JEX THOTH (usa) - Glazart à Paris (22/09/15)
Groupes Présents au concert : STONEBIRDS (FRA), ÖFÖ AM (FRA), JEX THOTH (usa)
Date du Concert : mardi 22 septembre 2015
Lieu du Concert : Glazart (Paris, France)
Crédit photos : Nessie Spencer
Incontournable parisien pour les concerts Stoner, Doom et Sludge, les Stoned Gatherings, qui fêtent leur cinquième anniversaire reçoivent ce soir trois groupes à l'identité forte. Trois groupes qui ont développé un univers musical bien à eux. Du Sludge breton avec STONEBIRDS, du Stoner languedocien avec ÖFÖ AM et le Doom US de JEX THOTH... Toute la palette du fuzz est convoquée pour la soirée !
"On est les STONEBIRDS et on vient de Quimper".
C'est la première visite de STONEBIRDS aux Stoned Gatherings et la petite foule qui se masse peu à peu devant la scène assiste à une belle prestation. Les trois bretons jouent une musique très écrite qui ne laissent pas de place à l'improvisation. Pour ce beau live, le gang interprète la plupart des morceaux de son dernier album, Into The Fog And The Filthy Air (sorti en juillet 2015). Le live est la restitution exacte de la version studio. Les mecs ne trichent pas et on peut féliciter l'ingé son qui fait un super boulot pour mixer aux petits oignons la musique du trio. Il y a bien quelques passages où la guitare et la basse se brouillent mutuellement dans un amalgame massif, mais c'est plutôt la faute au puissant reverb qui avale toutes les sonorités du groupe avant de nous les restituer dans un magma boueux d'où émergent parfois l'échappée de la guitare, le tintement d'une cymbale ou l'écho lointain du chant de Fanch (guitare) et Sylvain (basse). C'est d'ailleurs déroutant de voir Sylvain hurler comme un malade dans son micro et de n'entendre que ce sourd grondement étouffé.
Le set se termine par un morceau sans nom du prochain album (en préparation). Un peu plus agressif, un peu plus violent, mais toujours 100% Sludge. Après le concert, Fanch me confirme que le prochain projet est de la même veine que Into the Fog..., mais plus violent et plus dur. Le groupe souhaite l'enregistrer dans le même studio (un ancien pensionnat) et essaye actuellement de réunir l'argent nécessaire.
"On n'a pas grand chose à dire, c'est pour ça qu'on n'a pas de micro".
Le deuxième groupe de la soirée, c'est ÖFÖ AM ; un power trio montpellierain qui joue du Stoner instrumental. Contrairement à sa déclaration introductive, Chris (basse) multiplie les apartés entre deux morceaux. Il est "super content d'être là", il est content d'avoir rencontré STONEBIRDS, il trouve Jex Thoth "super mignonne"... il en a des trucs à raconter finalement. Mais il ne chante pas. Et c'est dommage, car il manque justement un peu de chant au set pour être vraiment sympa. Car, la faute à une balance un peu déséquilibrée, les morceaux ont une fâcheuse tendance à tous se ressembler. Ce n'est ni un défaut d'énergie, ni un manque d'enthousiaste, les trois musiciens se donnent à fonds et envoient du lourd. La rythmique construit un mur de gras que la guitare d'Antoine décore avec des échappées psychédéliques. Mais l'ensemble manque de variété. Ce qui fait la force du son du gang sur ses méfaits studio, cette construction psychédélique protéiforme, le groupe ne parvient pas à le reproduire sur scène ce soir. La rythmique est reléguée à un arrière plan massif et le set devient un numéro de soliste à la guitare ou d'interminables intros monochrome débouche sur un petit solo, sympathique mais sans plus.
Arrive la tête d'affiche de la soirée, le gang Doom JEX THOTH. La scène est chichement éclairée par six bougies plantées dans des tas de cornes de cerf. L'éclairage est complété par deux spots diffusant une lumière violette et rouge. Dans cette pénombre enfumée, on devine plus qu'on ne voit les musiciens qui s'installent en silence. Sans un mot ni un regard pour le public, ils entament une longue intro où les nappes de clavier et les riff lourds sont juste écornés par un tremblement de cymbale, un chuchotement de caisse claire ou le bruissement chuintant d'une maracas. Entre en scène Jex Thoth, la chanteuse qui donne son nom au groupe. Tordue, crispée, vêtue d'une une ample toge noire aux larges manches. Le chant cristallin de la frontwoman vient alors ajouter une nouvelle note à la mélopée. C'est comme une messe noire. Un rituel. C'est d'ailleurs l'impression recherchée par le combo dont le talent pour la mise en scène et l'atmosphère est indéniable. Les trois musiciens jouent leur partie, quasi immobiles, dissimulés derrière la jungle de leurs longues crinières. Seule Jex Thoth insuffle un mouvement au tableau. Très mobile, la chanteuse virevolte, sa longue cape noire soulignant chaque mouvement. Son chant posé et calme vient contrebalancer l'espèce de fièvre qui semble s'être emparée de tout son être. Le quatuor, tout à sa scénographie, reste hermétiquement enfermé dans les limites étroites de la scène, ne brisant jamais la paroi de verre qui le sépare du public. Jex Thoth demeure imperturbable dans son rôle de grande prêtresse, comme si un mot, un remerciement, un sourire ou même un regard pouvaient briser le charme.
Les trois premiers rangs sont conquis, aspirés dans la transe. En phase avec le groupe, ça dodeline mécaniquement de la tête, car le Doom langoureux des américains incite plus à la torpeur et à un headbang au ralenti qu'à des danses de furieux. Vu de l'arrière salle, cette masse sombre hérissée de têtes qui branlent doucement dans la pénombre rougeâtre a des relents inquiétants de cérémonie vaudoue.
Hélas, toute l'assistance n'est pas envoûtée. Une partie du public est restée à la porte de l'église. Il y a les sceptiques qui trouvent que cette grosse farce à base de sorcière messianique et de papier d'Arménie va un peu trop loin. Ceux que le délire visuel et l'ambiance de marigot n'émeuvent pas et que la musique lascive en entêtante, partie intégrante du show mystique des américains, finit par endormir. Mais à de rares exceptions près, les contempteurs subissent le set sans troubler l'expérience des laudateurs. Les plus patients apprécient une soirée découverte, les autres s'exilent sur la plagette où un food-truck sert des sandwich vietnamiens.
C'est aussi ça, les soirées des Stoned Gatherings, on vient soit en fan inconditionnel, soit en curieux ouvert d'esprit. On sait qu'on n'aimera peut-être pas tous les groupes, mais on fera sûrement de belles découvertes, on retrouvera des potes pour discuter à bâtons rompus des dernières sorties autour d'une bière et on prendra une bonne dose de fuzz dans une salle agréable et bien sonorisée. C'est déjà pas mal, non ?
Ajouté : Mercredi 30 Septembre 2015 Live Reporteur : Rivax Score : Lien en relation: Stoned Gatherings website Hits: 11112
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