ESCAPE THE FATE (usa) - Craig Mabbitt (Mars-2013)
ESCAPE THE FATE à l'instar de PAPA ROACH, FIVE FINGER DEATH PUNCH et bien d'autres fait partie de cette nouvelle vague Nu Metal qui déferle sur les Etats-Unis depuis une bonne dizaine d'années et squatte les Charts avec des single plus efficaces les uns que les autres. Contrairement à certains, les musiciens d'ESCAPE THE FATE ne sont pas des anges et ont traversé des épreuves plus que difficiles qui auraient pu leur être fatales. Le qualificatif de Bad Boys leur sied à merveille au regard de leur histoire plus que tourmentée. Ils ont connu les affres de la violence, des paradis artificiels et ont réussi à revenir des abimes de l'enfer encore plus forts que jamais. Une chose est sure, ces expériences malheureuses leur ont permis d'acquérir une sérénité rare pour leur âge. Ces lascars ont déjà vécu plusieurs vies, c'est une évidence lorsqu'on les rencontre, ils ne sont pas là pour faire de l'esbroufe, bien au contraire. Tout commence à Las Vegas en 2005 lorsque Ronnie Radkle, Brian "Monte" Money et Max Green décident de monter un combo du nom de ESCAPE THE FATE ; ils recrutent très vite trois autres comparses, Robert Ortiz, Omar Espinosa et Carson Allen. Ils gagnent un concours radio qui leur permet d'ouvrir pour MY CHEMICAL ROMANCE. Ce concert sera l'étincelle qui leur permettra de décrocher très vite un deal avec le label Epitath. En 2006, ils sortent There's No Sympathy For The Dead, un Ep qui leur permet de se faire remarquer et de se créer un petit following. Quelques mois plus tard, en septembre 2006, ils déboulent avec leur premier méfait Dying Is Your Latest Fashion, qui n'est pas un succès immédiat mais leur permet de partir en tournée à travers tous les USA. C'est le Black On Black Tour, qui porte bien son nom, puisque Omar Espinosa, le guitariste rythmique, quitte le groupe. Mais le fait le plus grave va survenir peu de temps après puisque le chanteur, Ronnie Radkle, va être impliqué dans une rixe où un jeune homme de dix huit sera abattu. Même si Ronnie n'est pas celui qui a tiré, vu son passé lié à des condamnations pour usage de drogues, il sera condamné à cinq ans de prison avec sursis. Malheureusement, notre ami ne respectera pas les obligations de se présenter régulièrement au poste de police et de ne pas quitter son état de résidence. Cette fois-ci, il sera arrêté en juin 2008 et prendra deux ans fermes. Un coup dur pour la gang qui se retrouve, du jour au lendemain, sans personne pour tenir le micro. Leur choix se portera alors sur Craig Mabbitt, hurleur parenté chez BLESSTHEFALL, qui avait ouvert en 2007 pour ESCAPE THE FATE. C'est aussi le meilleur ami de Max Green ce qui ne peut être qu'un plus pour nos américains. Il donne quelques concerts avec eux et rentre très vite en studio pour enregistrer ce qui va devenir This War Is Ours. La galette est une réussite et leur permet de jouer sur de nombreuses dates au pays de l'oncle Sam mais aussi en Europe. Cerise sur le gâteau, ils s'offrent une petite tournée en Australie, de quoi revenir en pleine forme pour s'attaquer à la réalisation de leur troisième opus. Le gang quitte Epitaph et signe avec la major Interscope Records, bien décidés à passer à la vitesse supérieure et ainsi toucher une audience plus large. Pour cela, ils ne lésinent pas sur les moyens et choisissent Don Gilmore (LINKIN PARK, BULLET FOR MY VALENTINE) comme producteur afin de mettre tous les atouts de leur coté. Celui-ci les poussera à innover et à développer leurs morceaux. Il en résulte un opus très sombre et Heavy même si on y retrouve aussi quelques balades. La bombe sortira en novembre 2010. Alors que tout semble se passer pour le mieux, les problèmes récurrents d'addiction de