La moindre des choses que l’on puisse dire de DISASTER, c’est qu’ils ont des trucs à revendiquer. Revendiquer et plus si affinité : dénoncer. Concept plutôt étonnant pour un groupe de Grindcore : le livret ne nous aide pas vraiment à la compréhension des vocaux 100% pur porc mais expose la logique de l’écriture de chaque titre par un texte exprimant assez explicitement leur vision des choses. Et si vous n’avez pas encore compris que le système va en prendre plein la gueule, la pochette est faite pour le rappeler. De l’enfant-soldat à la mosquée en passant par le canon d’un Panzer et l’escadron militaire, tout y est... Et le logo « Parental Adversary – Explicit Containt » ne doit son absence qu’a une autre absence… celle de la clarté dans le chant de Ben. Ils viennent de Mantes-la-Jolie et ils vont vous balancer les quatre vérités au visage. Vous êtes prévenus !
En avant la musique ! The Battle Escalates démarre avec « Thus Spoke Zarathustra ». La référence nietzschéenne est sympa mais vous ne nous ferez jamais croire que vous êtes des poètes les gars. Non, à la manière dont vous jouez, vous êtes plutôt des bouchers taborites dépeçant des utraquistes. Pas de place pour la pensée unique, pas de place pour l’oxygène. Je ne suis pas très doué en religion musulmane, mais suffisamment pour affirmer que la prière d’un imam qui résonne en introduction dénonce les méfaits des croyances culturelles. Elle est surplombée d’un Grind limpide et radical. A vrai dire, DISASTER fais preuve d’un professionnalisme étonnant en ces premières minutes. Inutile de dire que « Pedophile Executioner » et « Ghetto Djeuns Vs Nazi Squad » abordent des sujets aussi graves que la voix de Ben et à la hauteur de la bestialité de leur son. Il n’est pas rare de trouver quelques samplers qui truffent cette pépite comme un extrait de discours d’Hitler ainsi que le passage radio de Le Pen évoquant « un détail de l’Histoire » en parlant des chambres à gaz sur « Molesting The Fanasiscm » et les histoires de « karcher » et de « racaille » de notre président sur « Ssarkkkonazi » (« SS » pour Schutzstaffel, « KKK » pour Ku Klux Klan je présume ?). Enfin, ces paroles ont suffisamment faite l’actualité pour ne pas, de surcroît, disserter dessus pendant des heures. Musicalement, il y’a toujours cette petite oscillation entre Grindcore (« Kill Your Idols ») et Brutal Death (« Black Box Lobotomy », « Gateway To Lunacy ») qui se fait sentir dans les riffs. Techniquement irréprochable, ce disque souffre tout de même un peu de la richesse de la scène avec cette facette « d’autres l’ont fait avant, en mieux et d’autres le feront après, en mieux ». La production est somme toute correcte même si davantage de lisibilité n’aurait pas été de refus. Dernier point qui me parait essentiel, Titi (basse et co-auteur des lyrics-concept) joue un rôle prépondérant dans la qualité finale, avec quelques solos éparses mais efficaces et une constante présence en soutien de Bif (guitare) et Sangli (batterie). Une petite demi-heure et puis s’en va. C’est la somme du travail fourni sur The Battle Escalates. Mais avant de nous quitter, DISASTER prend soin de nous dire « au revoir » avec « Forgotten Conflict Children » sur laquelle apparaît Peporc et ses cordes vocales, plus graves, qui apportent leur lot de fraîcheur sur l’une des toutes meilleures pistes de la galette.
Avec The Battle Escalates, vous possédez une arme de destruction massive entre les mains. Il y’a en plus cette facette « groupe français engagé », comme l’a été TRUST auparavant parmi tant d’autres qui fera passer DISASTER pour des chouchous aux yeux de certains. Pour moi, c’est un beau pari sur l’avenir et il est évident que c’est de ce genre de groupe dont manque la scène française !