DEFICIENCY (FRA) - Laurent Gisonna (Avril-2017)
Prodigal Child, le deuxième opus de DEFICIENCY avait été une véritable bombe dans le paysage métallique Hexagonal et avait séduit un bon nombre de métalleux. En très peu de temps, nos mosellans ont su s'imposer comme une valeur sûre du Metal. Les bougres ont par la suite écumés les scènes française et européenne pour défendre cet enfant prodige qui ne demandait qu'à s'épanouir devant un public de plus en plus nombreux. La formation se verra même amené à ouvrir pour des pointures internationales comme TESTAMENT ou MACHINE HEAD pour n'en citer que quelques-unes. Un rêve devenu réalité pour nos frenchies qui n'ont jamais reniés leurs influences et distillés au gré des morceaux un Thrash des plus efficaces capable de vous exploser les neurones en un temps record. Quatre ans après, revoici le gang quelque peu remanié (départ de Anthony Thomas remplacé par Thomas Das Neves) et de retour avec son troisième méfait : The Dawn Of the Consciouness. Une fois de plus, Laurent Gisonna et ses acolytes ont choisi de développer un concept ambitieux qui s'avère être la suite logique de Prodigal Child qui traitait de l'origine et du devenir de l'humanité. Cette fois-ci l'homme se voit offrir une seconde chance après que le monde a sombré dans un chaos total. Il va devoir se remettre en question pour ne pas retomber dans les mêmes travers qui l'on conduit à sa perte et à l'anéantissement de l'humanité. Un vaste sujet passionnant développé sur dix titres et qui nous fait voyager à travers diverses émotions primitives comme la tristesse, la colère ou le dégout. Un voyage à travers l'aspect le plus noire de la race humaine, de quoi vous faire frissonner d'angoisse. Fort de la bonne expérience que le combo a vécue au Dôme Studio précédemment, nos lascars ont choisi de retravailler avec David Potvin (LYZANXIA, ONE WAY MIRROR, T.A.N.K.). Ils sont restés fidèles à l'adage : on ne change pas une équipe qui gagne. La réussite s'avère à hauteur de nos espérances et DEFICIENCY a relevé haut la main le défi du troisième album en nous délivrant un Death teinté de Thrash très technique qui s'avère d'une redoutable efficacité. Sans conteste les bougres confirment tout le bien que l'on pensait d'eux et passent aisément le cap du sacro-saint album de la maturité. DEFICIENCY s'apprête à marcher dans les traces de ses maitres incontestés METALLICA et MEGADETH grâce à leur Thrash résolument moderne développé tout au long de The Dawn Of the Consciousness. Il n'en fallait pas plus pour que l'inspecteur gadget s'en aille quérir des nouvelles auprès du maitre à penser de la machine DEFICIENCY : Laurent Gisonna. Un entretien fleuve placé sous le signe de la détente avec un musicien très fier de sa nouvelle progéniture qui ne laisse rien au hasard quant à la destinée du petit nouveau. Une volonté affichée d'aller encore plus haut ! Magnéto Laurent, c'est à toi.
Line-up : Laurent Gisonna (guitare solo/chant), Jérôme Meichelbeck (guitare rythmique), Thomas Das Neves (batterie), Vianney Habert (basse)
Discographie : State Of Disillusion (2011), The Prodigal Child (2013), The Dawn Of Consciousness (2017)
M-I Interviews du groupe : Laurent Gisonna, Jérôme Meichelbeck et Vianney Habert (Déc-2013), Laurent Gisonna (Avril-2017)
Metal-Impact. Bonjour Laurent, peux-tu nous faire un bref rappel autour de la naissance du groupe ?
Laurent Gisonna. DEFICIENCY s'est formé en 2008 en Lorraine, on est née sur les cendres d'une autre formation qui existait auparavant et dont je suis le seul rescapé. C'est un nouveau projet, on a changé de style ainsi que de nom et on a sorti deux albums.
MI. Comment s'est déroulée cette journée de promotion ?
Laurent. Ecoute cela s'est très bien passé. J'ai envie de dire, comme d'habitude avec Replica Promotion ! Le travail est très bien fait. Les chroniqueurs qui se sont déplacés avaient bien bossé leur truc et cela fait plaisir. C'était une journée très dense comme tu peux l'imaginer. On a enchainé les interviews les unes après les autres. C'était une bonne expérience, on est très content d'avoir pu le faire.
MI. Vous avez fêté la sortie de Dawn Of Consciousness le 1 avril 2017 à St Avold en Moselle, c'est un bon souvenir ?