Max Green vont mettre un sérieux frein à leurs ambitions. Ils décident d'annuler leur tournée européenne en première partie de BULLET FOR MY VALENTINE pour envoyer Max Green en cure de désintoxication. Un vrai geste d'amitié qui ne sera pas payé de retour. En effet, le bassiste, dès son retour au bercail, replonge très rapidement dans la drogue et devient de plus en plus ingérable. Il apparaît sur scène dans des états pathétiques et ne parvient plus à assurer ses parties de basse quand il ne disparaît pas complètement sans donner de nouvelles. Il sera remplacé une première fois par Thomas TJ Bell qui assurera de nombreuses dates avec ESCAPE THE FATE. Max reviendra une fois de plus après une nouvelle thérapie qui sera un échec total, il sera immédiatement remplacé au pied levé par Zakk Sandler qui sauvera le navire du marasme. Au final, Max sera éjecté de la formation, le poste étant confié définitivement à Thomas TJ Bell. Après tous ces déboires, les lascars rentrent en studio mi décembre 2011 en compagnie de leur producteur fétiche John Feldmann avec qui ils ont déjà travaillé auparavant afin de revenir à leur son d'origine. On croit alors que ESCAPE THE FATE est reparti sur de bonnes bases et que tout va se passer pour le mieux. Malheureusement, la collaboration avec John Feldmann va cette fois ci s'avérer catastrophique, l'entente ne sera pas au rendez-vous et la moitié des titres enregistrés avec lui finiront à la poubelle. Ils décideront alors de terminer l'album seuls par leurs propres moyens. Cette décision aura pour conséquence un retard considérable qui s'aggravera d'autant plus qu'Interscope Records décidera de fermer leur département Rock, un vrai traumatisme qui laissera des traces. Ils devront une fois de plus se remettre à la recherche d'une nouvelle maison de disque. Ce sera au final Eleven Seven Music qui les prendra sous son aile. Après bien des péripéties, l'opus sortira le 14 mai 2013. Le moins que l'on puisse dire c'est que nos petits gars de Las Vegas, malgré leur jeune âge, trainent déjà derrière eux une réputation des plus sulfureuses. Alcool, drogues, bagarres semblent être leur lot quotidien, à tel point que l'on pourrait croire à une caricature, un vrai manifeste de la débauche. Avec un tel curriculum vitae, il n'en fallait pas plus pour que votre serviteur parte à la rencontre du gang pour en savoir un peu plus sur toutes ces histoires qui leur collent à la peau. Une rencontre atypique avec Craig Mabbitt, chanteur de son état qui s'avère être un garçon fort sympathique, plein d'humour et toujours souriant. Retour sur une carrière chaotique, pleine de rebondissements. Une chose est certaine, c'est que l'on ne s'ennuie pas avec eux ! Magnéto Craig !
Line-up : Craig Mabbitt (Chant), Brian "Monte" Money (Guiare Solo/Clavier), Michael Money (Guitare), Thomas "TJ" Bell (Basse), Robert Ortiz (Batterie)
Discographie : Escape The Fate EP (2005), There's No Sympathy For The Dead EP 2006), Dying Is Your Latest Fashion (2006), Situations EP (2007), This War Is Ours (2008), Escape The Fate (2010), Issues EP (2011), Ungrateful (2013)
Traduction / Retranscription : Erick Laulit
Metal-Impact. Bonjour, c'est la première fois que l'on se voit à Paris. Comment es-tu devenu le nouveau chanteur de ESCAPE THE FATE ?
Craig Mabbitt. C'est en fait assez amusant car ça a été par pur accident, je tentais d'appeler quelqu'un d'autre sur mon portable et en réalité, j'avais composé le numéro du manager de ESCAPE THE FATE qui m'a dit directement que le groupe venait de se séparer de son chanteur et que si je parvenais à me rendre à Las-Vegas, il y avait des chances que ça colle entre eux et moi. Et le reste appartient à l'histoire, tout ça s'est passé en fin d'année 2007.
