SYMPHONY X (usa) - Michael Pinnella (Oct-2003)
Le 19 octobre 2003, Symphony X se produisait à l’Elysée Montmartre. A quelques heures du concert, j’ai donc interviewé Michael Pinnella, le clavier du groupe depuis sa création.
Line-up : Michael Romeo (guitare), Michael Pinnella (claviers), Russell Allen (chant), Jason Rullo (batterie), Michael Lepond (basse)
Dicographie : Symphony X (1994), The Damnation Game (1995), The Divine Wings Of Tragedy (1997), Twilight In Olympus (1998), Prelude To The Millennium (1999), V - The New Mythology Suite (2000), Live On The Edge Of Forever (2002), The Odyssey (2002)
Metal-Impact. Bonjour Michael. Nous sommes à environ trois heures du concert de ce soir, comment te sens-tu ?
Michael Pinnella. Oh, bien. J’ai très bien dormi la nuit dernière. Juste un peu excité pour ce soir, maintenant. Ça va être un bon show. Le son est bon, on vient juste de faire les essais.
MI. Pas de stress, tu dors bien avant vos concerts ?
Michael. Oh oui! Et c’est quasiment la même chose pour chacun d’entre nous. On se fait plaisir sur scène… Il faut !
MI. C’est la deuxième fois que vous vous produisez en France cette année, à quoi devons-nous ce plaisir ?
Michael. Et bien, “The Odyssey” est sorti depuis à peu près un an maintenant et il se vend toujours très bien. Il y a beaucoup d’endroits où nous sommes allés avec Stratovarius où les gens nous ont dit qu’ils auraient voulu en entendre plus. On ne devait jouer que 40 minutes alors, on avait dû calculer les morceaux pour. Donc, on refait une tournée pour jouer plus de nos morceaux. Beaucoup de gens regrettaient de ne pas entendre “The Odyssey” sur scène, par exemple.
MI. J’imagine que vous vous êtes préparez différemment ?
Michael. Oui. Ouvrir est tellement facile parce que tu ne dois jouer que 40 minutes. Tu joues et puis c’est bon. Quand tu joues une heure et demie, évidemment tu joues plus de chansons, des morceaux plus longs. Encore une fois, quand tu joues 40 minutes, tu n’as pas un vrai show…
MI. Avec Russell, généralement, c’est un show !
Michael. Oui, remarque, c’est vrai. Le public est avec lui.
MI. Maintenant, à propos de “The Odyssey”, comment s’est passé le processus d’écriture ?
Michael. Et bien, pour chaque album, on sait qu’on va faire un morceau long. On avait déjà une bonne histoire pour “Divine Wings of Tragedy”. Pour “The Odyssey”, on voulait vraiment trouver une histoire qui serait grandiose. Alors, on avait pensé à quelques sujets, on avait quelques idées et puis nous sommes tombés sur Ulysse et l’Odyssée et c’est une histoire fantastique. L’intrigue correspondait parfaitement à ce que l’on cherchait. Une fois qu’on avait ce scénario, il ne restait qu’à écrire la musique qui allait avec et c’est tout ce qu’on a fait.
MI. Précisément, à propos de titres comme “The Odyssey” ou “Through the Looking Glass” (tiré d’Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll), comment faites-vous pour adapter des classiques de la littérature en morceaux de Metal ?
Michael. D’habitude, on écrit les paroles en premier. Mais sur cet album, certaines musiques ont été écrites d’abord. Enfin, habituellement, les textes donnent une image générale alors on a plutôt tendance à écrire les paroles avant pour avoir une idée de comment la musique doit « sonner ». C’est le cas pour toutes les chansons sur ce disque, sauf “King of Terrors”. Celle-là, on ne savait pas quels mots mettre dessus. La musique ressemblait à celle d’un film d’horreur alors on a pensé à un classique, Edgar Poe.
MI. Où puisez-vous ces thèmes ?
