A force de traiter de sujets dérivants d’une origine bien précise, on en vient à oublier d’aborder ladite source. C’est bien joli de parler de Heavy Metal à longueur d’articles, encore fallait il un jour rendre hommage à ceux qui sont en très grande partie responsables de ce torrent de décibels, qui a souvent alimenté en sensations fortes nos nuits blanches.
Parce qu’avant IRON MAIDEN, avant METALLICA, avant même JUDAS PRIEST, il y avait BLACK SABBATH. Alors autant replacer les choses dans leur contexte.
Et c’est ce que Guillaume ROOS fait très bien.
Alors, puisque ce recadrage semblait nécessaire, il me semble devoir préciser certaines choses à propos de cet ouvrage. Plus qu’une bio toute bête, voyez y un parcours. Car les die hard du groupe n’y trouveront pas grande matière anecdotique.<br< L’histoire du groupe est en effet condensée en un peu plus de 200 pages, sur les 672 que compte le livre. Vous y saurez l’essentiel, de la gestation du combo à sa résurrection à la fin des années 90, en passant par le grand chaos des 80’s. Rien de plus.
Les 400 pages restantes se composent de la discographie du SAB’, de son arbre généalogique, de ses tournées et des playlist types, et enfin d’un petit résumé de chaque musicien ayant un jour ou l’autre croisé la route du groupe. Et cette partie semble vraiment exhaustive, puisqu’elle va de Jeff FENHOLT, un des membres les plus éphémères, à Tony IOMMI bien sur.
On en apprend un peu plus sur les relations qu’a pu nouer l’homme en noir avec certains de ses collaborateurs, du partenariat longue durée et chaotique avec Geezer BUTLER ou Ronnie James DIO, à l’accolade rapide avec le sieur FENHOLT précité, ou encore IAN GILLAN.
Alors en partant du principe que la démarche de G.ROOS fut sciemment choisie, on ne peut blâmer La Bête Venue De Birmingham de ne pas être LA biographie ultime de BLACK SABBATH, mais plus un guide chronologique de la carrière si atypique du quartet (ou trio, ou quintet, selon les époques…) Et en lisant ce recueil, on finit par éprouver une infinie sympathie pour M.IOMMI, qui contre vents et marées n’a jamais quitté la barre de son navire, essuyant bien des tempêtes (entre les caprices de musiciens, OZZY en première ligne, la désaffection du public, l’acharnement morbide des critiques), mais ne renonçant jamais à continuer une traversée qu’il a entamée il y a plus de 40 ans maintenant. Fidèle à sa musique, fidèle à son public (qui ne peut pas en dire autant), il peut se targuer d’avoir quasiment à lui tout seul inventé un son, un courant musical, un mode de vie, et influencé des centaines de groupes de part le monde. Et quand on pense que tout ceci n’est dû qu’à un stupide accident lui ayant coupé deux phalanges, l’obligeant à jouer deux tons en dessous et avec des cordes plus fines, on constate que le destin n’est décidemment jamais la par hasard. Et c’est un bien bel hommage indirect (ou pas d’ailleurs…) que lui rend Guillaume ROOS à travers ce livre, dont le parti pris temporel ne fait qu’accentuer l’importance de Tony IOMMI, non seulement pour BLACK SABBATH, mais aussi pour le Heavy Metal en général. Et même si le SAB’ n’est plus, que HEAVEN & HELL, bien que faisant musicalement partie du même schéma n’est qu’une tentative de perpétrer le mythe, personne n’oubliera jamais la contribution extraordinaire au patrimoine de l’extrême d’un musicien handicapé. Grâce à ce genre de livre. Et grâce à PANTERA, CANDLEMASS, St VITUS, FAITH NO MORE, METALLICA, TYPE O NEGATIVE et tant d’autres…