Laurent. On avait vraiment à coeur d'organiser cette fête dans notre région, devant notre Public et nos plus fidèles supporters qui nous suivent depuis des années. C'était top, on a tout organisé nous-mêmes donc il y a eu beaucoup de fatigue et de stress. Mais derrière, le public a répondu présent et on s'est donné comme jamais sur scène. On a pu choisir les groupes qui assuraient notre première partie. DAWNBREATH et OPHIDIAN SPELL nous ont fait le plaisir d'ouvrir pour nous, ce sont des potes. On a eu un super retour, c'est une expérience à vivre pour célébrer une sortie d'album.
MI. Vous avez ensuite enchainé avec deux concerts, un à Schiltigheim (67) et l'autre à Ungersheim (68) !
Laurent. Oui, c'est à coté de Mulhouse. On écume le nouveau set sur la scène. C'est les premières fois que l'on joue les nouveaux titres en live. On se sent de mieux en mieux avec la nouvelle setlist et au fur et à mesure des dates on sera de plus en plus efficace. Le retour du public est sympa, on va continuer dans ce sens-là. Le but du jeu, c'est de jouer les nouveaux titres sur scène. C'est pour cela que l'on fait de la musique.
MI. Comment s'est déroulée l'écriture des nouveaux morceaux ?
Laurent. On a procédé comme d'habitude. La plupart des titres ont été composé par moi ensuite chacun apporte sa petite touche, ses idées. On finalise toujours les chansons ensembles à quatre. On a eu un peu de pression parce que souvent le troisième opus est considéré comme celui de la maturité entre guillemets. C'est celui qu'il ne faut pas rater, c'est une sorte de tournant dans la carrière d'une formation. Quelque part c'est vrai car il y a pas mal de groupes arrivés au troisième qui on soit confirmé ou qui malheureusement n'ont pas réussi à perdurer dans cette dynamique. Nous en l'occurrence, on ne s'est pas posé plus de questions que cela. Au cours de la composition, il n'y a pas eu de pression malgré le fait que Prodigal Child ait été plutôt un beau succès. Derrière, il nous fallait faire aussi bien mais on s'est fait plaisir comme on avait envie de le faire. On a fait quelque chose de sincère. On n'a pas forcé le trait ni même les choses. Au final, le résultat est sur le disque et on en est très content.
MI. Est-ce que le fait d'avoir tourné intensivement a eu un impact sur l'écriture des nouveaux morceaux ?
Laurent. La scène c'est ce qui te fait progresser le plus. Tu as beau travailler chez toi ou en répétition, ce qui te forge le plus musicalement c'est l'expérience scénique. Lorsque tu es dans cette dynamique là, c'est vraiment ce qui te permet de progresser à tous les niveaux que ce soit techniquement ou bien en termes d'organisation et de préparation d'un concert. Tu apprends même à gérer l'après concert et ça grâce à la scène. Cela te permet d'évoluer et d'être à chaque fois meilleure. Mais je ne pense pas que cela ait eu un impact sur notre manière de composer. On distingue assez bien les deux moments celui où tu tournes et celui où tu défends le disque et tu travailles sur les titres. C'est pour cela que nous avons des périodes de travail assez longues. L'année dernière, nous avons refusé pas mal de concerts. On a levé le pied au niveau du live. Tu ne peux pas enregistrer et composer sereinement si le weekend tu dois assurer des shows. D'autant plus que pour nous la musique reste une grande passion c'est un à côté de la vie quotidienne. On n'a que le weekend pour s'y consacrer. De ce fait tu es pris par le temps et tu n'as pas le choix. On a bien scindé les deux moments afin de pouvoir se concentrer sur l'écriture et rendre quelque chose de bon.
MI. Je suppose que gérer la vie quotidienne, tourner et enregistrer avec DEFICIENCY ne doit pas être évident !
Laurent. Oui, ce n'est jamais facile. On est dans le cas de la majorité des formations françaises et même étrangère, on fait ça le weekend. Parfois on a aussi la possibilité de le faire d'autres jours. Mais voilà il y a les impondérables de la vie, la famille, le travail. Forcément, on prend sur notre temps libre parce qu'on est avant tout des passionnés et que l'on aime cela. Après il faut faire des choix, il y a des moments où tu tournes plus que d'autres car il y a la vie de famille et tout ce que tu dois gérer à côté. Il faut être présent pour tout le monde. Dans notre situation, tu ne peux pas faire ça tout le temps. Pour l'instant, nous avons toujours réussi à jongler avec les deux côtés. Cela se passe plutôt bien mais évidemment tu accumules de la fatigue et du stress dans les deux cas. Mais on arrive à s'en sortir comme ça. Tant mieux, pourvu que ça dure.