MI. Ca a été en fait très simple, un réel coup de chance pour toi ?
Craig. Oui, complètement. Je travaillais à l'élaboration d'un autre projet, j'ai appelé le manager, pris l'avion pour Vegas et les musiciens de ESCAPE THE FATE m'ont adoré tout de suite. Tu sais, pendant un moment il y a eu une période où j'ai suggéré aux autres musiciens de retenter leur chance avec Ronnie Radke car, lorsque les groupes changent de leader, c'est très dur pour eux de réussir par la suite. Alors je leur ai dit que si ça ne marchait pas, il ne faudrait pas me blâmer et ils ont donc donné une nouvelle fois sa chance à Ronnie Radke ! [Rires] ... Du coup ils m'ont renvoyé chez moi. Là, je me suis engagé auprès d'un autre groupe durant le mois en cours et environ une semaine avant le début des répétitions de leurs prochains shows, j'ai reçu un appel me demandant de rentrer à Las-Vegas et d'assurer le prochain concert. Puis j'ai fait le suivant et ainsi de suite et au détour d'une interview après un concert, on a demandé aux autres alors vous avez Craig comme remplaçant c'est quoi le binz et ils ont répondu : "Non ce n'est pas un remplaçant, c'est notre nouveau chanteur officiel" et je le suis depuis ce moment.
MI. Comment s'est passé l'intégration au sein de ESCAPE THE FATE, est ce que ça a été simple en sachant que le groupe a été impliqué dans l'assassinat d'un jeune de dix huit ans ?
Craig. Oui, l'intégration fut assez simple car j'avais déjà fait une tournée avec eux en compagnie de mon ancien groupe BLESSTHEFALL et on venait de rentrer de tournée ensemble. Tu sais, Ronnie Radke et moi étions devenus les meilleurs amis du monde au fil du temps que nous avons passé sur les routes. Il était déjà en pleine tournée quand cette histoire a éclaté, on avait déjà entendu parler de lui à cause de ses problèmes de drogues avant mais là tout était au beau fixe. Et puis il a eu de nouveau un problème de drogue que nous ne pouvions plus cautionner. Ce qui est fou, c'est que je comprends la frustration de notre ancien chanteur maintenant, car si tu regardes le groupe maintenant encore une fois, nous avons un nouveau bassiste, ceci dû aux mêmes problèmes de drogues que Max, notre ancien bassiste, avait. Ce que je veux dire c'est que j'enragerais aussi de voir que mon meilleur ami, dans un groupe que j'ai démarré ; qui a eu les mêmes problèmes d'addiction que j'ai connu ; de constater que lui, soit sur scène à jouer auprès d'un nouveau chanteur alors que moi je serais mis au rencart. Ca me ficherait la rage [Rires] ...
MI. Justement, Max votre ancien bassiste a quitté ESCAPE THE FATE, que s'est-il passé ? Est-ce que c'est lié aux problèmes de drogues ?
Craig. Pour être franc oui. Le groupe soutient toujours que c'est Ronnie qui avait un problème de drogue et que c'est sa faute s'il déambulait dans le studio complètement shooté. Maintenant tout est rentré dans l'ordre car il est clean et que tout va pour le mieux pour lui. Apparemment, notre bassiste n'a jamais réussi à se sevrer mais ça ne fut jamais réellement un problème car ce n'était pas un con, c'était un mec bien alors ça se passait dans de bonnes conditions tout de même. Tu peux faire tout ce que tu veux du moment que tu fais le taf correctement. Mais Max s'endormait en pleine répétition ou n'était pas en mesure de suivre les partitions, on a donc patienté un an puis nous l'avons envoyé en cure de désintoxication et on a pris un bassiste remplaçant pour le reste de la tournée. Quand nous l'avons finalement récupéré, pour vérifier son état, nous avons refait des dates avec lui mais il n'était pas apte à reprendre la basse et nous a faussé compagnie avant notre plus gros show, sans rien dire, il avait tout simplement disparu et lorsqu'il est finalement réapparu, notre batteur Robert Ortiz lui a dit de dégager car il n'en pouvait plus. C'est comme ça que Thomas "TJ" Bell qui l'avait remplacé durant sa convalescence, est devenu notre premier choix et membre permanent de ESCAPE THE FATE.
