CRADLE OF FILTH (uk) - Paul Allender (Avril-2005)
Après la sortie l’an dernier de leur dernier album « Nymphetamine », les Britanniques du célèbre groupe de Black Metal Cradle of Filth sont de retour sur Paris pour deux dates exceptionnelles. Ce soir, en effet, leur show sera filmé. Avis aux fans, un 5e DVD devrait donc bientôt voir le jour ! (Trop) courte discussion avant le show avec un Paul Allender souriant mais assez pressé… et pour cause puisqu’ils ont plus d’une heure et demi de retard sur le planning des interviews !
Line-up : Dani Filth (chant), Paul Allender (guitare), James MacKillboy (guitare), Dave Pybus (basse), Martin Powell (claviers), Adrian Erlandsson (batterie)
Discographie : Invoking the Unclean (Démo - 1992), The Black Goddess Rise (Démo - 1992), Orgiastic Pleasures (Démo - 1992), Total Fucking Darkness (Démo - 1992), Goetia (Album - 1992), The Principle Of Evil Made Flesh (Album - 1994), V Empire or Dark Faerytales in Phallustein (EP - 1996), Dusk... And Her Embrace (Album - 1997), Cruelty And The Beast (1998), PanDaemonAeon (DVD - 1998), From The Cradle To Enslave (EP - 1999), Midian (Album - 2000), Bitter Suites To Succubi (Album - 2001), Lovecraft & Witch Hearts (Album - 2002), Heavy Left Handed and Candid (DVD - 2002), Live Bait For The Dead (Album - 2002), No Time To Cry (EP - 2002), Damnation And A Day (Album - 2003), Babalon AD (So Glad For The Madness) (DVD - 2003), Mannequin (DVD - 2003), Nymphetamine (Album - 2004), Thornography (Album - 2006), Eleven Burial Masses (Live - 2007), Godspeed On The Devil's Thunder (Album - 2008), Darkly Darkly Venus Aversa (Album - 2010), Midnight In The Labyrinth (Album - 2012), The Manticore And Others Horrors (Album - 2012), Hammer of the Witches (Album - 2015)
M-I Interviews du groupe : Paul Allender (Avril-2005), Dani Filth (Août-2006), Paul Allender (Sept-2012), Dani Filth (Juin-2015)
Crédit Photos : LudoPix.com
Metal-Impact. C’est votre deuxième date à Paris, comment ça s’est passé hier ?
Paul Allender. C’était bon, très très bon mais aussi très chaud. La chaleur était incroyable. C’était assez étrange parce que c’est une chose à laquelle on ne s’attend généralement pas. Il fait rarement cette température. Mais on s’est bien amusé.
MI. Pourquoi deux dates sur Paris ?
Paul. Et bien, pourquoi pas ? [rires] En fait, le premier show était complet et nous nous sommes rendus compte que certaines personnes cherchaient encore des tickets. Donc, nous avons décidé de faire un deuxième soir et de ramener notre équipe vidéo d’Angleterre. La plupart des salles que nous avons faites jusqu’à présent ne sont pas assez hautes pour notre spectacle, c’est encore une raison.
MI. Oui, j’ai entendu dire que vous aviez un grand mannequin articulé…
Paul. C’est assez drôle. Cela ajoute beaucoup au show sur scène. Nous croyons vraiment que pour être un groupe complet, il faut avoir un concert étonnant et ce, quelle que soit la taille du groupe. Presque tout l’argent y est alloué quand nous sommes en tournée. Cela apporte beaucoup à nos fans. Quand ils achètent des billets, ils ne sont pas déçus. C’est pour ça que nous le faisons. Nous essayons d’en faire la meilleure expérience possible pour eux. C’est pour cela que nous faisons tous ces efforts.
MI. J’ai aussi entendu parler de gargouilles…
Paul. Oui, des acteurs enfilent ces costumes et, au début du spectacle, ils se tiennent simplement debout, immobiles comme des statues. Et quand le deuxième morceau commence, elles se mettent en mouvement. Les gens se prennent ça d’un bloc. Ils pensent d’abord que c’est de la pierre et ensuite, ça vient leur couper le souffle, ils sont tous « Oh, mon dieu ! ».
MI. C’est assez rare de voir ce genre de spectacle dans une salle de taille modeste comme l’Elysée Montmartre.
Paul. C’est habituel chez nous. Autant que je sache, nous sommes le seul groupe de cette taille qui fasse ça. Je pense que nous sommes encore un petit groupe ; on ne fait pas de grandes salles. Mais ce n’est pas parce que tu n’es pas un gros groupe qu’il faut ne faire que de petits shows. D’ailleurs les gens s’en souviennent et reviennent, ils achètent les albums, car tu fais un effort.
