MORTUARY (FRA) - Alexis et Patrick (Mai-2003)
Les maîtres Français du Brutal Death Thrash sont de retour cinq ans après la sortie d'"Eradicate". Leur nouvel album "Agony In Red" est un pur joyau de brutalité qui, à n'en pas douté devrait ravir les amateurs. Alexis Baudin, s'est chargé de répondre aux questions de Metal Impact avant que Patrick Germonville ne détails les textes, titre par titre. Stay Brutal.
Line-up : Patrick Germonville (chant), Alexis Baudin (guitares), Jean-Noël Verbecq (basse), Dirk Verbeuren (batterie)
Discographie : Hazards Of Creation (1996), Eradicate (1997), Agony In Red (2003)
Metal Impact. Lors de notre précédente rencontre, Agony In Red était en partie finalisé mais vous n'aviez pas de label, comment avez vous signé chez Anvil Corp ?
Alexis. Mortuary est né en 1989, c'est Jean-Noël, Gilles maintenant chez Depraved et moi qui sommes à l'origine du groupe. On a fait trois démos, un album auto produit, ensuite on a signé chez Thunder Production, où "Eradicate" a vu le jour. Nous avons connu pas mal de changements de personnel. Dirk de Scarve est venu nous filer un coup de main et Christophe est arrivé il y a trois ans. Ce n'est pas tout à fait chronologique mais tu as les grandes lignes. Nous avons été contactés par Pavement Records, un label américain qui a repressé "Eradicate" et l'a distribué. Du moins c'est ce qu'ils nous ont dit, on n'a pas trop de confirmation. Ensuite, il y a eu le black out total, une météorite est tombée sur la Terre et il n'existait plus rien de nous. Nous sommes que des hologrammes. Nous avons eu une période de flottement puis nous nous sommes remis à composer pour le nouvel album "Agony In Red". Ce dernier est enregistré, mixé, masterisé, la pochette est prête mais il manque le truc essentiel : un label...
MI. Le line-up semblait stabilisé depuis un certain temps, que s'est-il passé avec Christophe Touly et peux-tu nous présenter le nouveau guitariste ?
Alexis. Le line-up qui se présente sur l'album était excellent mais quelques problèmes internes nous ont contraint à virer Christophe. Comme personne n'est irremplaçable, nous sommes actuellement à la recherche d'un nouveau guitariste.
MI. Revenons à l'album, est-ce que tous les problèmes que vous avez rencontré ont joué dans le processus de composition ?
Alexis. C'est vrai, on peut dire que l'on a su dompter la haine. Quand tu pèses la rage qui se dégage de cet album, tu peux te rendre compte du poids des galéres qui nous sont tombés sur le dos depuis "Eradicate". S'il faut positiver, on peut dire que toutes ces merdes étaient des atouts.
MI. Vous avez repris une chanson de Scorpions "Dynamite" qui œuvre dans un style différent du votre, pourquoi ? Etait-ce trop prévisible de reprendre un groupe qui correspond plus à votre style ?
Alexis. "Black Out" était à l'époque un bon coup de pied dans le cul. Cela nous a bien éclaté de la jouer à notre sauce dans le contexte actuel. C'était parti d'un délire à la base. On aime aussi faire des reprises de groupes Metal sur scène.
MI. Alain Aimé, ex-guitariste de "Fisc" joue sur votre reprise de Scorpions, comment s'est faite cette collaboration ?
Alexis. Nous connaissons Alain depuis longtemps, c'est un putain de gratteux et quelqu'un d'humainement très intéressant. Nous étions sur que cela allait lui faire plaisir de rebrancher sa Strat et éclater des décibels avec nous.
MI. Quels sont vos projets à l'heure actuelle ?
Alexis. Nous allons reprendre les concerts à la rentrée, souhaiter que l'album se vende et surtout continuer à composer! Avancer!
MI. Votre album à été bien accueilli par l'ensemble de la presse, quelle est votre impression en ce moment ?
Alexis. Pour l'instant les échos sont très positif. Des mecs qui connaissent les groupes depuis longtemps renouent contact et nous saluent, ça fait plaisir. La pire des critiques que l'on ait pu entendre pour l'instant est que la conception musicale est trop violente, ce qui est déjà une bonne critique.
MI. Par manque de temps vous avez délaissé certains vieux titres comme par exemple "Mummified For Eternity", pensez-vous en rejouez sur scène dans le futur ?
Alexis. J'adore ce morceau, l'intro est formidable. L'idée de le reprendre m'a déjà traversé l'esprit, un jour je balancerai les riffs en répète. Nous savons qu'il ne faut pas délaisser tous les vieux morceaux car certains viennent nous voir en concert et son fans depuis les démos. C'est la deuxième fois que l'on me demande ce qu'est devenu ce morceau.
MI. Sur "Agony In Red", l'excellent "Fifteen Minutes" se démarque de votre style habituel, vouliez vous explorer de nouveaux horizons avec ce titre ou vouliez-vous démontrer que brutal ne rime pas uniquement avec bourrin ?
Alexis. Nous ne nous sommes pas posés de questions, comme d'habitude, Jean-No a apporté une ligne de basse et petit à petit le reste s'est greffé autour. D'ailleurs, nous étions très surpris lorsque nous avons écouté le résultat final en studio. Il n'y a pas de recettes pour le "brutal". Laissez juste parler les tripes.