MI. Le nouveau concept est la suite logique de Prodigal Child !
Laurent. Oui totalement. On a eu cette idée de suivre la thématique engagée sur Prodigal Child et donner une suite à cette histoire. Cela s'est plutôt bien passé au niveau de l'écriture du concept. On voulait poursuivre dans cette lignée. L'album précédent s'intéressait à l'origine et au devenir de l'humanité. Maintenant que l'homme connait sa réelle origine, qu'il sait d'où il vient et où il a été créé, la question est de savoir comment il va faire face au travers du prisme de ses émotions instinctives ? Il faut comprendre comment l'homme réagit face à cette nouvelle réalité qu'il va devoir gérer.
MI. Pour élaborer tout ce concept, tu as travaillé avec Laurie Balthazar. Quel est son degré d'implication ?
Laurent. Tout d'abord, son premier rôle est d'être ma compagne ! Il y a aussi Noëlle Gisonna qui est ma soeur et qui joue de l'alto, c'est un instrument qui a une sonorité plus grave que le violon. Elle a joué pendant des années dans un orchestre symphonique. Je lui ai demandé de ressortir son alto pour l'occasion. Ça m'a plaisir de pouvoir la caler sur un morceau de DEFICIENCY (ndi: "The Post Knowledge Day"). Cela faisait longtemps que l'on en parlait et au final on l'a fait.
MI. Tu as élaboré le concept avec ta compagne Laurie !
Laurent. Oui effectivement. On est ensemble depuis très longtemps. On se connait depuis plus de dix ans maintenant. On a le même état d'esprit, on se pose des tas de questions que l'on vit au quotidien. Il est tout naturel pour nous d'en parler au fond. Du coup, elle met la main à la pâte sur le concept lorsqu'il faut donner un coup de pouce pour avancer sur l'histoire. Elle est toujours là pour m'épauler. J'ai besoin d'elle car il me faut tout gérer la musique, les paroles, les concerts, l'aspect visuel et le management du groupe. C'est un peu moi qui pilote le tout et forcément je ne peux pas avoir la tête partout. Heureusement qu'elle est là pour m'aider. Je ne suis pas seul, je bénéficie aussi de l'aide de mes petits camarades.
MI. Cette fois-ci vous n'avez rien changé, vous êtes partis au Dôme studio (David Potvin) pour enregistrer l'opus et vous avez travaillé avec Ludovic Cordelières (Rusalka Design) pour l'artwork !
Laurent. Oui, c'était vraiment notre volonté. On a décidé de collaborer avec la même équipe que sur le précédent album. Tout simplement parce que cela avait bien fonctionné que ce soit au niveau de la production en studio ou de l'aspect visuel qui avait été élaboré par Ludovic Cordelière ou encore de la réalisation des clips. On a voulu garder les mêmes personnes car cela s'était extrêmement bien passé, on avait une très bonne entente avec tout le monde. On avait aucune raison d'aller voir ailleurs et puis cela nous a permis d'arriver un peu plus serein, nous étions en terrain connus. C'était plus facile de se projeter en terme de projet en connaissant les personnes, leurs capacités et comment les prendre. C'était nettement plus simple pour nous. Et puis on a eu un changement de line-up et cela nous a beaucoup occupé l'esprit. De ce fait on a dû prendre plus de temps pour cet opus. Donc cela nous a soulagé l'esprit. Cela aurait été différent si on avait travaillé avec d'autres personnes.
MI. Que vous apporté David Potvin cette fois-ci comparé à votre première expérience avec lui ?
Laurent. On arrivait en terrain connu, on le connaissait et on savait comment il travaillait donc on n'avait pas à apprendre tout ça. On avait déjà tous les repères nécessaires. Le fait de revenir dans le même studio avec les mêmes personnes te soulage d'un poids, d'une pression supplémentaire. Tu travailles plus sereinement. On lui fait entièrement confiance. On est toujours resté en très bon contacts même entre les deux opus. On s'est souvent parlé et il a toujours été là pour nous donner un coup de main. Il a toujours été présent pour faire parler de DEFICINCY et c'est super de sa part. On lui fait une confiance aveugle dans son travail de producteur. Au sein de la formation personne n'a le temps de digérer notre musique. Personne ne l'a vraiment écouté avant qu'elle finisse sur un cd. Lui il a une oreille fraiche, il a l'expérience pour. On n'a pas hésité à suivre ses conseils quand il nous en donnait. Pour te donner un exemple il nous disait : Cette ligne de basse simplifie la ou ce riff ne sert à rien dans le morceau, ce solo place le différemment. On a suivi aveuglément ses conseils et au final les titres sonnent mieux après le prisme de David qu'avant.
