Passez-moi l’expression mais qu’est-ce que Matos a bien pu fumer pour nous sortir un album comme celui-là ? Où est passé Shaman ? On reconnaît à peine le groupe brésilien qui, pour des motifs légaux, devient maintenant Shaaman (avec deux "a").
Sans préavis, « Turn Away » nous assène un grand coup sur le crâne. Ce titre est à l’opposé de tout ce que nos compères ont fait jusqu’à présent. Limite Thrash, il commence par un grand cri, sur un rythme extrêmement soutenu et martelé à la batterie. La voix même de Matos est dans un premier temps quasi impossible à reconnaître. Pas de montée en puissance pour l’intro de l’album mais un démarrage à 100 à l’heure. Le choc est rude. Seules quelques orchestrations et montées vocales caractéristiques rappellent l’ancien Shaman.
Puis vient le titre éponyme. Et là, j’ai beau chercher, je n’ai toujours pas trouvé la raison de ce « Reason »… « Rough Stone » fait encore mieux avec son intro orientalisante qui tourne à la ballade classique, grosse guitare et tempo lent pour les refrains. Définitivement le titre le plus barbant de l’album. Bien sûr, il y a LA ballade et ses thèmes remâchés (oui, c’est beau la pluie qui tombe), j’ai nommé « Innocence ». Cela reste un bon titre où la voix si particulière de Matos est bien mise en valeur, douce sur fond de violons, puissante dans les grands passages orchestraux. (qui sonnent d’ailleurs furieusement comme un titre d’Angra, période Angels Cry).
Dans l’ensemble, on a l’impression que Shaaman cherche un équilibre entre le Mélodique auquel il nous avait habitué et un Heavy Metal au gros son, mais sans succès. Les titres plus speed comme « Iron Soul » sont nettement plus réussis mais c’est, bien sûr, le style où ils excellent depuis toujours. Le meilleur titre à mon sens –et le seul vraiment original– est « More ». Mais il s’agit d’une reprise de Sisters of Mercy.
Trop déroutant pour les habitués d’Angra, trop facile et « déjà entendu » pour les amateurs de Mélodique, trop peu efficace pour les fans de Heavy Metal : trois bonnes raisons d’être déçus.