Mon Dieu quelle tâche ardue de présenter l’histoire du Rock en se basant sur certains de ses épisodes forts…Né quelque part aux USA d’une adaptation du Blues en quelque chose d’un poil plus agressif et moins revendicateur, le Rock a très souvent inspiré les auteurs, les cinéastes, et bien sur, les musiciens.
60 ans quasiment de présence continue, cette musique a traversé les modes, en a engendré beaucoup, pour au final, ne pas paraître si exsangue que ça, bien au contraire.
Et c’est de ce constat que part Daniel ICHBIAH. Il se pose en observateur, en fan, en analyste, et relève ce qui lui apparaît comme des étapes clés de l’épopée d’Elvis, Buddy, Jim, Mick, Alain et tous les autres.
Alors bien sur, comme vous l’aurez aisément compris, il ne s’agit pas de Heavy Metal in stricto sensu. Mais après tout, et qui me contredira, que serait le Hard Rock sans le Rock ? Juste un truc dur ? Oui mais quoi…
Alors on en parle relativement peu ici, mais les allusions directes ou indirectes sont légion.
Mais ne glosons pas dans le vide, et dévoilons un peu au lecteur ce qui l’attend.
Vous aurez du Rock pur, avec Les ROLLING STONES, DYLAN, les BEATLES, DUTRONC, GAINSBOURG, LED ZEPPELIN, les EAGLES, Kate BUSH, DIRE STRAITS, POLICE, BASHUNG, TELEPHONE, R.E.M., et NIRVANA en guise de dessert.
J’en vois déjà dans le fond qui râlent sauvagement…
« Quoi, pas les WHO, ni HENDRIX, les DOORS, PURPLE, BEACH BOYS, IGGY ou les SEX PISTOLS ??? C’est quoi ce bordel ??? »
Du calme mon gars, on t’avertit dès le départ, subjectif qu’elle est la sélection !!! Et puis de toutes façons, c’est un livre, pas une encyclopédie ! Alors oui, certains manquent cruellement, mais je trouve au final que le choix est assez bon.
Et l’option « chanson » est assez fine, car loin des classements des hits les plus importants du Rock, on traite ici de passion, d’affection, ou de pétard ayant explosé volontairement ou par pur hasard. Et le mot est lâché, hits.
Car tous les titres cités ici sont de formidables machines de guerre, qui ne connaissent ni la rouille, ni l’usure du temps.
L’auteur a en plus le don de créer une ambiance parfaite, en se livrant à un petit résumé destiné à placer le contexte des dites chansons. Vous n’apprendrez rien d’inédit si vous êtes fans des groupes pré cités (mais comment ne pas l’être ?), mais cette petite piqûre de rappel n’est pas inutile. De Keith RICHARDS qui enregistre le riff de « Satisfaction » avant de s’endormir, pour finalement entendre le lendemain matin sur les bandes 30 secondes de génie, perdues dans 2 heures de ronflements, à Kurt COBAIN qui n’a pas su gérer le phénomène engendré par son hymne nolife « Smell Like Teen Spirits », en passant par une Kate BUSH aussi sauvage et indomptable que sa musique, ou un Jimmy PAGE touché par la grâce sur sept minutes, vous saurez tout sur ces singles qui ont su se faire une place dans la légende.
Single. Ce mot aussi vaut son pesant d’or. Car le Rock, même si il a su placer le concept d’album au rang d’œuvre indispensable (grâce une fois de plus au BEATLES), raisonne en terme d’urgence, d’immédiat, car comme John LENNON disait : « J’aime les chansons qui durent trois minutes, comme les pubs ! ».
Peu importe que « Stairway To Heaven » dépasse les 7 minutes ou que « Hotel California » étire son solo final jusqu’à plus soif, l’unicité est la règle. Un titre, mais un seul peut créer des icônes. Et sans pour autant ne produire que des one hit wonders.
Alors oui, on peut contester le choix de « Losing My Religion » qui a sonné en même temps la gloire, et la chute de R.E.M, et lui préférer « Radio Free Europe », mais on en parle aussi ! On peut dire aussi que TELEPHONE a tout pompé aux STONES, et que la redondance menace en plaçant les deux groupes au sein du même recueil.
On peut aussi dire que « Monkey Gone To Heaven » des PIXIES aurait mieux symbolisé la scène alternative. Mais nous n’avons pas écrit ce livre. Mais rien ne vous empêche de faire le votre, au contraire.
Et c’est là que ce livre est important, car il nous fait comprendre que nous avons tous notre part à jouer dans ce si beau conte. Peu importe que nous sachions écrire, ou jouer d’un instrument, nous pouvons tous être Rock, car comme le disait feu Kurt COBAIN : « Si vous avez une guitare, et si vous grattez quelque chose avec conviction, vous êtes la superstar. Attrapez un groove et laissez-le se déverser de votre cœur. »

C’est ça le Rock, la sincérité et la conviction. Peu importe qu’on ne puisse s’échapper d’un hôtel en Californie, qu’on soit satisfaits, qu’on ait du mal à se coucher à 5h du matin ou que l’amour nous donne le vertige, nous sommes tous comme une pierre qui roule, et qui tombe au pied d’Eleanor Rigby ou de Melody Nelson, marchant délicatement sur l’escalier pour le paradis, pour enfin atteindre les hauts de Hurlevent, ou juste un autre monde. Et ainsi, marchant sur la Lune, nous perdrons notre religion, pour enfin nous sentir comme des esprits jeunes, et devenir les sultans du swing.

(PS : merci pour ce bouquin Daniel, mais la prochaine fois que tu mises l’avenir du Rock en France sur des noms comme Renan LUCE, Anaïs, Camille, Cali ou Olivia RUIZ, je te condamne à écouter du FLOCK OF SEAGULLS le restant de tes jours.)