MI. Vous n'avez pas enregistré les parties de batterie avec lui...
Laurent. Non, elles ont été enregistré en Alsace près de chez nous au Kid studio. C'est par souci de calendrier, un mois entier en studio c'est long. Ce n'était pas évident il nous a fallu jongler avec notre travail et la vie quotidienne. On a donc choisi de le faire en deux fois, les prises de batterie d'un côté et le reste de l'autre.
MI. L'enregistrement avait l'air d'être très joyeux d'après ce que j'ai pu voir sur Facebook ?
Laurent. Oui mais la priorité c'était le travail, tu n'as pas le choix et sur ce point David est assez droit. Il faut être à l'heure et faire les choses correctement. Ensuite, en soirée, on peut s'amuser mais le reste du temps en studio il faut être sérieux. Mais tout a été fait dans une ambiance très décontracté. D'autant plus que l'on a été hébergé par Guillaume Rossard qui est le bassiste d'ARCANIA et qui n'habite pas très loin. On s'est connu il y a dix ans, on a vraiment eu un coup de coeur pour ARCANIA. Il nous a fait la gentillesse de nous accueillir et forcément lorsque tu es hébergé chez un pote, tu fais la fête. Mais on est resté très impliqué et sérieux lorsqu'il fallait enregistrer.
MI. Les membres d'ARCANIA assurent les choeurs sur le titre "Fearless Hope" !
Laurent. Oui, ils étaient à côté alors on leur a dit de passer ! [Rires]
MI. Il y a aussi Alain Clément de NO RETURN qui joue sur "The Upriser". Comment l'avez-vous rencontré ?
Laurent. Tout s'est fait très naturellement. NO RETURN est une formation qui existe depuis très longtemps, ils sont dans le paysage du Metal depuis que je suis né ! [Rires] ... On a eu l'occasion de partager plusieurs fois la scène avec eux. Et puis j'ai eu l'honneur et l'immense plaisir de remplacer leur guitariste une fois lors d'un concert. C'était très drôle et génial. Ce sont devenu des amis. Ils adorent ce que l'on fait tout comme nous on raffole de leur musique. On a demandé à Alain qui est un des personnages de la scène Metal les plus gentils et les plus adorables que l'on puisse rencontrer s'il avait envie de faire un special guest sur notre album. Il a bien sur accepté avec un grand plaisir. Cela a été un immense honneur et un énorme plaisir que de pouvoir l'accueillir. De plus, sa patte en tant que guitariste est reconnaissable entre mille. On est très admiratif de son jeu. C'était tout simplement énorme.
MI. Avez-vous envie de renouvelez cette expérience sur le prochain opus ?
Laurent. La porte n'est pas fermée, après il faut que cela apporte quelque chose au titre par lui-même. On ne veut pas inviter un musicien parce qu'il a tel ou tel nom qui viendrait jouer sur un titre avec des conditions qui derrière ne sont pas fantastiques. On n'en fait pas un objectif en soi. Si les choses peuvent se faire avec quelqu'un que l'on apprécie et avec qui on a décidé de bosser pourquoi pas. Mais on n'essaye pas de faire un coup de com' ou de marketing. On est discret avec Clément, on en parle pas trop. Il est invité sur l'opus mais ça vient du coeur plus qu'autre chose.
MI. Comment choisissez-vous les singles qui vont représenter The Dawn Of Consciousness ?
Laurent. Chaque titre de The Dawn Of Consciousness a sa personnalité, je ne sais pas si c'est ton ressenti mais c'est celui de pas mal de personne à qui on a donné des interviews ou autres chroniqueurs. Tout au long de cet album, on développe des facettes assez larges de nos horizons musicaux. C'est vrai que ce n'est pas évident de choisir un morceau pour présenter l'album. Il y a des titres qui sont influencés par un style avec des passages Thrash et d'autres sont différents. Ce n'est pas facile de privilégier une chanson par rapport à une autre. Pour le premier titre que l'on allait diffuser, on voulait quelque chose de direct et franc, c'est pour cela qu'on a choisi "Uncharted Waters". On voulait qu'il y ait un impact fort. On l'a mis un peu en guise d'amuse-bouche. Ce qui était important, c'est de présenter the Dawn Of Consciousness en montrant dans quelle lignée il allait aller. Cela a bien fonctionné. Pour le clip, on a choisi "Newborn's Awakening" parce qu'il est très représentatif de tout le disque. C'est le titre qui ouvre l'opus et c'est aussi le début d'un nouveau chapitre. C'était une évidence pour nous. C'était le morceau pour le clip, il a été réalisé avec plus de moyen. On a écrit un scénario, on n'a eu aucune hésitation à choisir cette chanson.
