GENERAL LEE (FRA) - Knives Out Everybody ! (2015)
Label : Basement Apes
Sortie du Scud : 15 juin 2015
Pays : France
Genre : Punk Hardcore
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 39 Mins
Tout ça ne date pas d'hier, c'est même une vieille histoire. Est ce pour autant un beau roman, qui nous mènera jusqu'au midi ?
Pas vraiment, puisque l'histoire commence à Béthune, à l'orée des années 2000. Enfin, je précise tout ça pour les quelques lecteurs qui ne connaîtraient pas GENERAL LEE, ce dont je doute. Mais si vous suivez ma plume depuis mon arrivée dans les colonnes de notre beau webzine, vous savez que j'ai déjà parlé d'eux, il y a cinq ans, à l'occasion de la sortie de Roads.
Alors je ne vais pas vous refaire l'historique, référez vous à l'article de l'époque, ou aux bios dispo sur le net.
Cinq ans c'est long. Depuis, GENERAL LEE à sorti un autre LP, Raiders Of The Evil Eye, qui commençait à pointer du nez dans une nouvelle/ancienne direction. Moins contemplatifs, moins obsédés par CULT OF LUNA ou ISIS, les Béthunois semblaient se voir plus directs, moins louvoyants, et cette tendance s'affirme maintenant franchement sur leur dernière offrande, Knives Out Everybody!
On ne peut faire plus honnête que ce titre. Et caché sous cette sublime pochette pulp se cache une grosse surprise, qui aura de quoi déstabiliser les fans tardifs du groupe, ceux qui n'ont pas connu les débuts chaotiques largement inspirés par DILLINGER ESCAPE PLAN et le Hardcore en général.
Car terminé les longues digressions planantes, terminé les arrangements vaporeux et éthérés, le GENERAL LEE cuvée 2015 est violent, agressif, et lâche tous azimuts. Derrière de multiples références ciné se cachent dix morceaux explosifs, qui n'ont cure de la pitié, de l'harmonie, de la musicalité.
Peu de place pour la méprise. avec des titres comme "Satanico Pandemonium", "The Nameless Six", "Sergio Leone Built My Hot Rod" ou "The Conqueror Worm", le sextette affiche la couleur, et elle sera étalée sur grand écran ou ne sera pas. Pour accompagner les images qui risquent de flotter dans votre tête, le groupe est revenu à ses premiers amours, ceux de sa prime jeunesse, et à injecté une bonne dose de rage juvénile à sa musique. Dissonances, riffs lourds et effilés, rythmes multiples et heurtées, l'écart entre ce dernier né et ses aînés est grand, et à de quoi surprendre les aficionados. Beaucoup jugeront ce nouvel LP beaucoup trop éloigné des atmosphères précédemment développées, trop compact et unidirectionnel, et manquant d'envoûtement abstrait. D'ambition aussi peut être... Nombre d'entre vous auriez sans doute préféré que le Général poursuive sur sa voie bien tracée, et je peux les comprendre. Mais parfois, marquer une pause et regarder un peu en arrière peut être une bonne chose.
Exit donc les longues plages dédiées à la mémoire de NEUROSIS ou COL. Sur Knives Out Everybody!, tout est condensé, compressé, et voué à la violence instrumentale la plus primale. Chant qui s'époumone, guitares qui lacèrent dans le vif, rythmique ultra puissante, pas de tergiversations possibles, les frenchies se sont souvenu des leçons inculquées par CONVERGE et BREACH, les suédois ayant déjà abordé la problématique sur Venom ou Kollapse.
Au milieu de ce chaos ambiant, deux morceaux se rappellent un peu des longues histoires d'antan. "The Conqueror Worm" et ses choeurs délétères bien cachés au mix, sa batterie martiale, et son tempo écrasant. Lourd, lent, ce morceau est une des rares traces d'un passé pas si lointain que ça, au même titre que le final "Night Chaser", sur lequel Manon de THE SHINY DEERS vient filer un petit coup de main. Il faut pour cela laisser passer quelques minutes d'intro avant de se réintroduire dans la grotte qu'avait creusé Hannibal Ad Portas et Roads, avant que le larsen ne finisse par tout noyer à la NEUROSIS.
Niveau collaborations, deux autres noms à mentionner. Alex des excellents THE PRESTIGE vient donner de la voix sur le turbo compresseur Hardcore "The Beast Inside", un morceau des plus virulent du lot, et Vince, de THE BUTCHER'S RODEO/AQME en fait de même sur le lapidaire et référentiel "Hellbound On VHS", qui ranime l'esprit des cénobites avec sa rage sadique et ses riffs tronçonnés à la chaîne.
Le reste est pratiquement du même tonneau, oscillant entre fonderies Core pur jus, qui ne prennent pas de gants ("Fuel Injected Suicide Machine", rapide et dissonant, "Sergio Leone Built My Hot Rod", très CONVERGE concis et concentré), ou morceaux déconstruits qui rassemblent les pièces du puzzle en désordre ("Black Samuraï", qui part dans toutes les directions, "Letter Of Aaron Kosminski From Hell", dont certains passages sont à la limite du bruit blanc mat et assourdissant).
Mais s'il existe un dénominateur commun à tous ces morceaux, c'est la violence pure qui les anime et les agite, qu'elle soit déclarée, ouverte, ou plus larvée et cynique. GENERAL LEE s'est visiblement fait très plaisir en se replongeant dans ses racines Math et Hardcore, et nous offre un LP bourré d'énergie qui contraste lourdement avec leur discographie récente.
Un nouvel épisode donc en forme de flashback, et ne boudons pas notre plaisir, celui-ci est structuré de telle façon qu'il ne vous laisse que rarement le temps de reprendre votre souffle.
Voire jamais d'ailleurs. Un peu comme une excellente série B qui aligne les saignées et les courses poursuites à travers les bois.
Mais pas sur qu'avec les couteaux de boucher brandis par les psychopathes lâchés par GENERAL LEE, vous ayez une chance de vous en sortir.
Ajouté : Vendredi 02 Octobre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: General Lee Website Hits: 7006
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