MI. Patrick, peux-tu nous dire quels sont les sujets abordés dans Agony In Red ?
Patrick. Agony In Red débute avec "Negative" ; ancrée dans nos esprits, une conscience devenue démente et incontrôlable, que l'on ne peut prévoir. Notre crâne est devenu son aire de jeu meurtrière. Elle ordonne, nous agissons.
"Another Land To Conquer" est un parallèle entre notre monde et celui des insectes dont nous avons tant à apprendre. Une organisation sociale où l'entraide est omniprésente. Leur méthode de communication, basée sur un échange d'hormones olfactives libérées dans l'espace pourrait certainement nous ouvrir de nouvelles portes. Au lieu de nous terrer derrière une nouvelle technologie de communication où le contact tactile est banni (internet, mobile, télévision,…). Réagissons et utilisons nos sens, combinons les afin d'offrir de nouvelles possibilités d'échanges avec l'autre.
Une nouvelle de Stephen King sert de base à "Elimination". L'histoire d'une marche sans fin où chaque abandon est synonyme d'exécution. La recherche incessante de soi, la cupidité et l'égoïsme accompagnent les participants tout au long de ce périple jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un.
Le titre de l'album "Agony In Red" est le portrait d'un peintre en mal de créativité qui, sous l'emprise de puissants narcotiques, sombres dans la folie la plus totale. Au stade ultime, il crée un univers oppressant, dominé par la couleur rouge qu'il puise dans son propre sang.
"Carnival Of The Lost Souls" est un regard sur le Jugement Dernier, célèbre peinture de Jérôme BOESCH, l'un des plus grands peintres de l'école flamande. L'éternel lutte entre le bien et le mal dans un univers hypnotique et glauque.
"Calvary" où l'impitoyable atmosphères des centres de détentions pour personne à déficience mentale. Des gens que l'on enferme et que l'on oublie pour ne plus se soucier de leur état et leur devenir.
"Exit" est une fable sur notre société où la morale pourrait être qu'a force d'agresser notre environnement, la prochaine espèce à disparaître pourrait bien être la notre.
Un esprit sain qui se déconnecte 15 minutes, et la vie d'un individu normal et sans histoire bascule dans la sauvagerie meurtrière sans qu'il ne soit conscient. Le réveil est brutal. L'acte est inexplicable, "Fifteen Minutes" traite de cette infime frontière qui nous sépare de la démence. En ce qui concerne ce titre, l'idée principale a été trouvé par ma femme Claudie. Nous avons ensuite travaillé sur l'écriture et l'élaboration des différentes parties du texte pour apporter cette ambiance froide et glauque. Le rythme musicale et la façon d'écrire confère au morceau un aspect inédit et inconnu du groupe.
Abrutis par tout ce que nous voyons et entendons, nous ne nous rendons plus compte que nous sommes victimes d'un gigantesque lavage de cerveau à l'échelle planétaire. Nous avalons tout ce que l'on voit sans réfléchir. Nous sommes devenus des larves de l'audimat, absorbés par les images violents qui vomissent de l'écran, c'est l'enfer de "Televiolence".
"As I Lie Dying" où l'histoire d'un homme totalement paralysé, dont le seul moyen de communication est le battement des cils. Que se cache-t-il à l'intérieur de ce corps immobile ? Des émotions, des craintes et des espoirs qu'il ne peut faire passer ou partager avec les gens qui l'entourent. L'amour d'un proche l'aidera à survivre quelque temps, avant que le destin ne surgisse pour l'emporter vers une agonie certaine.
MI. Patrick, tu as un point commun avec Nile, ta passion pour l'Egypte Ancienne, celle-ci est-elle toujours aussi vivace et que penses-tu de Nile ?
Patrick. Il est vrai que je suis toujours branché par l'histoire de l'Egypte ancienne et surtout le Livre Des Morts. Sur "Agony In Red", il n'y a pas de textes inspirés par l'Egypte ancienne, même si j'avais quelques idées. Cela n'exclut pas qu'a l'avenir, je puisses donner une suite à "Mummified For Eternity" ou "A Step Towards Amenta". Pour faire une transition avec ton autre question, le souci actuel est qu'un groupe comme Nile a repoussé très loin les bases du concept album voire du concept groupe. Nile s'est pratiquement tout accaparé : les textes anciens, l'ambiance des rituels ou des chants incantatoires, la maîtrise d'instruments anciens, l'osmose entre leur rythmiques brutales et toutes les sonorités orientales. Leur musique est baigné d'une aura grandiose. Nile ne fait pas les choses à moitié, c'est toute leur musique et leur image qui est dédié à l'Egypte. On sent dans leurs albums, un travail de recherche énorme et une mise en place efficace, qui en font presque un groupe à part. Un référence absolue. Comme tu le comprends, il est alors délicat pour un autre groupe de créer un univers similaire sans tomber dans le plagiat.
MI. C'est le moment de conclure, le mot de la fin est donc pour vous…
Alexis. On voudrait remercier tous ceux qui nous soutiennent et partagent la même passion. On attend avec impatience les concerts, le temps de rassembler les fous de "brutal" et s'éclater les esgourdes ensemble.
Le mot de la fin… Protégez-vous!
Ajouté : Vendredi 23 Mai 2003 Intervieweur : Lord Natas Lien en relation: Mortuary Website Hits: 19607
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