MI. Le clip "Unfinished" a été une belle réussite !
Laurent. Oui, il a été vu par un peu plus d'un millions de personnes.
MI. Avez-vous ressenti une forme de pression pour la réalisation du clip de "Newborn's Awakening" ?
Laurent. Une pression, je ne pourrais pas te dire. C'est vrai qu'on a eu la chance d'avoir énormément de vues sur YouTube. On a été très surpris. On ne pensait vraiment pas que ce clip allait faire un score aussi important. C'est énorme. Ce qui est certain, c'est que l'on voulait faire quelque chose qui soit équivalent voir supérieur. On a confié la réalisation à Brice Hincker (CHS production et batteur de SMASH HIT COMBO), on n'a pas hésité car ils sont très bons. C'était pas mal balisé à la base car on avait une idée assez précise de ce que l'on voulait tant esthétiquement qu'au niveau du scénario. Ensuite, on leur a laissé carte blanche pour le montage et on est très content du résultat. On se devait de proposer quelque chose d'équivalent à ce que l'on a fait par le passé car sinon tu peux très vite tomber dans l'oubli. Il faut placer la barre très haute pour pouvoir maintenir ta réputation et ton niveau.
MI. Quelles ont été les conséquences du succès d'Unfinished ?
Laurent. Concrètement, je ne saurai pas te dire. Après, c'est vrai, il y a eu pas mal de commentaires sur YouTube. Il y a beaucoup de gens des quatre coins du monde qui ont liké la page. Il a été vu en Amérique du nord et du sud, un peu près sur tous les continents. On a pas mal de supporters à travers le monde qui viennent faire des commentaires. On nous demande les paroles du morceau, on a réalisé concrètement le succès du clip à ce niveau-là. Après je ne sais pas si cela a un impact sur notre carrière. Peut-être indirectement sur les programmations. On s'est intéressé à nous mais on ne sait pas si c'est dû au fait que le clip ait été énormément vu ou pas. C'est la même chose pour les "endorsements", on n'est pas dans les coulisses, impossible de te dire si il y a eu un impact direct. Mais pour une formation comme la nôtre, c'est très intéressant d'avoir notre nom suivi sur internet à travers les vidéos.
MI. Est-ce que cela ne vous donne pas envie de jouer un peu partout dans le monde ?
Laurent. On a régulièrement des propositions de dates en Europe et en Amérique du Sud. Mais on ne veut pas le faire dans n'importe quelles conditions et à n'importe quel prix. Il faut un juste milieu entre les conditions et le moment. Le problème c'est que l'on ne peut pas se libérer quand on veut pour partir à droite ou à gauche. Il faut aussi s'intéresser aux côtés qui vont avec le fait de faire de la scène. C'est assez compliqué de trouver un juste milieu. Pour l'instant on préfère se concentrer sur l'Europe de l'ouest en terme de concerts parce que c'est là que se trouve concentré la majorité de notre public. C'est à nous de mieux nous vendre en France et dans les pays limitrophes plutôt que de partir loin ou forcément les conditions seront moins bonnes et les structures plus petites. Parfois, tu ne sais pas trop ou tu vas atterrir. Tu peux tomber sur un truc vraiment bien ou le contraire et avoir une mauvaise expérience. Ce n'est pas notre objectif. On préfère tourner dans de bonnes conditions et réussir à faire cela le plus possible. On ne veut pas perdre trop d'argent et d'énergie dans les concerts. Beaucoup de combos le font. C'est juste un état d'esprit, on ne tourne pas à n'importe quel prix et dans n'importe quel conditions. C'est notre choix. Après je ne sais pas si c'est mieux ou pas.
MI. The Dawn Of Consciousness est très technique, est-ce qu'il y a des titres qui vous ont posé des difficultés que ce soit au niveau de l'enregistrement ou de l'écriture ?
Laurent. Oui. Il y a certain morceaux ou l'inspiration est venue très facilement et tout c'est finalisé en un ou deux jours de A à Z. Il y a d'autres titres plus compliqués que l'on a eu du mal à mettre en place. Je pense notamment à l'instrumental "And Now Where Else to Go". Ca n'a pas été évident notamment au niveau de la ligne de basse et des plans de batterie. Je voulais une grosse basse et j'ai mis du temps à la finaliser car je ne trouvais pas l'inspiration. Lorsque cela ne vient pas j'ai du mal à me forcer, il faut que cela arrive naturellement. J'ai donc attendu l'inspiration et elle est venue très tard... la veille de rentrer en studio pour enregistrer les parties de batteries. Ça a été un peu juste mais on a réussi à le boucler et on est satisfait du résultat. Après on ne s'est pas dit il faut absolument que l'on case tel ou tel morceau, ou tel plan tel riff. Lorsque cela ne nous plait pas on le laisse de côté. Idem pour les morceaux. Il y certains titres qui sont rapide à composer et d'autres qui vont prendre plusieurs mois.