MI. Ce qui est incroyable c'est que vous décidez de l'attendre et vous annulez certaines de vos dates en Europe où vous deviez jouer en ouverture de MY BULLET FOR MY VALENTINE ?
Craig. ... Qui était sur cette tournée...
MI. C'est une belle preuve d'amitié !
Craig. Long Silence... Il désirait aller en cure de désintoxication. On lui a donc dit oui tout ce que tu veux, on aura d'autres tournées, du moment que cela t'aide, ça aide le groupe également. Et après, une fois de retour, il a fait une interview où il a déclaré que nous lui avions sauvé la vie et puis il s'est effondré par terre complément défoncé ! Ce fut incroyablement gênant pour nous. J'aurais vraiment beaucoup aimé qu'il aille mieux ou en tout cas assez bien pour continuer avec nous mais quoi qu'il arrive le show doit continuer. Si le show ne continuait pas, nous ne serions même plus un groupe aujourd'hui et nous ne sortirions aucun album.
MI. Les arrêts, les reprises, l'attente, penses-tu que toutes ces annulations ont eu des répercussions sur la carrière de ESCAPE THE FATE ?
Craig. Oui, indubitablement. Si, tout cela ne s'était pas produit, s'il avait recouvré ses facultés, je ne sais pas où en serait ESCAPE THE FATE à présent. Peut-être serions-nous au top. Si nous n'avions pas annulé la tournée, si nous n'avions pas eu de problèmes récurrents peut-être serions-nous en pleine promotion de notre nouvel album, qui-sait ? [Rires] ... La seule chose dont je suis persuadé c'est que tout cela a irrémédiablement freiné le groupe dans sa progression, assurément.
MI. Maintenant c'est Thomas TJ Bell qui assure les parties de basse, le connaissais-tu avant ? Est-ce que c'est un ami à toi ?
Craig. Je le connaissais car son groupe était en tournée avec nous quand Max s'est évanoui et s'est effondré sur scène. Ces dates survenaient après sa cure mais je lui ai dit qu'il devait rentrer chez lui, se remettre en question et récupérer au niveau santé. Thomas l'a alors remplacé au pied levé durant son absence car il était là, avec nous lors des dates que nous assurions. Après cela Thomas TJ nous a accompagnés en Australie pour un show et à son retour, son groupe l'a congédié car il devait partir en tournée avec eux ! [Rires] .... Il leur avait dit je vais aller en Australie avec ESCAPE THE FATE et est parti tout de suite avec nous. Eux, du coup lui ont répondu que ce n'était pas la peine de revenir. Par la suite, nous avons dit à TJ qu'on était vraiment désolés qu'il se soit fait jeter de son groupe mais à ce moment on n'avait pas exclu Max et on lui a dit qu'on allait le rappeler, on était navrés. On s'était servis de TJ, on l'avait fait s'exclure de son groupe et on a juste su lui dire désolé mais rentre chez toi à présent. On rappelle donc Max et là, il disparait de nouveau et je me souviendrai toujours de TJ s'étant rendu sur l'une de nos dates, venant nous voir et nous dire : "alors vous ne m'avez pas laissé rester dans le groupe, vous refaites appel à Max et il n'est même pas présent aujourd'hui ?" [Rires] ... Et nous lui répondant : "Oui, oui, c'est vrai et on ne sait même pas où Max se trouve" [Rires] ... Il y a plusieurs interviews qui sont parues sur le web et durant lesquelles on me disait : "j'ai vu que Max était là !" Et moi j'avais complètement occulté que pendant la première semaine d'interviews je devais donner le change avec des phrases comme : "Oui, il ne se sent pas bien aujourd'hui, il est malade" La vérité était que personne ne savait réellement où il se trouvait, nous n'en avions aucune idée. Par un heureux hasard, on avait un ami qui passait par là, qui avait déjà joué avec nous en remplacement de Max et qui appartenait lui aussi à une autre formation et il nous a dit qu'il assurerait les parties de basse pour nous sur ses dates, qu'il participerait à cette tournée et nous avons fini par être amis avec lui et son combo.
