METALLICA : Enter Night (2012)
Auteur : Mick Wall
Traduction : David Perez
Langue : Français
Parution : 20 février 2012
Maison d'édition Française : Camion Blanc
Nombre de pages : 652
Genre : Biographie
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 2357791713
ISBN-13 : 9782357791718
On pouvait faire confiance à Mick Wall, fine plume des légendaires Sounds et Kerrang ! pour nous livrer une autre bio sans artifices et sans complaisance.
Et après le SAB’, le ZEP’ et IRON MAIDEN, l’anglais s’attaque maintenant à ce qui reste sans aucun doute possible comme la dernière légende du Metal moderne, un groupe qui a enfoncé tant de portes que l’on ne compte plus les courants d’air, METALLICA.
Ecrire sur METALLICA, quel pari…Et quel casse gueule possible ! Groupe de nos jours aussi adulé que décrié, c’est le quatuor à prendre avec des pincettes par excellence si l’on ne souhaite pas s’attirer la haine indéfectible de ses fans, pas spécialement réputés pour leur tolérance.
Mais ça, Mick n’en a cure. Il n’est pas à la disposition de nos héros, et il décrit les choses telles qu’elles ne devraient pas être. Tout ça n’est pas sans dommages d’ailleurs….Et si le glas sonne, c’est celui de nos illusions, car c’est un tableau rude qui est peint ici, ou rien n’est tu, tout est su, et les quatre cavaliers de l’apocalypse n’en sortent pas indemnes.
Partant des origines les plus lointaines du groupe, Mick nous narre cette aventure hors du commun en commençant bien sur par la prime jeunesse de nos musiciens, Lars et James en avant évidemment, jusqu’à la tournée du Big4, couvrant ainsi plus de trente ans de musique et d’aventures.
Il connaît le groupe. Pour l’avoir rencontré, vu en concert, interviewé, suivi en tournée…Il a les anecdotes, les coups de gueule, les tragédies, les beuveries, et tout le reste. Le voyage est initiatique, et tout admirateur du combo de l’Ouest américain se plongera dans la lecture de Enter Night, sans jamais essayer de reprendre son souffle. Car ce livre est à l’image de la carrière de James & Co. C’est une course, une course contre la montre, contre le destin, contre les détracteurs.
Les descriptions sont imagées, à tel point que l’on a parfois l’impression de partager avec eux l’appartement des Zazula, et de sentir le vomi de Dave Mustaine. On sent la musique transpirer à travers les pages, et l’on a constamment en tête tous ces morceaux qui ont illuminé notre jeunesse.
Mais comme je l’ai dit précédemment, personne n’est épargné ici. Ni Hetfield, ni Ulrich (surtout lui), ni Mustaine. Car Mick n’a choisi qu’un camp. Le sien. Celui des fans.
On sent bien sur le journaliste derrière l’auteur, et le fan. On comprend très vite que le METALLICA de rêve s’est arrêté sur le bord de la route, cette putain de route sur laquelle Cliff est mort pour rien, pour Mick.
Après ?
Le déluge. Rien à carrer. Les délires de grandeur, le Black Album, Napster, les œuvres d’art de Lars, l’alcoolisme de James, les disques enregistrés à la va-vite et indignes du talent des musiciens.
Car Wall trouve And Justice pompeux, Metallica trop policé, Load indigeste, Reload infâme, j’en passe et des plus crûes. C’est aussi l’avis de bon nombre de fans de la première heure, ceux qui ont connu les prémices, les premiers gigs catastrophiques. Ceux pour qui le dernier album valable fut Master Of Puppets.
Pour Mick, l’âme du groupe n’a jamais été James, ni Lars, qui en furent pourtant les fondateurs. Non, le seul garant de la légende pour lui, c’est Cliff, ses pattes d’éph et ses lignes de basses surréalistes. On sent une réelle admiration pointer pour ce hippie d’un autre age, et une subjectivité qui en choquera sans doute plus d’un. Mais c’est ainsi. C’est son ouvrage.
Il n’empêche qu’avec son style unique, cette façon de rester précis sur des faits tout en donnant l’impression d’une nonchalance distante, Mick Wall nous embarque dans son histoire, secoue nos souvenirs et nous présente une légende telle qu’elle a toujours été. Honnête, sincère, avec ses contradictions, ses faux pas, et ses réussites incontestables. Et c’est tout à son honneur.
Mustaine y retrouve une tribune, James sa rédemption, Lars sa grande gueule, Kirk sa fausse timidité dissimulant avec peine une réelle humilité, Jason ses frustrations, Robert son professionnalisme, et Ron ses souvenirs de jeunesse…Et nous, un groupe que nous aimons maintenant depuis des décennies, que nous chérissons, et qui restera comme le plus grand groupe de Metal, peut être de tous les temps.
Mais à la fin de la lecture, avec toute cette vie étalée sur papier comme on y couche un journal intime, les questions fusent…
Et si ?
Et si Cliff avait refusé la proposition de Lars, et si Lars ne s’était jamais entendu avec James, et si James et Dave avaient vraiment viré le techniquement très limité Danois, et si Dave avait été moins con et accro, et si Jason avait pu placer plus de compo, et si James n’avait pas fait de cure, et si le Black Album était sorti juste un peu trop tard ?
Ainsi de suite…
Nous n’aurons jamais de réponses à toutes ces questions, pas plus dans ce livre qu’ailleurs. Et vous savez quoi ? C’est tant mieux.
C’est le propre des légendes.
Je remercierai juste Mick pour être resté fidèle à son style, de ne pas être tombé dans le piège de l’hagiographie mielleuse, et de nous avoir laissé nos héros tels que nous les avons toujours connus.
Parce qu’au final, c’est ça. C’est le groupe qui nous a un jour offert « One », le plus beau morceau que le Heavy Metal ait jamais produit.
Parce que c’est eux, depuis plus de trente ans. Parce que c’est nous.
We came to see the show. They’re the best, we’re the rest…
…and they made it real you know?
Ajouté : Mercredi 18 Avril 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Blanc Website Hits: 67795
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