HARD ROCK & HEAVY METAL : 40 Années De Purgatoire - Tome 3 (2015)
Auteur : Thierry Aznar
Parution : 15 mai 2015
Maison d'édition Française : Camion Blanc
Nombre de pages : 890
Genre : Encyclopédie
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 2357796898
ISBN-13 : 9782357796898
Après HARD ROCK & HEAVY METAL : 40 années de Purgatoire Tome 1 et 2, Thierry Aznar boucle la boucle sans EPO, mais avec une volonté d'ouverture sans faille et d'exhaustivité appréciable. Si vous avez comme moi dévoré les deux premiers volets de sa trilogie, vous vous jetterez évidemment sur cette conclusion qui si elle garde le ton usuel, va encore plus loin, et frappe encore plus fort.
Les précédents volumes se concentraient sur les classiques purs et durs, les oubliés illégitimes, mais restaient en terrain Hard & Heavy balisé. Cette fois-ci, Thierry a élargi son champ d'action, repoussé les limites stylistiques et temporelles, et nous entraîne dans une aventure commencée à la fin des années 60, et qui perdure encore aujourd'hui.
Au menu, de l'obscur, de l'intimiste, du rare et pas ou peu réédité, du Hard évidemment, du Heavy absolument, mais aussi du Bluesy, du Punk, de l'hybride, du décalé et du Soul, en gros, tout ce qui peut être assimilé ou régurgité sans trop s'aventurer en terre inconnue, quoi que certaines entrées sont difficilement assimilable à un quelconque courant électrique... Et je l'affirme bien haut, c'est une très bonne chose ! Car une fois de plus, Thierry déterre des perles passées à la trappe, les dépoussière, en livre des anecdotes, et nous permet de nous replonger plus de quarante cinq ans en arrière avec ce qui restera une conclusion formidable à un travail de titan.
La plume n'a pas changé, alerte et passionnée, elle se dévore avec avidité, au point que l'on regrette toujours que certaines entrées ne soient pas plus développées. La culture de l'auteur en matière de musique Rock semble sans limites, et loin de se contenter de rapporter quelques lignes extraites de wikipedia, fouille, exhume, et adapte les informations à son style pour apporter une homogénéité à l'ensemble de son boulot.
Mais immergeons nous je vous prie dans le contenu de cette troisième livraison, qui loin d'être redondante comme nous aurions pu le craindre au jugé de l'épaisseur des précédents épisodes, se pose en complément parfait, une fois de plus passionnant.
Pour ce 40 années de purgatoire - Tome 3, Thierry s'est fait le porte parole des mal aimés, des oubliés, des à côtés, des perdus de la mémoire, et sa parole est tout à fait légitime.
Ce nouvel effort brosse cette fois-ci une période beaucoup plus large, puisqu'elle s'étend de la sortie en 1968 de Music In a Doll's House de FAMILY (album qui je le rappelle a empêché les BEATLES d'appeler le Double Blanc du même nom), jusqu'à 2014, et Raise The Veil de ZOE. Entre les deux, vous tomberez sur des gemmes 70's/80's peu connues, et perchées sur les étagères de l'histoire, que l'auteur vous donnera envie de (re)découvrir.
Que trouve on plus précisément dans ces nombreuses pages (dont le nombre à légèrement grimpé d'ailleurs) ? Beaucoup de choses, dont certaines assez inhabituelles. Si la période 68/81 reste fidèle aux goûts de Thierry, les années 80 proposent des choix différents, notamment lorsque le cas de la scène alternative française est abordée.
Certains s'étonneront de ce choix, et hurleront au crime de lèse majesté en voyant mentionnés les noms des SHERIFF, de PARABELLUM, ou même des basques de KORTATU, coincés entre une évocation des oubliés QUARTZ et du duo HUGHES/THRALL. Mais le sieur Aznar vous prévient en préambule, pour finir de raconter une légende, il faut aussi aborder des épisodes plus anecdotiques et qu'on associe pas forcément à l'intrigue de base...
Mais rassurez vous, en dehors de cet aparté Indie hexagonal, le reste colle à la cohérence du reste de la narration antérieure.