MI. Oui, maintenant il y a plus d'unité, on ressent une certaine impression de sérénité par rapport à avant et les nouveaux morceaux sont très efficaces et aussi très mélodiques !
Craig. Dieu merci, Robert Ortiz et Monte (Brian Money) sont toujours là et c'est eux qui composent depuis le début, ils sont à l'origine de la naissance de ESCAPE THE FATE. Monte et moi, sommes les principaux auteurs du groupe depuis que je les ai rejoints. J'ai beaucoup travaillé sur l'avant dernier album. Alors dieu merci, nous possédons toujours le noyau dur qui écrit toutes les chansons d'ESCAPE THE FATE car si nous les avions remplacés ... Disons juste que si on avait changé de guitariste et conservé le même bassiste, notre sonorité serait tout autre actuellement.
MI. Est-ce que l'écriture et l'enregistrement de Ungrateful a été facile ?
Craig. Ca a été simple et ça n'a pas été aussi simple que l'on pensait. La mauvaise passe fut de terminer l'album avec le producteur avec qui on travaillait et à la fin de ne pas être satisfaits ne serait ce que de la moitié des titres, je n'avais pas l'impression que l'on aimait vraiment les chansons. Nous avons donc tout balancé à la poubelle. C'était du genre : "L'album est terminé ! Non, l'album n'est pas terminé." [Rires] ... Du coup on a balancé la moitié des chansons et on s'est envolés pour travailler avec un autre producteur en plus du précédant. Et à la fin de la journée on s'est demandés pourquoi faire le tour de monde et payer un mec pour qu'il nous dise ce qu'il pense de notre musique et nous balancer : "Voilà ce que vous devriez faire les gars !" On sait ce qu'on veut. On alors contacté un studio, engagé un ingénieur du son, un mixeur et on a simplement refait la moitié finale de l'opus absolument seuls. La chanson titre de l'album "Ungrateful", et bien celle-là et quelques autres comme "You're Insane" n'étaient pas présentes au départ. Il y a tout de même six chansons en plus qui n'étaient pas sur la première version d'Ungreatful et voilà donc pourquoi son processus de conception a pris aussi longtemps.
MI. Vous avez travaillé avec John Feldmann ?
Craig. ...Oui...
MI. Finalement tu n'es pas satisfait du résultat ?
Craig. Oui, à la fin de la journée on n'était pas content des chansons. Feldmann est le producteur avec lequel on a commencé l'album, il a enregistré les premiers titres avec nous c'est pour ça qu'il est crédité mais pour le reste on est allés enregistrer le reste des nouveaux morceaux seuls.
MI. Pour toi quelles sont les différences entre cet album et le précédant ?
Craig. Pour moi, ce qui diffère réellement entre le précédant et l'actuel opus c'est que pour le dernier, nous avons expérimenté un maximum et nous sommes partis dans une toute autre direction, ce qui peut expliquer que celui-ci puisse sembler plus sombre, lourd, industriel ou électronique. C'est notre guitariste Monte qui a choisi de s'aventurer dans cette voie car quand je les ai rejoints, j'aimais écouter du KORN ou ORIGIN et tout un tas de groupes comme ça. Et un jour, il m'a demandé si cela me gênerai qu'il écrive des chansons du même style et je lui répondu que non, qu'on faisait partie d'ESCAPE THE FATE et qu'à ce titre, on pouvait faire ce que bon nous semblait. C'est la raison pour laquelle il a composé dans cette veine. Mais Ungrateful me donne l'impression que nous nous sommes retrouvés à nouveau, comme sur le premier album où j'ai assuré le chant : This War Is Our, pour moi il incarne This War Is Our après la puberté, un pas dans la bonne direction en quête d'évolution, je pense qu'il est plus mature.
