ANGRA (br) - Aqua (2010)
Label : SPV
Sortie du Scud : 27 septembre 2010
Pays : Brésil
Genre : Heavy Metal progressif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 53 Mins
Un nouvel album d'ANGRA impose toujours un peu de fébrilité, tiraillés que nous sommes entre le fol espoir de les voir renouer avec leur grandeur passée, et l'impression de gâchis que ce monument autrefois incontournable nous inspire depuis le split.
Ce sentimentalisme énervant persiste, d'autant plus fort à chaque sortie, et surtout depuis Aurora Consurgens qui a déçu unanimement fans et médias. Le dernier passage des brésiliens sur une scène parisienne pour les 25 ans du groupe en 2007 n'a fait qu'appuyer là où tous les amateurs avaient mal...
Notons que Ricardo Confessori, le batteur originel, qui avait rejoint SHAMAN après Fireworks, est venu remplacer Aquiles Priester cette année, alors que des rumeurs envoyaient ANGRA aux oubliettes, une décision d'arrêter qui aurait presque paru logique.
Et pourtant Aqua qui voit le jour dans une relative discrétion, marque bel et bien le retour du quintet après 4 ans de disette. Inspiré par « The Tempest », la pièce de William Shakespeare, ce concept-album commence comme souvent par une intro typique du genre, avec sons de cloches, choeurs virils et orchestrations grandiloquentes. « Arising Thunder » qui ouvre les hostilités, ne réserve aucune surprise, le titre, assez bon par ailleurs, étant disponible sur le myspace du groupe depuis un moment. « Awake From Darkness », toujours assez speed et au refrain plus inspiré que le morceau inaugural, comprenant en outre un joli break au piano et violon, entretient pendant quelques minutes une drôle d'illusion, selon laquelle le quintet serait revenu à un heavy plus traditionnel, rattrapé par le souvenir de ses premiers opus. Mais la suite nous imposera une toute autre réalité.
« Lease Of Life » est la belle surprise de Aqua. Sorte de fausse balade à tiroirs, et une jolie mélodie, ce titre est remarquable par l'atmosphère qu'il parvient à installer, et assez rare, ANGRA se livrant plutôt peu à ce type d'exercice. Et si le début de l'album laisse imaginer une suite digne d'un renouveau, la seconde partie s'avère pour le moins déroutante. La musique du groupe prend une dimension progressive déjà entrevue sur Aurora Consurgens, mais assez poussée pour rapidement faire perdre le fil du disque.
La maîtrise instrumentale est exceptionnelle et Kiko Louleiro et Rafael Bittencourt s'en donnent à coeur joie, mais au service de compositions extrêmement compliquées, où la mélodie reste secondaire... et le plaisir de l'auditeur avec. On s'accroche certes aux soli de guitares, aux interventions toujours bien vues d'instruments acoustiques, d'influence locale et de tradition ethnique. Le tout est teinté de sonorités sud-américaines, exotiques, parfois tribales, le retour aux percussions de Confessori y étant certainement pour beaucoup. C'est bien exécuté, mais trop peu accessible.
Des titres comme «A Monster In Her Eyes » ou « The Rage Of The Waters » n'ont pas la puissance et l'impact qu'on en attend. « Ashes » est un vrai pétard mouillé, qui malgré une belle intro ne démarre jamais vraiment. A force d'attendre le thème marquant ou le couplet qui accroche, on se lasse réellement et l'écoute devient presque pénible. Tout cela manque foncièrement de punch, d'intensité, de profondeur. La prise de risque est là toutefois : « Hollow », avec ses riffs curieux, ses rythmiques syncopées et sa structure audacieuse est assez surprenant, sans toutefois qu'on l'aime assez pour se la remettre. Le chant d'Edu Falaschi y est par ailleurs assez énervant, comme sur la majorité du disque, où il apparaît assez forcé.
Peut-être trop enfermé dans un concept qui guinde l'album et affadit l'ensemble, ANGRA développe jusqu'au bout une histoire sans réel climax, et dont les péripéties n'entretiennent qu'un relatif ennui. Ce retour aquatique est noyé dans la fadeur.
Et si on attend tellement de ce groupe, c'est parce qu'il nous a donnés tant de plaisir par le passé qu'on ne peut concevoir qu'il s'éteigne peu à peu. L'évolution est obligatoire, mais la transition est parfois dure, comme ici. Plein de bonnes intentions et d'inspirations trop fouillies, Aqua laisse un goût amer, décevant, et il faudra sûrement de nombreuses écoutes approfondies pour en apprécier - éventuellement - les subtilités trop nombreuses et superflues. A vous de voir si vous en aurez le courage...
Ajouté : Jeudi 16 Septembre 2010 Chroniqueur : JB Score : Lien en relation: Angra Website Hits: 10010
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