RED RAZOR (br) - Beer Revolution (2015)
Label : Slaney Records
Sortie du Scud : 27 juillet 2015
Pays : Brésil
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 30 Mins
"La bière, la bière, qu'est ce qu'elle a fait de moi la bière,
La bière, la bière, c'est comme si c'était mon frère".
C'est pas moi qui l'affirme mais ce bon vieux François HL qui le chantait du temps des GARÇONS BOUCHERS. Entre autres hymnes carnivores et Punk.
Il n'est pas difficile de savoir ce que la bière a causé comme dégâts sur l'organisme de la population locale de Florianópolis. Un simple coup d'oeil à la pochette de Beer Revolution suffit à comprendre tous les ravages dont elle est responsable...
Mauvaise fermentation ? Un petit ajout de matière toxique ou d'un solvant douteux ? Nul ne le saura jamais, mais tout ça à des sales allures de Walking Dead, version Amérique du Sud...
De là nous viennent les quatre alcooliques de RED RAZOR. Fabrício, Felipe, Gustavo, et Igor ont suivi les traces d'autres illustres bruitistes brésiliens avant eux, SEPULTURA et RATOS DE PORAO en tête, et se sont vautré dès 2011 dans le Thrash fatal, sans arrière pensée.
Enfin... Presque. Intituler son premier EP Shark Attack et vouer un culte à la bière, au Mosh, et à l'agression paillarde, ça a quand même des airs de déjà vu.
Alors, on pardonnera les emprunts poussés à WEHRMACHT, au RATOS, et surtout à TANKARD, parce qu'après tout, ce premier LP est sacrément frais, bien dosé, et en forte teneur d'alcool.
Mais impossible de ne pas penser à ces derniers, non que la musique de RED RAZOR se rapproche des exactions éthyliques des allemands bourrés, mais quand même... A vrai dire, Beer Revolution ressemble graphiquement et conceptuellement à un pont construit entre les décharges de MUNICIPAL WASTE et le zinc bien poli de TANKARD, alors que musicalement, le propos est bien plus Core que les deux références usitées.
Et sous un visuel extraordinaire signé par le mythique Repka (DEATH, et tant d'autres...) se cache donc l'album de Thrash/Mosh de l'été, qui n'économise ni ses forces ni ses arguments pour nous convaincre que l'époque est à faire la fête !
Et pour ce faire, le quatuor malté développe tout un argumentaire basé sur une certaine forme de nostalgie, celle d'une ère vouée aux riffs francs, aux rythmiques légèrement teintées de Hardcore, avec chant vindicatif mais précis, et à la basse roulante et brillante à la Lilker/Bello.
Loin de se contenter d'aligner des tempi anarchiques et dévoyés, les brésiliens développent leur approche, et osent parfois le médium qui leur sied à merveille ("Shark Attack", Heavy light qui rappelle un peu FORBIDDEN en beaucoup moins lourd), ou l'intermède faussement mélodique mais franchement louche ("Cancerous Prelude", et son duo guitare/basse décalé).
Le tout est évidemment placé sous le signe de l'humour potache, et lorsqu'ils se permettent l'hymne fatal à la gloire de la pizza mortelle ("Napalm Pizza"), les potes décochent des riffs saccadés de premier plan, tranchant la mozzarella avec une bonne machette bien aiguisée. D'ailleurs, ils en connaissent un rayon niveau hit franc qui manipule les foules. "Beer Revolution" en est un autre exemple, et cite même le ATROPHY de "Chemical Dependancy" avec son intro grondante et ses couplets en contretemps.
La plupart des titres hésitent entre speed modéré et piqués Thrash contrôlés, et restent dans une veine Thrash/Core bien sentie, ce qui empêche le projet de basculer vers un son un peu trop Noisy. Là n'est pas leur intention, ils tiennent à garder la bride fermement tenue, et signent même parfois de petits brûlots Heavy compacts et relativement bien troussés ("Malignant Cell"). Ils tirent même avec brio les leçons dispensées autrefois par SOD/MOD, et larguent en basse altitude un véritable joyau Mosh qui ferait rougir Billy Milano ("Shut Up and Mosh", qui en dit long sur leur philosophie fun), sur une trame globale qui fait même penser aux défunts RISK, en version plus épaisse cela dit.
Les pochtrons finissent même leur tournée sur un bloc de plus de six minutes qui fait étalage de tout leur talent, et qui multiplie les plans et les ambiances, tout en restant cohérent et Heavy en diable. Guitare centrée et concentré, rythmique qui se lâche dans des breaks torrides, arrangements un peu troubles, passages acoustiques, c'est une drôle de façon de lâcher le point final, mais preuve indéniable du potentiel de l'ensemble. Il est vrai qu'une attaque franche et nette eut mieux convenu, mais un peu d'originalité ne fait pas de mal... Et puis un peu de sérieux ne nuit pas, car même les clowns les plus hilarants ont aussi besoin d'être considérés en tant qu'êtres humains.
Vous l'aurez compris, le maître mot de ce premier longue durée reste le plaisir, le fun, et l'évocation d'un Thrash middle of the road, tel qu'on le pratiquait à la fin des années 80. Beaucoup plus fin que son titre et sa pochette ne le suggèrent, Beer Revolution est une blague très bien racontée, qui mélange les influences sèches sud américaines et l'approche US des cadors d'usage. RED RAZOR cite bien sur en influences majeures les sempiternels METALLICA, TESTAMENT, DESTRUCTION, SEPULTURA, mais il faut reconnaître que l'évocation d'OVERKILL leur correspond d'avantage, car à l'instar de la bande à Bobby, ils injectent une bonne dose de rythmiques Hardcore dans leur breuvage purement Thrash.
En fait, ils pourrait symboliser une symbiose générale, mais je préfère les voir comme ils sont vraiment. Une bande de potes qui jouent une musique carrée, honnête, qui donne envie de faire la fête.
Et puis quelques bières n'ont jamais tué personne... A part dans quelques films de la Troma peut être...
Ajouté : Jeudi 29 Octobre 2015 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Red Razor Website Hits: 6130
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