SKID ROW (usa) - Skid Row (1989)
Label : Atlantic Records
Sortie du Scud : janvier 1989
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 40 Mins
Parfois, on a du talent, mais pas de bol. Parfois, on n’a pas de talent, mais une bonne dose de chance. Et parfois, on a les deux. On sait manier un instrument, composer de bonnes chansons, changer son chanteur par la perle rare, et tomber sur un cador qui va lui-même tomber sous le charme de votre style.
Jon BON JOVI, dans les années 80, était au Hard-Rock ce que Bill Gates est à l’informatique. Tout ce qu’il touchait se transformait en or. Ses propres albums, les groupes qu’il découvrait (CINDERELLA en est le meilleur exemple), et la laque qu’il employait.
Le chanteur multi-platiné et permanenté connaissait un certain Dave « Snake » Sabo depuis quelques années. Ils s’étaient promis fidélité et entraide, alors lorsque ce dernier fonda SKID ROW, le beau Jon se devait de tenir son engagement. Et après un contrat de management avec le terrifiant requin Doc McGhee, une signature sur Atlantic et un enregistrement sous la houlette de l’autre roi Midas des décibels, Michael Wagener, tout le monde était très impatient d’en entendre le résultat. Et ceux qui connaissaient déjà le gang live attendaient les Skids au tournant.
Et comme cette histoire avait de sérieuses allures de conte de fée, elle finit dans la plus pure tradition du « ils tournèrent et vendirent plein de jolis vinyles ».
Il faut dire que si CINDERELLA joua longtemps le rôle de la princesse, SKID ROW avait fière allure sur un destrier aussi fiable que cet album éponyme. Comme en plus, deux membres du groupe aurait aisément pu faire une jolie carrière de mannequin, vous pensez bien que la gente féminine de l’époque ne résista pas bien longtemps.
Mais un joli minois et des pectoraux saillants ne suffisent pas forcément à assurer le succès (quoique…). Parce que c’est bien joli d’impressionner quand on se déshabille devant le lit, mais encore faut il assurer une fois dedans. Et pour ça, vous pouviez compter sur eux.
Skid Row n’était rien d’autre qu’un panaché de Hard-Rock sévèrement balloché, et de fureur juvénile enfin relâchée. Comme une montée de testostérone impossible à contenir, il balançait la purée à la face d’un monde avide de sensations fraîches et épicées. Pourtant, et en restant objectif, il n’avait rien d’exceptionnel dans ses sillons, enfin, rien de vraiment innovant.
Alors pourquoi ?
D’une part, même si la musique restait en terrains balisés, son interprétation, en plus d’être irréprochable (Mais Michael Wagener n’avait pas la réputation de travailler avec des amateurs…), avait un petit quelque chose d’assez punk, dans l’attitude et l’esprit.
D’autre part, et c’est ici que l’objectivité et la subjectivité vont se mêler, il y avait une voix. Celle de Sebastian BACH, le genre de chanteur qu’on ne rencontre qu’une seule fois dans sa vie, et qu’on a pas intérêt à laisser filer. Le genre de gosier capable de transcender n’importe quelle routine Heavy en Métal en fusion. Et même s’il n’est pas question de Metal sur ce LP, mais plutôt de Hard-Rock, celui-ci ne s’en laisse pas compter et n’est pas avare en énergie.
Alors, oui, j’ose l’affirmer, « Big Guns », « Youth Gone Wild », « I Remember You » ou « 18 and Life » n’auraient été que de vulgaires comptines pour graisseux esseulé sans la voix de Sebastian. Parce qu’elle vous prend aux tripes, parce qu’elle vous fait vibrer, parce qu’elle vous file la rage et vous laisse déplumé.
Vous me direz que la basse vicieuse de Rachel avait aussi son mot à dire. Que Rob cognait quand même comme un sourd. Et que Dave et Scott étaient tout sauf des manchots. Et vous aurez raison.
Mais qui peut mieux que Seb chanter un hymne aussi stupide que fondamental tel que « Sweet Little Sister » tout en restant sexy ET menaçant? Et quelques minutes après nous rallier à la cause d’un jeune délinquant avec cette cassure dans la voix comme sur « 18 and Life » ?
Personne.
Dans l’univers sans pitié du Hard, il n’y a jamais eu cinquante Rob HALFORD, Robert PLANT, Geoff TATE ou Mickael KISKE.
Et il n’y a eu qu’un seul Sebastian BACH. Et son visage taillé au scalpel ne venait rien enlever à son talent. Alors la combinaison des deux bien sur… MTV a fondu, et nous aussi.
Et c’est pour ça que Skid Row, l’album, méritait son succès, et le mérite toujours. Pour cette urgence sensorielle, pour ce stimulus hormonal, pour ce qu’il était, une œuvre séminale et salvatrice.
Et au final, lorsqu’on réalise que c’est certainement l’album le plus faible du groupe (entendez avant la pitoyable reformation de 1999), cela laisse songeur…
Mais ça, c’est une autre histoire…
Ajouté : Lundi 18 Avril 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Skid Row Website Hits: 9402
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