Michael. De nos lectures ou une idée, comme ça. Un peu des deux. Souvent c’est une idée qui nous vient mais pas toujours. “The Odyssey” par exemple est une chanson longue. Quoiqu’on fasse, il faut que ce soit une bonne chanson, tu vois ? Il faut que ça ait un sens. Ce n’est pas très facile et ce n’est pas la façon dont tu atteins le but qui importe.
MI. C’est le premier album que vous enregistrez dans la maison de Michael Romeo ?
Michael. Oui, absolument et c’est génial. Cela nous donne une plus grande liberté. Tu sais, dans notre studio, c’est très détendu. On peut jouer en sous-vêtements si on veut [Rires].
Et puis, tu n’as pas à payer le studio à l’heure. Alors, tu peux prendre ton temps. Si tu veux rester jusqu’à deux heures du matin ou enregistrer toute la nuit, tu peux. Tu n’es pas dirigé par l’horloge. C’est un environnement très détendu.
MI. Aucuns inconvénients ?
Michael. Non, pas vraiment, non. On fait exactement ce qu’on veut. Et le prochain album sera sûrement aussi enregistré dans le studio de Michael.
MI. C’est un album nettement plus Heavy, plus agressif que les autres, pourquoi ?
Michael. On nous a souvent posé la question…
MI. Désolée…
Michael. Non, c’est une bonne question. Surtout comparé au précédent, “V”, c’est beaucoup plus Heavy. Je pense que c’est peut-être une des raisons. Mais ce n’était pas vraiment réfléchi. Encore une fois, on essaie juste de faire de la bonne musique et cela a donné ça.
Personnellement, mon album préféré est “V”. “The Odyssey” est très différent, plus Heavy. Ce n’est pas un concept album et tu as définitivement raison de dire que c’est plus agressif. Ça vient surtout de Michael Romeo. Bien sûr, tu vois, ses riffs de guitare donnent ce côté plus agressif. Il y en avait beaucoup qui étaient écrits au départ, avant qu’on ne commence vraiment le travail sur la musique. Et puis après, je m’y suis joins, et Mike Lepond, et Jason. Et ça sonnait définitivement plus Heavy. Certaines personnes ont l’impression qu’on change notre son mais c’est faux.
MI. Oh non, c’est toujours du Symphony X !
Michael. Et c’est précisément comme ça qu’il faut que ce soit.
MI. Vous fêtez vos dix ans de carrière l’année prochaine…
Michael. Oula, on n’avait pas réalisé. Je ne pense pas qu’un seul d’entre nous ait réalisé que ça fait déjà 10 ans…
MI. L’année prochaine seulement… vous avez encore le temps de vous faire à l’idée [Rires]
Michael. Ouais, en avril 2004 ça fera 10 ans… Waouh !
MI. Et quel bilan tirez-vous de ces 10 années ?
Michael. On a définitivement grandi en tant que groupe. Pour notre tout premier album, on était chez un label japonais. On était un nouveau groupe et on nous disait de faire plutôt telle chose que telle autre. De toute façon, on faisait déjà des choses dans ce style. Mais je dirais qu’avec “Divine” on a vraiment commencé à être nous-mêmes, avec le classique, le côté fusion Heavy Metal et Metal Progressif, tout ça a commencé à se voir à ce moment-là. C’est là qu’on trouve notre son et ça s’est développé à partir de cette époque. Et on le développe toujours. Et ça va continuer, parce que chaque album que nous faisons, nous essayons de faire quelque chose de différent, quelque chose de meilleur.
MI. Et personnellement, en tant que musicien ?
Michael. Hum… C’est une question piège, dans bien des sens. Je ne pense pas à faire de side projects. Personne dans le groupe n’aime beaucoup ça. Je veux dire, si quelqu’un nous appelle et nous demande de faire quelque chose de sympa avec lui, c’est bien, pourquoi pas, on est d’accord. Mais on ne va pas chercher à en faire. Là, actuellement, je travaille sur un solo. Ça va être quelque chose de très classique, différent de Symphony X mais vous pourrez quand même entendre les similitudes.