MI. Tu penses que vous êtes plus un groupe live ou de studio ?
Paul. Les deux. Et j’aime les deux. En fait, j’aime surtout jouer de la guitare.
MI. Tu composes également.
Paul. Oui, j’ai écrit plusieurs titres sur le dernier album.
MI. Mais tu te sens plus guitariste que compositeur.
Paul. Et bien, je compose sur ma guitare, alors… [rires]. Oui, je suppose. Je n’utilise aucune formule musicale particulière quand j’écris. Je ne fais que jouer ce qui sonne bien. Et heureusement, cela me vient assez naturellement. Il passe du temps avant que j’ai un blocage et cela peut me prendre jusqu’à une semaine pour le surmonter. Mais une fois que je m’y suis vraiment remis, que j’ai recommencé à créer, cela coule au point que je m’en fais parfois mal au pouce !
MI. Tu composes parfois en tournée ?
Paul. Non, ça fait trop. Dans le bus, il n’y a pas assez de place. Tu branches l’ordinateur, tu commences à jouer mais tous les membres du groupe t’entourent aussitôt et tu es tout [il se ramasse comiquement sur son siège comme quelqu’un coincé entre plusieurs personnes]. Je préfère faire ça seul.
MI. Comment as-tu commencé la guitare ?
Paul. Après être allé à un concert d’Iron Maiden. J’avais 12 ans et cela m’a décidé à jouer de la guitare. A 14 ans, j’ai commencé à jouer de la basse mais ça m’a vite ennuyé et je joue de la guitare depuis ce jour. Cela fait 20 ans maintenant.
MI. C’est amusant car, quand on pense grand show sur scène, mannequins, on pense précisément Iron Maiden.
Paul. Oui, totalement ! Les concerts d’Iron Maiden et Judas Priest nous influencent énormément car c’est exactement ce que nous voulons faire, ce à quoi nous voulons ressembler. Nous reprenons leurs grands atouts et les tournons en des techniques « Cradle of Filth ». Je pense que ça marche ! Sur une petite échelle, nous essayons d’adapter cela à de petites salles. Bien sûr, nous sommes loin d’Iron Maiden ou Judas Priest avec leurs scènes énormes !
MI. Comment cela se passe t-il avec Moonspell ?
Paul. Bien. Nous connaissons Moonspell depuis 1993. Ce sont maintenant des amis, ce qui est une bonne chose. Sur la dernière tournée, il y avait nous, Type O Negative et Moonspell, c’est chouette. Quand on nous a demandé cette fois-ci qui nous voulions pour l’Europe, on a répondu sans hésiter Moonspell.
MI. The Haunted également ?
Paul. Oui, ils sont avec nous. Ils n’ont malheureusement pas pu jouer très longtemps hier soir à cause de problèmes de caméra… Mais ils tournent avec nous et ça se passe très bien.
MI. Comment tu te sens avant un concert ?
Paul. Je ne ressens rien de particulier ; je suis juste totalement détendu. Certains sont très stressés, à aller aux toilettes plus de 20 fois. J’ai été nerveux à une époque mais plus maintenant, j’ai dépassé ça. Maintenant, quand j’attends en coulisse, c’est exactement comme si je montais directement en scène. J’ai fait ça tellement souvent !
MI. Vous avez des rituels avant de monter sur les planches ?
Paul. On se sert la main en se souhaitant un bon concert. Ça a plutôt l’air de marcher… [rires]
MI. Comment vous vous préparez avant une tournée ?
Paul. On répète tout le temps. Nous aimons répéter beaucoup avant de prendre la route. Habituellement, nous prenons deux semaines à travailler chaque jour, histoire de ne pas partir de zéro. Mais parfois, nous n’avons que deux jours, cela dépend. Nous préférons deux semaines mais nous n’avons pas toujours ce luxe.
MI. « Nymphetamine » est un album très diversifié. Quelles sont les chansons que vous appréciez le plus en live ?
Paul. Nous jouons 4 titres de « Nymphetamine » en live ; « Gilded », « Nemesis » et le titre éponyme « Nymphetamine ». Ce sont toutes de très bonnes chansons live. Nous jouons d’abord l’intro de l’album qui mène à « Gilded » qui elle-même mène à « Nemesis ». Nous commençons chaque concert par ces trois morceaux, ce qui chauffe bien les fans.
MI. Comment choisissez-vous la set-list ?
