MISS MAY I (usa) - At Heart (2012)
Label : Rise Records
Sortie du Scud : 12 juin 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Metalcore / Deathcore
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 44 Mins
Et de 3 ! Mission accomplie ! Discographie entière chroniquée ! L'objectif que je m'étais fixé est rempli. Cependant, c'est avec un goût amer dans la bouche que je fais le bilan de ces trois albums. En effet, si les deux derniers se montraient globalement convaincants, ce dernier LP, malgré de bonnes compos, m'aura laissé quelque peu septique, voire révolté. Le groupe, au vu des privilèges auxquels il a droit, aura fait preuve d'un tel culot en livrant ce disque que j'espère qu'on ne les reverra pas de sitôt. Je ne leur souhaite que de tirer des leçons d'un tel dérapage et de réagir au plus vite. Autrement, leur réputation de bon groupe pour la scène Metalcore risque d'en pâtir. Laissez-moi m'expliquer en détails.
Tout d'abord, on retrouve une fois de plus la belle production de Joey Sturgis, qui n'allait sûrement pas lâcher le groupe en si bon chemin. Aux premiers abords, c'est donc avec plaisir qu'on reconnaît les caractéristiques du groupe : un son massif, carré et efficace. L'intro ouvre le bal avec une ambiance intéressante grâce à son clavier, ses riffs mélodiques et le chant hurlé en écho. Avant que le style musclé de "Hey Mister" viennent percuter nos oreilles. Tous les éléments sont là : riffs mélodiques ou plus posés sur les couplets parfaitement exécutés, chant hurlé puissant et placé là où il faut, refrain en chant clair convaincant, particulièrement au travers de ces riffs assez entraînants qui accompagnent la voix. De nouveau, les guitaristes BJ Stead et Justin Aufdemkampe savent mettre les petits plats dans les grands pour nous offrir des riffs séduisants, bien qu'assez classiques, le tout respirant toute leur virtuosité. Leurs riffs mélodiques n'ont pas perdu de leur piquant et constituent l'un des points forts de cet album. On peut ainsi citer celui proposé en intro sur "Opening Wounds", qui donne une dynamique à l'ensemble du morceau, ou encore le début de "Found Our Way", assez inédit, l'un des meilleurs titres de cet album. On pourrait encore citer les guitares mélodiques sur les couplets de "Second To No One". A la batterie, Jerod Boyd assure un travail de qualité à tous points de vue. Avec une maîtrise parfaite, il réussit avec brio à soutenir ses compères guitaristes. Quant au chant, sur les parties hurlées du moins, Levi Benton a su fournir un travail de qualité, qui reste globalement constant sur l'ensemble du disque.
Cependant, je tiens à le dire tout de suite, mes flatteries s'arrêteront là. Je ne vais pas être tendre avec vous, les gars, et ce pour plusieurs raisons. Pour commencer, vous ne vous êtes pas creusés la tête à chercher de nouvelles compos. L'album tout entier respire un Monument bis. Aucune évolution en 2 ans. A quoi ça sert de sortir un nouveau disque pour nous proposer du réchauffé ? Bon OK, il faut que je me fasse une raison. Vous n'avez pas les capacités (et vous ne les aurez sûrement jamais) pour produire des sonorités innovantes qui cassent les codes d'un genre. Une fois ce constat établi, je peux donc chroniquer cet album avec un œil plus clair. Mais malgré tout, la production ultra-carrée qui faisait leur force dévoile des failles sur cette galette. On remarque ainsi un sérieux manque d'inspiration sur certains titres. Certains riffs sont vus et revus, comme sur "Day By Day", manquent de punch, comme sur ceux du refrain de "Sirens Song", ou bien encore deviennent carrément moyens sur "Bleeding Out". De manière générale, on constate un certain "ventre mou" sur ce full-lenght, de "Day By Day" à "Road Of The Lost", le dernier titre passant carrément à la trappe. Sur cet ensemble, le groupe ne convainc plus du tout. Et même dès "Sirens Song", malgré une belle atmosphère en intro, l'ultra-classicisme des compos commence à lasser. Si innovation il y a, le groupe s'y casse les dents. On a donc droit à des chœurs en chant hurlé très dispensables sur "Day By Day" ou sur "Second To No One". D'autre part, pourquoi vouloir mettre du chant clair partout ? Une envie de sonner commercial sûrement ? En tout cas, si celui-ci est bien utilisé sur quelques morceaux ("Found Our Way", "Hey Mister", "Sirens Song", "Leech", "Day By Day", "Ballad Of A Broken Arm" dans le désordre), pour le reste, soit il se montre moins convaincant, soit tout à fait dispensable, comme par exemple sur "Second To No One", "Gold To Rust", ou encore "Live This Life").
Heureusement, passé "Road To The Lost", les musiciens remontent de belle manière le niveau avec "Found Our Way". De nouveau, une belle intro, un chant clair et hurlé intéressant (particulièrement sur le refrain), des riffs qui touchent au but. Et même un break doux pas trop mal. On tient là l'un des meilleurs titres de l'album. Le niveau reste ensuite globalement constant jusqu'au dernier titre, "Ballad Of A Broken Men", où le groupe s'offre une assez bonne conclusion. Et même si sur la fin, les morceaux sont efficaces, ils restent embourbés dans des structures trop classiques à mon goût, et les arrangements proposés sont usés jusqu'à la l'os. On a la désagréable impression que le groupe se répète, tout au long de cet opus. Voici le schéma type : un couplet en chant hurlé avec des riffs mélodiques si on a de la chance mais toujours sans aucune originalité, refrain en chant clair, parfois accompagné de chant hurlé, quelques petits arrangements supplémentaires en plus et voilà, vous obtenez un morceau de MISS MAY I. C'est effarant à quel point le groupe peut se permettre de livrer un album avec de tels défauts, eux qui avaient délivré un son si bien travaillé sur leur dernière galette. Moi qui les suis depuis leurs débuts, je trouve cela assez inhabituel chez eux. Mais bon, cela plaira aux ados boutonneux ou aux néométalleux de bas étage, à la recherche de sensations fortes, et qui écoutent des groupes comme IT DIES TODAY, BULLET FOR MY VALENTINE dernièrement ou encore ALL THAT REMAINS. Bref, tous ceux dont la culture musicale dans le genre reste très limitée et qui ne recherchent pas de sons novateurs.
Vous l'aurez compris, MISS MAY I nous livre ici un album pas mauvais (même bon par moments), mais l'absence d'évolution, le classicisme et la répétition des compos ajoutés aux nombreux autres petits défauts dans la production habituellement ultra-carrée, rendent cet album inintéressant. Ce n'est qu'un disque de plus pour le genre qui ne restera pas dans les mémoires et qui m'aura au final bien gonflé. Le titre de cet album est très mal choisi. Ce n'est sûrement pas avec votre cœur que vous l'avez composé. Quand je pense à la chance que vous avez, alors qu'il y a des tas de petits groupes pleins de bonne volonté et de bonnes idées, qui vont jusqu'à offrir leur disque gratuitement (ceux qui me lisent comprendront de qui je veux parler) et qui n'en ont pas le dixième... Vous n'avez clairement aucun respect pour eux, et cela me dégoûte au plus haut point. J'en ai fini avec vous, et c'est tant mieux !
Ajouté : Mercredi 26 Février 2014 Chroniqueur : Resurrected2014 Score : Lien en relation: Miss May I Website Hits: 5458
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