MI. Aujourd’hui, vous êtes une des grandes figures de la scène Metal, encensés par la critique comme le public, vous faites des tournées aux Etats-Unis etc. Quel est le challenge maintenant ?
Michael. De faire en sorte que cela continue. C’est un gros challenge. Oui, un vraiment gros challenge. De créer des choses qui continueront à intéresser nos fans, bien sûr, mais aussi de nouvelles personnes. J’aimerais beaucoup, comme je l’ai déjà dit, voir le groupe jouer avec un orchestre, comme un évènement spécial. Peut-être pour nos 10 ans… Je ne sais pas mais j’adorerais faire une tournée comme ça. Ce serait un véritable accomplissement, surtout avec nos influences classiques.
MI. Vous avez déjà écrit quelque chose pour le prochain album ?
Michael. Non, rien. Pour le moment on se consacre à la tournée. On sera en tournée jusqu’à la mi-décembre et puis on prendra quelques vacances pour Noël. On commencera après les vacances. On ne commencera à amener des idées qu’à ce moment-là.
MI. On parlait tout à l’heure de votre premier album, “Symphony X”. Sur “The Odyssey”, vous avez repris “Masquerade”. Vous avez définitivement abandonné l’idée de le réenregistrer ?
Michael. Non, ça a juste été reporté. On a eu des petits soucis de management. Il y a eu un peu de confusion, on ne savait pas quoi faire. Alors on a remis à plus tard. Mais ça va se faire. On ne sait pas encore quand, c’est tout.
MI. Maintenant que vous êtes tête d’affiche dans des salles importantes, les fans peuvent espérer la sortie prochaine d’un DVD ?
Michael. Oui, définitivement. Et il y aura des parties tournées en France, obligatoirement. Le public est très réceptif, ici. Il y a toujours beaucoup d’énergie. Bien sûr, il y a d’autres endroits où il y a beaucoup d’énergie. C’est dur à expliquer, il faut être sur scène pour comprendre… cette interaction, on l’a toujours ressentie.
MI. Maintenant, pour les lecteurs qui ne vous connaissent peut-être pas, comment décririez-vous Symphony X ?
Michael. Je déteste le décrire comme du Heavy Métal et je déteste le décrire comme du Progressif. C’est du Heavy Metal tout en n’en étant pas à cause des références à la musique classique. Et on ne peut pas dire que c’est du Progressif parce que ce n’est pas non plus du Progressif. C’est quelque part entre les deux. C’est très dur à décrire. C’est simplement Symphony X, il faut nous écouter. On ne peut pas coller des étiquettes aux gens comme ça. Beaucoup ont essayé de nous mettre dans une catégorie.
MI. On compare souvent des groupes comme Adagio à Symphony X, ça vous fait quoi d’être cité en référence ?
Michael. Et bien, en un sens, c’est très flatteur mais, par exemple, on a été comparé à Dream Theater et on ne ressemble pas du tout à ce que fait Dream Theater. Bien sûr, ils ont des chansons longues, nous avons des chansons longues. Je suppose qu’il faut que les gens essaient de se repérer. Mais je n’aime pas ça et le groupe n’aime pas porter une étiquette.
MI. Si on utilisait votre musique pour le cinéma, vous aimeriez que ce soit pour quel genre de film ou quel réalisateur ?
Michael. Définitivement Tim Burton. L’un de mes films préférés est “L’étrange Noël de Monsieur Jack”. J’adore. Je l’ai regardé souvent, la bande originale est superbe. Ou un film d’action, d’aventure, comme “Pirates des Caraïbes”…
MI. Merci beaucoup de nous avoir accordé un peu de temps et bon concert…
Michael. Merci à toi...
Ajouté : Mardi 04 Novembre 2003 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Symphony X Website Hits: 28190
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