Paul. Avec beaucoup de difficulté ! [rires] Nous avons tellement d’albums maintenant que cela devient toute une histoire : les gens veulent entendre telle ou telle chanson, de tel album… Quand on a tant d’albums, on a toujours au moins 2 titres de chaque album que les fans considèrent comme « les meilleurs ». Si on les joue tous, la set list est beaucoup trop longue. Et il faut aussi rajouter des nouveaux titres, ce que j’aime bien parce qu’on finirait par s’ennuyer à jouer toujours les mêmes titres. Cette fois-ci on a décidé de tout repenser et nous avons reçu des messages sur Internet disant que le set était vraiment bon.
MI. C’est un processus démocratique ?
Paul. Oui, c’est plutôt démocratique, chacun a son mot à dire mais c’est généralement moi ou Dani qui avons le dernier mot. Tout le monde finit tellement par s’embrouiller qu’il y a un moment où quelqu’un doit taper du poing sur la table et dire « non, nous faisons ça et ça et fermez la, maintenant ! ». C’est comme cela que ça se termine 9 fois sur 10.
MI. Qu’est-ce que tu préfères en tournée ?
Paul. Euh… Je ne sais pas… Mais il y a quelque chose qui m’a frappé cette fois-ci. Il y a eu beaucoup de gens qui sont venus vers moi alors que, d’habitude, ils se dirigent directement sur le chanteur. Maintenant, cela s’étend à l’ensemble du groupe et je trouve ça vraiment très étrange. Je ne suis pas habitué à ça et je n’ai jamais été dans ce système de pensée. J’aime jouer ma musique, composer et tout ce que je fais avec Cradle of Filth mais je prends cela comme un travail. Tout ce truc d’ego et les gens qui viennent te demander des autographes et ce genre de choses, surtout à la sortie des salles de concert, je trouve ça surréaliste. Même quand j’étais gosse, avec les groupes que j’admirais, je n’ai jamais ressenti le besoin d’aller les voir et leur demander de me signer quelque chose. J’ai envie de leur dire « attendez une minute, calmez-vous, je suis exactement comme vous ! Le fait de jouer dans un groupe ne me rend pas meilleur. » Je trouve ça dingue cette façon qu’ont les gens de te mettre sur un piédestal.
MI. Quelle est la qualité que tu apprécies le plus chez les autres membres du groupe ?
Paul. Je pense que c’est notre tour manager qui nous est le plus précieux. Il garde tout sous contrôle. Et je ne fais pas du mauvais boulot pour calmer tout le monde. A moins qu’on ne me donne deux travaux à faire dans un laps de temps stupide. Cela arrive parfois pour la réalisation d’artworks ou de posters pour le groupe. Cela devrait me prendre 3 semaines et ils ne me donnent que 5 jours. Alors là que je m’arrache les cheveux !
MI. Tu disais que tu faisais pas mal de travaux graphiques pour le groupe. Pourquoi pas les pochettes ?
Paul. Les albums sont beaucoup plus évolués qu’ils n’en ont l’air. Cela prend beaucoup de temps et demande beaucoup de travail. Je préfère ne pas le faire. Je m’occupe des T-Shirts, des photos sur les albums, cartes postales, posters… Tout. Jusqu’aux photos pour les magazines. Si tu me mets un bloc à dessin entre les mains, je vais immédiatement commencer à dessiner. Il suffit que les mecs écoutent de la musique dans le fond, n’importe quel groupe et d’un coup « ça y est ! ». Je vais prendre ma guitare, laisser tomber le dessin et commencer à jouer quelque chose. Ce n’est pas nécessairement facile pour moi de faire l’aller-retour comme ça tout le temps.
MI. Si je te dis « musique », à quoi penses-tu ?
Paul. Jazz.
MI. Tu es un grand amateur d’arts asiatiques. Est-ce que cela t’influence en tant que musicien ?
Paul. Absolument pas. Ce serait un peu trop bizarre. J’aime beaucoup de musiciens japonais. Depuis que j’ai 6 ans je m’intéresse à ces cultures. Cela prend une grande importance dans ma vie mais ce serait étrange d’essayer d’intégrer cette influence dans ma musique. Je pourrais peut-être m’y essayer un jour, remarque. Si cela se passe mal, ce sera ta faute ! [rires]
MI. Merci beaucoup pour cette interview, je sais que vous manquez de temps. Je te laisse le mot de la fin.
Paul. J’espère que vous aimerez autant le nouvel album que nous sommes en train d’écrire que « Nymphetamine ». Nous entrons en studio cette année et espérons bien vous revoir lors de notre prochaine tournée.
Ajouté : Lundi 11 Avril 2005 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Cradle Of Filth Website Hits: 31095
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