MI. Te sens tu mieux au chant après 4 ans, depuis ton premier album avec eux ?
Craig. Oui, clairement...
MI. Penses-tu apporter quelque chose de différent comparé à ton prédécesseur ?
Craig. Oui, je crois. Je pense que je dois amener quelque chose sinon comment serais-je la ? Encore présent et ayant eu l'opportunité de le faire durant toutes ces années. J'ai commencé quand j'avais seize ans, je vais sur mes vingt-six et c'est passé comme une nuit d'été alors que ça fait dix ans déjà que je suis musicien.
MI. Dix ans, tu as commencé très jeune en fait ! [Rires] ...
Craig. ... Je le suis encore, mais... [Rires]
MI. Tu as débuté à Las-Vegas ?
Craig. En fait j'ai commencé à Phoenix pour être exact.
MI. A Phoenix, d'accord !
Craig. J'ai donc commencé il y a dix ans, je suis encore très jeune... il y a un truc qui doit fonctionner...
MI. Vous avez changé beaucoup de maisons de disques, pourquoi avez-vous quitté Interscope Records, vous n'avez pas été satisfaits de leur façon de travailler ?
Craig. Ca n'a rien à voir avec notre satisfaction. Interscope Records a juste décidé un beau matin qu'ils arrêtaient du faire du Rock, ils ont donc laissé tomber tous les groupes de Rock, virés entièrement tout le département Rock et c'est allé très loin puisque la personne qui nous avait signé chez eux, c'est elle-même fait licencier. Plus de Rock chez Interscope Records, et j'étais là : "Quoi,... Mais il se passe quoi, je croyais que c'était un très gros label, que c'était le retour et la résurrection du Rock" Et en fait non, tout t'exploses à la figure et eux ils sont là à te dire : "Non, ce n'est pas grave, c'est uniquement qu'on en a fini avec ça et le rock". Et tout le monde se dit : "Hein ?". En fait personne n'a rien compris à ce qui s'est passé. Mais on est heureux d'être chez Eleven Seven Music où il y a déjà plusieurs grands groupes avec des carrières solides derrière eux.
MI. Ce fut simple de retrouver un nouveau label ?
Craig. Oui, cela s'est joué entre Eleven Seven Music et un label du nom de Razor And Tie. Après, pour nous le groupe qu'on voulait devenir et la voie qu'on voulait suivre s'inscrivait mieux dans le projet et la démarche de la famille d'Eleven Seven Music.
MI. Vous êtes donc heureux chez ce nouveau label. Vous apporte-t-il tout ce dont vous avez besoin ?
Craig. Jusqu'à présent nous n'avons toujours pas sorti d'album chez eux donc on attend de voir. Lors de sa parution, on verra comment ça se passe et puis aussi durant la promotion de Ungreatful, comment le label va s'affairer autour de nous.
MI. Vous avez fait votre premier show après un long break à Hollywood en janvier, comment était-ce ?
