SLAYER MAGAZINE - N° 1 à 5 (2009)
Auteur : Jon Kristiansen
Traduction : Alexandra Maré
Langue : Français
Parution : Mai 2009
Maison d'édition Française : Camion Blanc
Nombre de pages : 528
Genre : Histoire d’un Fanzine culte
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 235779013X
ISBN-13 : 9782357790131
Difficile de chroniquer un livre qui n’en est pas un…Ceci, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué est un avertissement au lecteur lambda qui pense se jeter sur une bio, car il n’en est rien.
Vous avez devant les yeux, si vous avez acheté cet ouvrage (je n’ose même pas penser que vous auriez pu l’emprunter, voire le voler ??), rien de moins qu’une compilation des cinq premiers numéros, désormais introuvables, du mythique fanzine SLAYER, fantasme underground culte s’il en est.
Ce livre, au delà de sa valeur de témoignage d’une époque bien révolue, est surtout un hymne à son créateur, un hommage non déguisé à un ado complètement frappé, j’ai nommé METALION, Jon Kristiansen pour l’état civil.
C’est là le point fort de cet ouvrage, inutile de le nier. Slayer N°1 à 5 n’a aucune valeur littéraire, il faut l’admettre. Ca n’est pas un livre, mais une porte ouverte sur une passion contagieuse, une folie ambiante.
En 1985, un jeune Heavy Metal kid un peu plus téméraire que la moyenne, décide de créer un support, une tribune aux groupes qu’il affectionne, certainement déçu par les magazines spécialisés à grand tirage, qui selon lui ne consacrent pas assez de pages à l’underground.
Ainsi naquit SLAYER, le fanzine.
Ces cinq premiers numéros offrent une vue imprenable sur l’évolution de la scène Metal extrême des années 80, avec ses débuts timides et rejetés par bon nombre de journalistes, jusqu’à sa consécration, au travers du succès toujours plus grandissant des cadors de la vélocité instrumentale.
La mise en page, qui juxtapose les articles du fanzine et ses traductions, donne l’impression très agréable mais étrange en même temps, de pénétrer dans un journal intime. Impression renforcée sur les premiers chapitres par les articles rédigés en Norvégien, et donc incompréhensibles par la plupart d’entre vous. Et en lisant ces pages, vous aurez aussi la sensation de lire une sorte d’auto-fanzine, comme si METALION se parlait à lui-même et à quelques potes, uniquement dans le but de pouvoir s’exprimer sur la musique qu’ils affectionnaient.
Alors bien sur, les entrefilets, bios, et autres laïus sur divers acteurs de la scène Metal la plus obscure ont de quoi faire sourire, voire même provoquer l’hilarité de lecteurs de magazines dits « sérieux », comme les Inrocks, Rock n’Folk et autres Kerrang ! Le style est très personnel, mélange de néologismes hilarants, de cris de joie, et autres invectives populaires et mystérieuses, mélangés à des private jokes au contenu très abscons (mais qui est donc Arne BABB ???), mais comment ne pas partager cet enthousiasme, comment ne pas se laisser contaminer par cette hystérie tout à fait justifiée ??
Certains articles n’ont aucune raison d’être, car en dehors de précisions de line-up, de rumeurs ou autres affabulations gratuites, ils n’offrent rien d’indispensable à la compréhension de la scène Metal de l’époque. La plupart des premières chroniques de démos et d’albums ne dépassent pas les trois lignes (avec la palme pour la chronique de Hellish Crossfire d’ IRON ANGEL, je cite : « SPEED SPEED SPEED, THRASH THRASH THRASH TOTAL DEATH, AAAARRRGGGGHHHHH », si c’est pas magnifique ça !!!), mais comment en vouloir à un kid qui aurait pu être n’importe lequel d’entre nous, et qui s’est simplement laissé guider par sa passion aveuglante, au détriment d’une mise en forme qui la plupart du temps relève plus de la masturbation littéraire que de l’objectivité et de la sincérité ?
Et surtout, quelle joie de retrouver les premiers articles sur des groupes vilipendés par la presse officielle, les premières interviews de pionniers comme BATHORY, MAYHEM, METAL CHURCH, SLAYER, NAPALM DEATH, WEHRMACHT, SODOM et autres têtes de turcs des magazines mainstream…
Alors certes, ce livre ne s’adressera certainement pas aux plus jeunes d’entre vous. Car pour un ado des années 2000, il suffit de taper n’importe quel nom de groupe dans un moteur de recherche pour avoir accès à toutes les infos, musiques, et bios possibles.
Mais pour les gens comme moi, qui ont connu le boom Heavy/Speed/Thrash/Death des années 80, c’était une autre paire de manche. Pour écouter un disque, il fallait aller chez le disquaire, l’acheter, ou trouver un bon pote suffisamment sympa pour vous l’enregistrer sur cassette. Il fallait fouiller les catalogues de distro, regarder les petites annonces des magazines, se trouver des correspondants à l’étranger pour se délecter des dernières démos introuvables autrement. Aller à la foire, le front en sueur dans l’espoir de pouvoir tomber sur le T-shirt de notre groupe favori, ou le badge ultime de KREATOR…
Alors oui, pour moi, et tant d’autres Heavy Metal Kids de presque 40 ans, ce livre est plus qu’un livre. C’est le témoignage d’une adolescence pleine d’aventures, de discussions à n’en plus finir sur le dernier album de Thrash encore plus rapide que Reign In Blood, sur le groupe le plus Evil du moment (à ce sujet, lire l’interview de SABBAT, les fameux responsables de deux albums mythiques des années 80, History Of A Time To Come, et Dreamweaver, ça vaut le coup d’œil !). C’est le cliché d’une bande de crétins attifés comme pour aller à un bal masqué, qui se rendaient à la salle de concert du coin pour voir n’importe quel groupe, du moment qu’on y allait ensemble, et qu’on allait s’éclater.
Pour nous, METALION, c’est un peu le grand frère, celui qui nous a permis de nous accepter tels que nous étions, sans avoir honte de nos goûts. De savoir que quelqu’un, à des milliers de kilomètres de là, vénérait les mêmes combos ultimes, ça rassurait, on se sentait moins seul. De savoir qu’on pouvait aussi écrire dans un magazine sans avoir fait d’études de journalisme, et que l’on pouvait caviarder une chronique avec des onomatopées sans avoir l’air con.
Jon, tu es comme nous. Tu ne vieilliras jamais. Tes articles non plus, pas plus que ton style. Et ton amour du Metal est une leçon pour tout ceux qui pensent que la musique se doit d’être sérieuse et référente. Et j’espère que tu ne m’en voudras pas, si pour quelques instants, j’usurpe ton identité pour rédiger une chronique de ton propre livre, comme tu aurais pu le faire à l’époque…
METALION, 2010 :
« Alors là, je suis tombé sur un book carrément EVIL !!! CA DECHIRE GRAVE !!! On y parle de groupes trop mortels, comme BATHORY, SODOM, MAYHEM, et d’autres moins connus, mais qui tuent autant !!! AAAAGGGRRRHHHH !! Y’a des interviews, des questions à la con, et même des photos ! BLUAAGGHYYY !! Achetez le, sinon, vous êtes que des poseurs de merde ! SLAYER MAG, ça troue le cul, en plus y’a même des posters et des bonnes adresses ! DEATH METAL RULEZZZZ !!!! »
Merci à toi Jon. Et t’as raison. MÖTLEY CRÜE, c’est vraiment des pédales !
Ajouté : Jeudi 14 Janvier 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Blanc Website Hits: 49455
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