TAO MENIZOO (FRA) - Journey Through A Devastated Mind (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2012
Pays : France
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 59 Mins
15 : 15 ans, putain ! 15 ans que TAO MENIZOO trame, évolue, manipule, torture des textes, des riffs, des arrangements…
3 : troisiéme album, au titre bien euphorisant : Journey Through A Devastated Mind.
11 : 11 compositions originales pour comprendre votre Bonheur.
15-3-11, la combinaison qui peut rapporter gros sur l’hippodrome d’Enghein.
Je vais squeezer toute la première partie de la chronique, celle qui traite d’habitude du parcours du combo et de ses membres. Car TTF, RNN, KSH, LH ne sont pas du genre à s’allonger sur le divan du psy, ils devraient pourtant avec une musique aussi sombre. Alors vous n’aurez pas droit à des confessions du style, « Quand j’étais petit, mon père n’écoutait que du Yvette Horner avec son accordéon, rebelle, par réaction, j’écoutais à fond, du BLACK SABBATH, prêté par mon grand frère ».
En un mot, chez TAO MENIZOO, l’individualité s’efface derrière le travail collectif. Pas de culte de la personnalité chez eux.
Pour cet album, TAO MENIZOO, réservé, l’esprit critique sur les plus values apportées par un label, s’est attelé à la production, l’enregistrement, mixage,… le mastering a été confié à Brett Caldas-Lima (DEVIN TOWSEND PROJECT, KALISIA,…), le groupe sait bien s’entourer.
Et voilà le résultat. Un album Journey Through A Devastated Mind qui ne passe pas inaperçu. On lit à droite, à gauche, un certain nombre de chroniques qui encensent plutôt qu’elles ne descendent… c’est déjà bon signe.
TAO MENIZOO nous adresse un premier message, et nous interpelle, à travers le visuel de la pochette, qui traduit une chute en enfer, celle d’une jeune, assise, yeux baissés ou fermés, désespérée, colt à la main… le coup est-il parti ? Dans la noirceur du décor, ces touches rouges sur le haut du corps, du sang ? Mais j’y vois aussi une lueur d’espoir, et si le jeu, était celui de la roulette russe, un seul essai avec le verdict du hasard, qui est peut être annonciateur d’un nouveau départ…
Extrayons le cd de la pochette, comme le médecin légiste extrait la balle du corps de la victime. La lecture lancée, on découvre une voix qui vient des tripes, éraillée et chaude, un chant habité par le texte, la détresse ambiante. On flirte très vite avec un gros son, bien produit, ceux qui headbangent avec MACHINE HEAD, METALLICA vont vite adhérer. Ce premier titre « Wreckage » a le double avantage, celui de séduire et celui de présenter le style du combo avec son thrash bien exécuté, ses accélérations, et une ligne de guitare qui vient sublimer le tout avec un petit air mélodique bien maitrisé, moment d’élégance.
Pas le temps de souffler, après un coup de jus, TAO MENIZOO enchaîne avec « What if… » et enfonce le clou, avec une rythmique implacable. « My Shroud, My Scars » s’inscrit aussi dans cette veine, avec des chœurs donnant du relief au titre, idem avec « My Last Resort ».
« Your Weakness » se veut plus incisif, et insistant comme une bonne torture au temps du moyen âge, cloué au pilori, le temps de bien déguster. Avec « Released » la situation est toujours aussi désespérée, ambiance plombée, teintée de Death. « Celebration Day » avec son chant qui harangue et un rythme jumpy apportent une coloration originale à cet album.
Vient ensuite pour moi, la perle, avec le titre « The Lie Within » qui nous déboussole complètement. Au début, nous sommes bercés, comme on peut l’être avec TAO MENIZOO, par une rythmique qui se veut moderato, ambiance plaintive même, pour être cueilli par un passage déstructuré qui nous fait perdre le nord, belle surprise, ce qui prouve que les arrangements sont travaillés, fouillés.
« Messiah » vous attend pour vous hacher menu avec sa rythmique acérée, la basse soigne le travail avec un solo, les envolées de guitares, en fin de morceau, viennent larder la bidoche.
« So Tired » s’annonce avec une bande son sur laquelle on entend 666, le décor est planté, ambiance dépressive, pas de rédemption possible. C’est vrai que nous sommes gagnés par la torpeur, abattu au sens propre comme au sens figuré.
La structure du dernier titre « Emotional Control » qui s’introduit par un long monologue, monotone, sur une bande son est la métaphore parfaite de la crise actuelle, des propos, des paroles stériles des politiciens, qui ennuient, ne suscitant plus aucune adhésion, motivation, de la fatalité, rien que de la fatalité aujourd’hui, plus d’espoir, exprimé par le chant de LH qui vibre de cette désespérance en pleine errance.
J’ai multiplié les écoutes, et pour moi, « Wreckage » et « The Lie Within » sont une synthèse qui fait la quintessence de cet album de TAO MENIZOO, puissance, souffrance, le miroir d’un combo pugnace, une belle surprise à laquelle on adhère sans retenue.
Ajouté : Mercredi 07 Novembre 2012 Chroniqueur : Le Patriarche Score : Lien en relation: Tao Menizoo Website Hits: 8818
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