MI. Thomas Das Neves (AKROMA) est votre nouveau batteur ?
Laurent. Oui on l'a recruté il y a pas mal de temps déjà. Anthony notre précédent batteur qui est aussi le fondateur de DEFICIENCY nous a annoncé son départ en juin 2015. Il nous a fallu rebondir assez rapidement car on avait une proposition de jouer au Motocultor Festival et on n'avait plus de batteur. Il nous a donc fallu trouver quelqu'un très rapidement pour nous dépanner et assurer ce plan-là. Et c'est Thomas qui a joué de la batterie sur ce concert. Ensuite, on a lancé un appel de candidature, ça a bien fonctionné et on a été contacté par pas mal de batteur qui souhaitaient auditionner. Mais au final, il n'y a pas eu beaucoup de batteurs qui se sont déplacé pour venir auditionner hormis deux. Thomas est quelqu'un que l'on connait depuis très longtemps et avec qui on s'entend très bien. De plus, il maitrisait déjà nos morceaux donc cela s'est fait naturellement. Il est donc devenu notre batteur officiel.
MI. Tu as assuré les parties vocales sur un morceau d'AKROMA que l'on retrouve sur l'album Cenes. Comment en es-tu arrivé à collaborer avec eux sur ce titre ?
Laurent. Exactement. En fait c'est très simple, Matthieu Morand qui est le guitariste d'AKROMA est aussi le boss de notre ancien label. Il m'a proposé d'assurer le chant sur le morceau "Simon". J'étais bien sûr d'accord. J'ai d'ailleurs enregistré les prises vocales chez Thomas Das Neves qui n'était pas encore notre batteur. On se connait depuis longtemps, c'est un petit cercle où tout le monde se connait. Thomas est le batteur d'AKROMA mais il a aussi joué au sein de LA HORDE qui est une des autres formations de Matthieu. Ils ont aussi joué ensemble sur Majestic 12 : Open Files de SYMAKIA. Malheureusement, il est passé inaperçu mais c'est un excellent album qui est dans un style Progressif symphonique. Matthieu est le guitariste de nombreux projets et Thomas l'assiste souvent.
MI. Qu'est ce qui a changé au sein de DEFICIENCY depuis l'arrivée de Thomas ?
Laurent. Ca nous a demandé une autre organisation par rapport à précédemment. Avant nous étions tous de la même région, on habitait les uns près des autres. Moi j'étais à deux heures de route et je faisais le déplacement tous les weekends pour répéter. Avec Thomas, c'est plus compliqué car il est à quatre heures de route de chez nous ce qui fait que l'on répète beaucoup moins que par le passé. De ce fait on s'est organisé autrement, on travaille chacun de notre côté. On répète de temps en temps beaucoup moins régulièrement mais plus longtemps. On peut travailler sur deux jours pour mettre en place les morceaux. Pour ce qui est du jeu de batterie, Thomas n'a pas du tout le même jeu qu'Antoni. Il a réussi à respecter les titres qui étaient en cours de production et qui était en partie composé quand il a intégré DEFICIENCY. Il a ajouté sa patte et c'est tout à son honneur. Je pense qu'il sera davantage créatif sur le prochain. Il va composer ses propres parties de batteries et donc on va pouvoir plus facilement les intégrer. On va composer ensemble ce que l'on a pas fait pour The Dawn Of Consciousness. Au niveau live on s'entend bien, c'est très carré. Il est très clair. En plus il a une autre approche technique, il a beaucoup d'expérience. Il nous a apporté quelque chose en jouant carré au click avec tous les samples préprogrammés. On a gagné en impact et en efficacité sur les concerts. C'est grâce à ses connaissances et à sa maitrise des technologies que nous n'avions pas avant car on était un peu plus roots !
MI. Musicalement vous avez un côté progressif, est-ce que vous avez envie par la suite de développer cet aspect ?