Pour cette troisième et ultime fournée, les petits plats ont été mis dans les grands. Comme d'habitude, le cadre de base de chaque chronique est le même, avec les informations d'usage (pochette, année de sortie, cadre, musiciens, titres), une courte présentation, les arguments sur l'album en question, et une ouverture finale sur les années qui ont suivi sa sortie.
Qu'à cela ne tienne, cette fois-ci, ce sont les années 70 qui m'ont le plus passionné. Certes, les années 80 offrent aussi leur lot de bonnes surprises, et vous retrouverez des apartés sur FATES WARNING, PESTILENCE, KINGDOM COME, SLEEZE BEEZ, vous tomberez un peu plus loin sur la vague alternative des 90's, en compagnie de MAD SEASON, LOUDMOUTH, SOUL ASYLUM, et bien évidemment des sorties plus contemporaines, puisque les années 2009 à 2014 sont traitées en détail, puisqu'elles clôturent les précédents ouvrages.
Je parlais des 70's, et je dois avouer que certaines entrées m'ont pleinement satisfaites. Pouvoir relire une prose investie consacrée aux excellents MAMA LION, et la belle Lynn Carey est un plaisir, mais tomber sur les plus obscurs JUYCY LUCY, HEAD EAST, DOG SOLDIER, ou les STORIES est aussi un vrai bonheur, tant leur oeuvre mérite d'être réévaluée d'urgence.
Thierry n'oublie pas en sus des frenchies alternatifs de parler quelque peu du mouvement Punk, et cite volontiers les immortels DEAD BOYS, JOHNNY THUNDERS ou les SAINTS, mais ces références restent mineures et le style de prédilection reste quand même le Hard Rock et ses dérivés directs.
Certes, parfois le propos est assez loin des dérapages abrasifs. Ainsi les cas de WEBB WILDER, des BELLRAYS, ou de SOUL ASYLUM resteront des énigmes pour la plupart d'entre vous, tant leur lien avec le Metal est diffus et difficilement assimilable.
Mais ce qui me plaît le plus dans ce nouveau tome, outre des 70's richement abordées, ce sont ces cas d'école d'albums honnis par la presse et les fans en leur temps, et qui trouvent sous la plume de Thierry une rédemption que j'adore.
Pour exemple, il se pose en défenseur de l'album solo de 1978 de Peter Criss, et il doit bien être un des seuls à le faire, même trente sept ans après sa sortie... Alors que tout le monde vénère l'équivalent d'Ace, Thierry opte pour la versatilité Rythm N'Blues et crooner du batteur félin, et je dois reconnaître que je l'approuve, tant ce disque est riche et attachant, à l'image du pauvre Peter, perdu en ces années là. D'un autre côté, parler de l'album solo contemporain de son ex-acolyte Gene Simmons est aussi paradoxal et drôle, tant celui ci est foutraque et ressemble à un joyeux n'importe quoi...
N'oublions pas pour la petite histoire le très décrié deuxième LP des clones ZEP de KINGDOM COME, ou l'excellent Law Of The Order des mésestimés SHARK ISLAND, et bien d'autres encore... Un seul mot d'ordre dans ces pages: ouverture d'esprit et grand écart, de REO SPEEDWAGON a DRAGONFORCE, ce qui vous montre l'étendue des styles abordés...
Je terminerai simplement, car face à une telle somme de travail présentée en toute humilité par un auteur comme Thierry, la sobriété est de mise. Merci Thierry pour ce boulot gigantesque que tu as abattu, merci de nous avoir donné envie de fouiller un peu plus loin dans le temps et l'espace, d'avoir remis au goût du jour des trésors un peu trop vite oubliés, et de l'avoir fait sans emphase, avec naturel, passion, et simplicité. Quelle joie d'avoir pu dévorer ces trois volumes, qui, et j'ose le dire, sont sans doute le plus bel hommage que l'on pouvait rendre à notre musique de prédilection. Et à très bientôt j'espère pour de nouvelles aventures.
D'ici là, porte toi bien, et longue vie au Hard Rock !!!
Ajouté : Dimanche 16 Août 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Blanc Website Hits: 14254
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