Craig. J'aurais aimé avoir eu la possibilité d'effectuer plus de shows avant celui-ci. [Rires] .... Le concert d'Hollywood a été filmé pour figurer en bonus sur le cd. Alors quand tu achèteras l'Edition Deluxe, tu auras le live d'ESCAPE THE FATE au Roxy à Hollywood en plus. C'était notre première sortie majeure depuis un an et demi, la première fois qu'on interprétait nos nouveaux morceaux; tout a été capturé sur caméras et tout le monde peut voir ça maintenant. Apres un an et demi sans concert, c'est notre première interprétation du répertoire, c'est très rare, très vrai, je crois que cela se voit que j'étais un peu déçu ! Car j'aurais voulu avoir plus de temps pour préparer ce concert. Tu sais, c'était notre retour après plus d'un an sans scène et on nous dit que tout va être filmé et là je me dis : "Oh, non !". Et ça se voit qu'on essaye de se rappeler à la mémoire de nos fans d'une façon décalée et de se remettre dans le bain car on a passé tellement de temps en dehors de la scène. Donc on était très inquiets mais on nous a dis que le public devait voir la réalité, quelle soit positive ou négative, ils avaient envie de constater ce que valait ESCAPE THE FATE. Donc on l'a fait avec les risques que ça comportait.
MI. C'était un cadeau pour vos fans ? Tu t'es bien éclaté ?
Craig. Non pas vraiment ! Quand j'ai assez répété un morceau après un certain nombre de fois je me sens à l'aise et je sais comment l'aborder sur scène, je sais comment chanter de telle ou telle façon les nouvelles chansons ! Mais là c'était la première fois qu'on jouait des nouveaux titres en live je n'avais aucune idée de la façon de les interpréter. J'étais mal à l'aise et pas vraiment préparé je crois.
MI. Vous avez tourné un clip avec story-board très violent, pourquoi avoir mis toute cette violence en image ?
Craig. Oui, j'ai écrit le concept à partir d'évènements arrivés pour moitié à ma propre personne et pour l'autre moitié de choses concernant des personnes que j'ai vu passer par certaines expériences très difficiles. Tu sais, on me taquinait à l'école, à la maison j'étais la tête de turc de mon père et il finissait toujours par me battre puis je m'énervais et je frappais à mon tour mon petit frère. Ce ne sont que des problèmes domestiques mais on voulait montrer toute la brutalité qui entoure ces cas car, pour certains, ça devient plus grave que ça. Dans le clip justement, on donne l'exemple de gens qui ont mis fin à leur vie car c'était trop à endurer pour eux. On veut faire passer un message et dire à certains qu'ils ne sont pas les uniques victimes à vivre ces situations. Moi j'ai envie de dire : "tu n'es pas tout seul". Je veux donner aussi une note d'espoir parce qu'à la fin ça s'arrange, je veux dire à tous que tu peux changer les choses, rien n'est immuable, il n'y a pas de fatalité. Tu sais, chacun d'entre nous agit d'une certaine manière à causes de raisons particulières. Si un gosse me cherche tout le temps, c'est qu'il doit vivre des expériences difficiles. Mon rôle c'est d'essayer de le comprendre, tendre l'autre joue et toujours se rappeler que ça importe peu ce que les autres pensent de toi. Je préfère essayer de faire des choses bien et donner de l'espoir.
MI. As-tu souffert de cette violence lorsque tu étais plus jeune ?
Craig. Oui, j'en ai souffert étant petit et même maintenant aussi j'éprouve cela dans certaines situations. Lorsque j'essaye de surpasser la personne que je suis, c'est d'autant plus facile avec les sites web de ragots ou lorsque tu deviens le nouveau chanteur d'un groupe on t'insulte et on n'a aucun respect pour toi. Même maintenant, certains internautes me disent : "Va te faire mettre, tu ne devrais pas être là !". Je dois prendre du recul et prendre conscience que cette personne est un être humain très triste, que je ne laisserai pas ces propos me toucher, que ça n'a juste aucune importance. C'est comme cela que tout le monde devrait réagir.
MI. Qu'as-tu envie de dire aux fans français qui vont découvrir Ungrateful ?
Craig. Merci et continuez de nous écouter. J'espère vous voir au concert à Paris et on va se créer ensemble de nouveaux souvenirs.
MI. Merci beaucoup Craig...
Craig. Merci à toi !
Ajouté : Samedi 14 Septembre 2013 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Escape The Fate Website Hits: 17222
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