Laurent. Sincèrement, je ne sais pas. J'avoue qu'on n'a pas encore réfléchi à ce que sera le prochain opus. On fait toujours les choses les unes après les autres. Pour l'instant, on n'a aucun titre en stock. Notre manière de composer est toujours assez naturelle donc si on le sent, on le fera. La question c'est est-ce que le côté progressif de ce que l'on écoutera sur le moment va plus ressortir qu'un autre ? Je ne sais pas. Cela dépendra de l'état d'esprit dans lequel on sera au moment d'écrire des nouveaux titres. Il sera surement préparer sur un temps relativement long avec différentes périodes. De ce fait, je peux être dans un état d'esprit Thrash Old School puis passer à un Thrash progressif puis symphonique. Tout ça a une influence. On est très éclectique dans ce que l'on écoute. Mais je suis persuadé que l'on retrouvera tout ça sur le prochain. Après est ce qu'un aspect sera plus développé qu'un autre je ne peux pas te le dire aujourd'hui.
MI. Quel souvenir gardes-tu de votre concert en ouverture de MACHINE HEAD ?
Laurent. C'était n'importe quoi ! [Rires] … Tu montes ton groupe quand tu as 16/17 ans, tu joues dans une cave et dix ans plus tard tu joues avec tes idoles. C'est un moment inoubliable pour nous. J'espère en vivre d'autres aussi intenses. Mais là, on peut splitter tranquille ! [Rires] … Mais on ne va pas s'arrêter en si bon chemin.
MI. Il y a d'autres formations pour qui tu rêves d'ouvrir ?
Laurent. Bien sûr. Il y a un autre de nos rêves qui va se réaliser, on va ouvrir pour DARKANE.
MI. C'est ce genre d'expériences qui vous motive au final ?
Laurent. Au début, tu commences à monter ton combo puis tu donnes des concerts. Tu joues dans des cafés, des petites salles… tu n'y penses pas. Après un moment tu commences à franchir un cap c'est ce qui nous est arrivé avec The Prodigal Child. Là, on a commencé à jouer sur des scènes semi pro ou pro. Par la suite, tu es contacté pour jouer dans des festivals ou assurer des premières parties. Là, on a commencé à prendre gout à jouer sur des grosses scènes avec un gros son et des pointures. Donc lorsque tu goutes à ça tu n'as qu'une envie c'est de remonter sur scène avec un autre combo du même acabit devant un public de dingues. Alors forcément ca engendre cette niaque, cette volonté qu'on a depuis toujours d'aller plus loin et plus haut. Ca nous motive et c'est ce que l'on vit aujourd'hui. Après faire que des grosses dates ce n'est pas un objectif que l'on se fixe en soi. Ce n'est pas le quotidien de DEFICIENCY, on est assez lucide pour savoir que l'on ne va pas tourner six mois de l'année avec MACHINE HEAD ou TESTAMENT.
MI. Quelle serait ta réaction si on te le proposait ?
Laurent. Ca c'est une bonne question. Je n'en sais rien. Ca va dépendre du moment, de DEFICIENCY, des conditions… Il y a plein d'a coté qui font que… Mais c'est le rêve de tout musicien de pouvoir se produire sur des grosses scènes aux côtés de grands artistes que tu admires. Si c'est jouable, on le fait tout simplement.
MI. Vous venez de signer chez APATHIA, c'était important pour vous de changer de label ?
Laurent. Oui, c'était un peu notre projet. On voulait passer sur un label plus important avec un réseau de distribution, un impact médiatique différent. Fantai'Zic Productions, le label précèdent a fait du bon travail sur Prodigal Child. Mais là on collabore avec une équipe qui est plus jeune et qui a plus d'ambitions. Ils vont compter dans les années à venir et c'est un point important pour DEFICIENCY. Je pense que l'on a fait le bon choix. On a eu de nombreux contacts avec des maisons de disques plus importantes françaises ou étrangères et qui ont plus d'impact. Le problème c'est qu'après tu fais partie du back catalogue. Tu n'es pas si bien travaillé, la méthode de travail n'est elle aussi pas très intéressante pour une formation comme la nôtre. On a préféré rester en France avec des gens qui ont de l'ambition et qui savent bosser avec nous. Ils vont s'améliorer avec le temps, on est très confiant pour la suite.
MI. Depuis la sortie de Prodigal Child, vous avez tourné énormément. Quelles sont les plus belles rencontres artistiques ou humaines que tu as faites ?
