Apocalypse. Et si il y a bien quelque chose qu'on ne pourra jamais reprocher à PRIMAL FEAR, c'est d'avoir trompé ses fans. Pour ceux qui débarquent, PRIMAL FEAR, c'est l'alliance évidente entre un chanteur (Ralf Scheepers) qui voulait succéder à Rob Halford dans JUDAS PRIEST et un bassiste (Mat Sinner) dont le groupe initial (SINNER) battait de l'aile. Pour le résultat que les autres connaissent par coeur : un mélange de Heavy et de Power Metal, comme si ACCEPT, GAMMA RAY et JUDAS PRIEST avaient enfanté un rejeton dévoué corps et âme au Metal lourd.

Et Apocalypse ne déroge pas à cette règle. Point de surprise ici, ça riffe dur, ça martèle sévère (le batteur Francisco Jovino a parfaitement réussi son intégration), le trio de gratteux (Alex Beyrodt / Magnus Karlsson / Tom Naumann) se partage ces soli toujours aussi efficaces (la notion de "lead guitar" prend tout son sens sur "Hail To The Fear"), et Ralf Scheepers maîtrise à la perfection son registre "halfordien". PRIMAL FEAR a trouvé sa formule idéale en matière de composition, puisque le trio Sinner / Karlsson / Scheepers se charge de tout (et c'est Jacob Hansen qui mixe l'album produit par... Mat Sinner), sauf sur "The Ritual" où Naumann parvient à imposer sa griffe.

Ce que l'on observe depuis Unbreakable (2012) est également valable pour Apocalypse. Lorsqu'ils officient dans un style brut de fonderie, les gars de PRIMAL FEAR semblent tomber dans une certaine facilité. Pour être franc, ça sonne trop prévisible ("New Rise", "Blood, Sweat And Fear"), trop brutal et sans nuance ("The Ritual"). En général, c'est le genre de morceau qui sera sauvé par une envolée guitaristique remarquable ("Blood, Sweat And Fear"). Depuis quelques temps maintenant, l'Aigle ne prend réellement son envol que lorsque la mélodie est étudiée et séduisante. En tête, les mid-tempo que sont "Hounds Of Justice", "King Of Madness" ou "Hail To The Fear" : des chansons où s'additionnent riffs bien carrés, guitares omniprésentes, et refrains qui attirent l'oreille. "Supernova" pousse le bouchon encore plus loin et c'est une franche réussite, car ce genre d'émotions, on ne croyait pas PRIMAL FEAR capable d'en susciter. Et avec un Scheepers au top, ça aide...

Le frontman à la musculature imposante aurait pu s'illustrer encore plus sur le désormais incontournable titre plus "progressif" de l'album. Sans être dégueulasse, "Eye Of The Storm" ne parviendra pas à se hisser au niveau d'un "We Walk Without Fear" (Rulebreaker), en dépit de ses cloches et de ses claviers trop empruntés au Metal symphonique (PRIMAL FEAR ne peut pas être EPICA ou NIGHTWISH, il faudra que Ralf et Mat se mettent ça dans le crâne). Bon, une fois encore, les six-cordistes cassent la baraque, alors que dire ?

Que dire, qui n'a pas déjà été dit au sujet de PRIMAL FEAR ? Apocalypse reste un album solide, or il devient difficile, au fil des années, de chroniquer un nouvel album du combo allemand, sans avoir le sentiment de se répéter. Reste que PRIMAL FEAR, une fois Apocalypse sorti, a signé un nouveau contrat avec le label Nuclear Blast (dont il avait été évincé il y a quelques années). Une sorte de retour au bercail, en fait.

Discographie Complète de PRIMAL FEAR :
Primal Fear (Album - 1998), Jaws Of Death (Album - 1999), Nuclear Fire (Album - 2001), Horrorscope (EP - 2002), Black Sun (Album - 2002), The History Of Fear (DVD - 2003), Devil's Ground (Album - 2004), Seven Seals (Album - 2005), New Religion (Album - 2007), 16.6 (Before The Devil Knows You're Dead) (Album - 2009), Unbreakable (Album - 2012), Delivering The Black (Album - 2014), Delivering The Black (Album - 2016), Apocalypse (Album - 2018)
Metal Impact Bonus :
Mat Sinner (ITW - Avril-2004), Tom Naumann (ITW - Déc-2005)