Formé en 1973 avec un line-up assez différent, il ne reste pas grand chose du JOURNEY des débuts. C’est que l’eau a coulé sous les ponts ; le Jazz-Rock des premiers albums, puis le Rock progressif ont laissé la place à un Hard Rock mélodique de grande classe.
Pour ce nouvel album, Neal Schon et sa bande ont manifestement décidé de se faire plaisir sans pour autant révolutionner le genre. Le groupe repose sur ses acquits ? Certes, un peu. Mais on ne peut pas en tenir rigueur à une formation ayant joué un tel rôle dans l’histoire du Rock.
Ce qui frappe dès la première écoute, c’est l’étonnante variété de cet album qui va piocher dans différents genres (tout en demeurant dans le registre Rock/AOR). Ainsi on passe du Hard Rock vitaminé de “Out Of Harms Way”, “Better Together” et “The Place In Your Heart” à la Pop/Rock “Believe” (on dirait ENUFF Z’NUFF !), en passant par les ballades “Knowing That You Love Me”, “Butterfly”, “Beyond The Clouds” ; sans oublier le morceau Blues/Rock sudiste “Gone Crazy”.
Cette variété caractéristique est fortement accentuée par l’intervention de plusieurs chanteurs aux lead vocaux. Chaque membre du groupe a ainsi l’occasion de pousser la chansonnette. L’exercice est d’ailleurs plutôt réussi, le batteur Deen Castronovo (sur deux morceaux) s’en tire avec les honneurs en signant le titre le plus chaleureux : “A Better Life”. Quant à Neal Schon, lorsqu’il joue de la guitare, il a tendance à pomper sur Eddie Van Halen, alors il n’est pas surprenant de trouver une ressemblance avec David Lee Roth lorsqu’il prend le micro ! C’est vite pardonné vu que ses licks et phrasés magiques enrichissent remarquablement l’ensemble.
On a toutefois la désagréable impression qu’en dépit de ses qualités, cet album manque de cohérence et qu’à force de jouer sur plusieurs styles, il rate un peu sa cible. Par ailleurs, certains morceaux ont clairement du mal à tenir la longueur : la plupart dépassent allègrement les 5 minutes alors qu’il aurait été préférable de les amputer. Une petite lassitude naît après plusieurs écoutes.
Pour la production, ils ont fait appel à leur vieux copain Kevin Elson qui a travaillé sur tous leurs albums de 1980 à 1983 et qui leur a concocté un son plus brut qu’auparavant. Mike Fraser (METALLICA, AC/DC, AEROSMITH) assure le mixage.