Laurent. Il y en a tellement, on a rencontré énormément de monde. Bien sûr il y a MACHINE HEAD et TESTAMENT avec qui on a pu échanger un peu. Cela reste des moments que tu gardes a jamais gravé dans ta mémoire pour la vie. La tournée avec SUICIDAL ANGELS a été fantastique. C'est un groupe que l'on écoute depuis le début. Ils avaient signé chez Nuclear Blast à l'époque et avaient enregistré Sanctify The Darkness un opus qu'on adore. C'est une formation dont on raffole et en plus les mecs sont des crèmes. Ça s'est super bien passé. En France, on a organisé il y a deux ans une tournée nous-mêmes l'Hexagon Thrash Alliance avec comme affiche DEFICIENCY, HEART ATTACK et ARCANIA. On a fait des rencontres humaines fantastiques notamment avec les musiciens d'ARCANIA. On est toujours très potes et on se soutient naturellement au niveau des toutes ces combos. On se suit et on évolue ensemble. On projette d'ailleurs de rejouer ensemble à l'avenir. On a vécu beaucoup de moments comme ça. Quand tu as l'habitude d'aller voir des concerts comme à la laiterie en tant que spectateurs... J'y suis allé plusieurs dizaines de fois dans ma vie, les autres membres de DEFICIENCY. Ensuite, tu passes de l'autre côté de la barrière en montant sur scène et tu vis des moments énormes. C'est quelque chose auquel tu ne penses jamais lorsque tu es dans le public et quand ça t'arrive c'est grandiose.
MI. The Dawn Of Consciousness est sorti le 24 mars, quels sont vos projets pour l'avenir ?
Laurent. On a déjà bouclé une dizaine de dates avant la sortie du cd. Ce sont des concerts que l'on va donner cet été. On est actuellement en pleine préparation de la suite de la tournée pour la rentrée 2017 c'est-à-dire vers septembre/octobre. On va avoir l'occasion de nous voir un peu partout en France. On travaille actuellement sur ces dates mais je ne peux pas en dire plus car on attend les confirmations (ndi : Il s'agit de l'Hexagon Thrash Alliance 2017 réunissant DEFICIENCY, HEART ATTCK, MALKAVIAN). Il y a de très fortes chances que l'on puisse défendre cette galette de manière régulière sur scène. Le public français pourra ainsi venir à notre rencontre sur les prochaines dates de la tournée. Pour l'instant ce qui est prévu c'est le sud de la France. Dans une dizaine de jours on va jouer à Miramas, Ungershfim, Frejus… Par la suite on devrait jouer dans le département de Rhône Alpe près de Lyon avec DARKANE et NO RETURN en mai prochain (ndi : 13 mai à Montagny dans le 69). On a aussi prévu de faire des dates dans notre région. Ce qui est certain c'est qu'à la rentrée on va pas mal voir nos tronches sur les routes de France.
MI. Vous préférez donner des concerts en ouverture d'une autre formation ou jouer en tête d'affiche ?
Laurent. Pour moi chaque set a sa saveur particulière, c'est bizarre. C'est intéressant comme question parce qu'en fait j'y pense maintenant. Pour la promotion de Prodigal Child, on a fait surtout des petites dates ou on était en tête d'affiche et ou on jouait plus d'une heure. Par la suite on a commencé à faire des plus grosses scènes. Ce n'est pas forcément évident parce que derrière quand tu as l'opportunité de jouer avec des formations plus importantes ta place sur l'affiche n'est plus en haut mais en bas. Tu joues pendant 25 ou 30 minutes avec un maximum de 40 minutes. C'est un peu ce que l'on a fait sur la majorité des dates de Prodigal Child. Ensuite, lorsque tu te remets à jouer pendant 1 heure et plus c'est complètement différent. Le set est articulé d'une autre manière. Personnellement, j'apprécie autant l'un que l'autre. Pour les shows de 30 minutes tu donnes tout, tu interprète des titres forts et tu es à fond à 200 pourcent en permanence. Sur un show d'une heure vingt tu es obligé de t'économiser mais en revanche tu peux proposer beaucoup plus musicalement. Cela permet au public de découvrir les nombreuses facettes de DEFICIENCY. Les deux ont leurs avantages et j'apprécie ces situations différentes.
MI. Vous allez participer à des festivals ?
Laurent. On attend qu'ils nous appellent ! [Rires] ... On a joué au Rock Your Brain Festival en 2014 avec notamment CORONER. C'était excellent, c'est notre dimension ce type d'évènement. On a aussi joué au Motocultor il y a deux ans, idem c'était super. Après tout le monde pense au Hellfest. Pour nous ce n'est pas un objectif en soi. Si cela se fait c'est très bien sinon on aura toujours l'occasion de s'éclater sur d'autres scènes. Mais si on a l'opportunité d'être programmé sur ce Festival, on sautera dedans à pieds joints. Ça sera la fête.
MI. Laurent, merci pour cette intéressante interview !
Laurent. De même pour moi merci à toi. Et aussi merci de nous permettre de faire un peu parler de DEFICIENCY. A très bientôt dans trois ans pour le nouvel opus...
Ajouté : Mercredi 20 Septembre 2017 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Deficiency Website Hits: 4947
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