TRANSBOHÊM (FRA) - Déserts (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2012
Pays : France
Genre : Zeuhl / Fusion Metal World
Type : Album
Playtime : 5 Titres - 34 Mins
Ce qu’il y a de bien avec TRANSBOHÊM pour un chroniqueur c’est que, d’entrée de jeu, le quintet nous facilite le travail, par une communication riche et détaillée sortant des chemins de la banalité et d’une promotion par trop commerciale avec la formule qui tue. On sent déjà, à travers ce premier contact, le travail d’orfèvre et la patience, l’exigence de l’artisan penché sur son ouvrage. Et ce n’est pas à un tour de France des compagnons du devoir que nous invite TRANSBOHÊM. Les frontières sont repoussées, à la recherche d’exotisme, l’inspiration se nourrissant des musiques Sahariennes et moyen-orientales avec des touches colorées de Flamenco, et de Reggae pour le petit clin d’œil ironique. Histoire de dire qu’ils ne font pas dans l’élitisme, dans la prise de tête, mais que l’exigence que s’impose chacun des membres de TRANSBOHÊM est le prix pour l’adhésion d’un public à conquérir, et la garantie, lors d’un concert, d’un voyage planant garanti. Vous monteriez dans un avion dans lequel on aurait confié le manche à un j’en foutiste? Là, vous êtes entre de bonnes mains, il suffit de survoler le parcours des membres du combo pour s’en rendre compte : Jean-Marc Gobat, membre fondateur de TRANSBOHÊM en 2004, multi-instrumentiste et aux claviers dans le Groupe, Yves Corvez, guitariste aguerri, jouant avec l'ancien batteur d’HEAVENLY, ça vous dit ? l’influence Metal du groupe, le flamenco c’est lui aussi. Christian Bocande, à la basse, est le baroudeur du groupe, entre Europe, Afrique, Canada, il a la bougeotte, Emmanuel Blattes, aux couleurs jazz-rock, clarinettiste de formation classique est aux fûts. Claire Lafage, après avoir prêté sa voix au groupe de Metal mélodique EVIL ONE, fait vibrer ses cordes vocales pour TRANSBOHÊM, la qualité de son chant lyrique ne vous échappera pas. Eclectique et prolifique, voilà les qualificatifs de ce groupe et de ses membres.
Le CD entre les mains, à regarder la pochette, et en écoutant le premier titre « Caravan », se bousculent dans la tête, comme par un kaléidoscope en mouvement, les images de l’album Caravanserai de SANTANA, de 1972, quarante ans déjà. Le visage, aussi, de Théodore Monod, le sage et le nomade du Sahara Occidental, né le 9 avril 1902, il y a 110 ans, quand même ! Avec toutes ces dates anniversaires, l’album de TRANSBOHÊM se devait de sortir en 2012. Une citation de Monod correspond d’ailleurs très bien à l’univers musical du groupe « J’avais trop longtemps attendu de pouvoir pénétrer un jour dans un monde jusque là interdit pour ne pas accueillir avec une émotion profonde l’occasion de pouvoir en franchir enfin les limites ». Nous sommes d’emblée emportée par le chant, nous nous retrouvons sur un tapis volant qui ondulerait aux vibratos de la voix de Claire. Le jeu d’Yves à la guitare permet de lester le tout, avec des soli qui ont tout le loisir de s’exprimer de par le formatage du morceau, plus de 10 mn. « Circles » est introduit par une attaque plus directe, plus massive, la section rythmique s’imposant un peu plus, la rupture en milieu de morceau apporte plus de légèreté, ambiance plus éthérée. L’outro reprend les ingrédients du début, la boucle est bouclée.
Avec « Ecoute Petit Serbe » le message de Paix est porté par Claire, son interprétation de l’ouvrage de Wilhelm Reich « Ecoute Petit Homme », est tout en sensibilité, triste rappel des horreurs des guerres balkaniques d’hier, à notre porte. Les arrangements sont travaillés et feutrés, conscience de chacun de la fragilité et du côté éphémère de la Paix, jamais gagnée, vigilance de chaque instant. Que les notes sortant de la gorge de Claire soient autant de blanches colombes, de messages envoyés au gré des vents, au gré des alizés entre échelles de Beaufort et de Fujita, faisant tinter les carillons et frémir les attrapeurs de rêves. Blowin’ in the wind comme le chante Dylan.
Sur « Hun’s Parade », une intro tout en douceur, en délicatesse, un jeu retenu de la part de chacun des musiciens, le clavier de Jean-Marc donne ensuite toute l’ambiance orientale au morceau. Celui-ci cache en son cœur le petit clin d’œil au reggae.
La marche est fermée par « Flam », qui s’ouvre sur quelques pas chaloupés, foulées d’une méharée. Yves Corvez nous livre un jeu plus offensif, plus appuyé aussi au niveau des claviers de Jean-Marc, qui réjouira les auditeurs qui recherchent les sensations du Metal progressif.
Au final, nous éprouvons le sentiment d’avoir exploré d’autres contrées, d’autres courants, de revenir d’un voyage.
TRANSBOHÊM avec Déserts nous ouvre les portes de la caverne d’Ali Baba pleine d’exotisme, d’allégresses orientale, et saharienne, au lyrisme sublimé par Claire Lafage au pouvoir hypnotisant d’un charmeur de serpent. Le parcours individuel des membres du combo nous offre un cocktail de sons, de composition bigarrée, de mélodies qui sont autant de réminiscences, pour les plus anciens qui nous liront, de groupes comme KING CRIMSON, WEATHER REPORT, et OPETH plus récemment.
TRANSBOHÊM s’illustre par une musique d’alternance entre moments tragiques « Ecoute Petit Serbe » et de clin d’œil plus ironique « Hun’s Parade ». L’abord de cet album n’est pas évident, on peut, au début, manquer de repères, de références, il vous faudra plusieurs écoutes pour décoder les messages, mais vous n’en serez que mieux récompensé.
Ajouté : Jeudi 09 Août 2012 Chroniqueur : Le Patriarche Score : Lien en relation: Transbohêm Website Hits: 10772
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