Achevé dans des conditions plus que tragiques avec le décès de son guitariste fondateur Denis d’Amour (aka Piggy), la sortie de ce quatorzième album studio Katorz des Canadiens de VOIVOD est marquée sous le signe du recueillement et de la douleur.
Malgré l’absence de Piggy, celui-ci a trouvé tout de même le courage et la volonté de boucler ses parties de guitares avant de passer à trépas. C’est sans lui que Away (batterie) et Snake (voix) et Jason Newsted à la basse (ex METALLICA, ex FLOTSAM & JETSAM, ECHOBRAIN, SUPERNOVA) intégré dans le groupe depuis 2001 ont finalisé l’enregistrement de Katorz.
Tout d’abord, ayons la présence d’esprit de reconnaître que VOIVOD est l’un des plus grands groupes de Metal composite et brassé ayant indubitablement empreint les années 80 et 90 de son style unique et pourtant si spécifique et singulier. Auteurs d’une discographie prolifique où l’on retrouve de grands albums du Metal tels que Rroooaaarrr (1986), Killing Technology (1987), Dimension Hatross (1988), le groupe Québécois n’a bizarrement jamais pu se hisser à un niveau de reconnaissance internationale qui lui aurait logiquement incombé. La faute à un goût de l’avant-gardisme et de l’expérimentation en cette époque de conservatisme Thrash et Death ? Toujours est-il que le quatuor de Montréal a constamment entreprit sa démarche musicale de manière intègre et loyale envers eux-mêmes et envers les fans. S’ils ont donc relativement évolués dans l’underground excepté pour les initiés, VOIVOD ne s’en est jamais formalisé ni plaint et eux-qui connaissent le groupe Québécois savent pertinemment que ce groupe a influencé plus d’un groupe au cours de ces vingt dernières années.
Avec l’éclectique producteur Canadien Glen Robinson (ANNIHILATOR , QUEENSRYCHE, TEARS FOR FEARS) aux manettes qui avait déjà produit leur album Nothingface (1989), le groupe a opté pour un Rock Metal efficace pour ce quatorzième album. Le son rêche et sec des guitares confère aux divers titres un caractère très Rock aux morceaux. Ainsi, l’album est tellement homogène que chaque titre apporte sa touche à l’édifice. Les dix plages composant l’opus sont de construction basiques et simples, comme peuvent l’illustrer des titres comme les groovy « The Getaway », « Dognation », les titres façon Stoner tels « Odds & Frauds » et « After All, Silly Clones » ou bien « The X Stream ». La très smooth « Red My Mind » a également son petit effet. La voix rocailleuse et toute en retenue de Snake se fondent divinement bien avec les compositions. Simples et directs, Piggy, Away, Snake et Jasonic ont su créer une ambiance autour de ces titres si bien qu’en dépit de la mort d ‘une des pièces maîtresse du groupe, la complicité et le plaisir de jouer ensemble se ressent à travers l’écoute prolongée de ces dix titres. Ca transpire le Rock dans son essence. Quel plus beau témoignage que celui là de la part d’une personnalité si attachante que celle de Piggy !
Les princes vampires de VOIVOD ont toujours eu cette faculté de se renouveler et de repousser plus loin leurs limites et expériences musicales et sonores. Ultime témoignage musicale de Piggy, voilà un album dont ils peuvent être fiers et qui fera partie des meilleurs de leurs déjà longue et riche carrière. Bravo et merci !