Tout droit issu des fjords de Norvège, ANSUR est une jeune formation qui largue cette année son premier obus sous le nom de Axiom chez les très professionnels Candlelight Records. Qui dit Norvège dit en général Black Metal ou Pagan/Viking Metal. Pourtant, les compositions de ANSUR ne riment pas du tout avec ces classifications génériques. Si l’on ressent une base résolument Metal extrême avec l’emploi de rythmiques typées Black ou un recours aux crissements aiguës propriété du Black, le quartet Norvégien voit les choses différemment et osent exécuter une sorte de Post Black Metal progressif ! Sur des bases Black donc, ANSUR applique des passages Prog et atmosphériques pour aboutir à une sorte de voyage emmenant l’auditeur vers des galaxies musicales inconnues.
Vraiment déroutants, leurs titres ne livrent que très rarement leurs secrets d’écriture, même après plusieurs écoutes, la surprise reste de vigueur. En effet, on passe de l’agressivité du titre d’ouverture « Earth Erasure » à des morceaux bien plus progressifs et élaborés tels que « Desert Messiah » ou « The Axiom Depicted ».
A vrai dire, ANSUR serait le pendant d’ENSLAVED période « Below The Lights » et « Isa » en bien plus Progressif et toujours à la quête de nouvelles trouvailles. Un aspect épique dans leurs compositions se fait d’ailleurs ressentir (le final de « Desert Messiah »). D’une grande abondance musicale, les morceaux d’ANSUR ne se livrent pas facilement, et c’est le but. Des titres comme « Post Apocalyptic Wastelands » et son magistral final sont là pour nous rappeler que les rythmiques Black Metal peuvent être conjuguées avec des termes comme arrangements, breaks, cassures rythmiques mathématiques et passages acoustiques.
D’une rythmique ou d’une idée simpliste, ANSUR parvient à broder autour et proposer au final une œuvre intéressante d’où l’on ne ressort pas indemne. Une sorte de nouvel élixir musical. Le rajout de parties de guitares acoustiques comme sur Interloper apporte de l’air au titre qui dépasse allègrement les sept minutes ! Si les titres sont longs, on ne s’ennuie pas d’un iota. Maîtrisant leur sujet sur le bout des doigts, ces quatre Norvégiens ne sont sûrement pas des monstres de technicité genre DREAM THEATER mais le talent d’écriture est tel que l’on dénombre quinze bonnes idées par morceaux ! Une vision futuriste, une sorte de mariage entre PINK FLOYD période The Wall et le Black Metal tout ce qui a de plus basique et primaire.
Les six plages couvrant plus de quarante minutes nous montrent l’étendue du travail des musiciens Nordiques. Ces six pistes sont si fertiles en imagination qu’il serait quasi impossible d’extraire un titre plus qu’un autre. C’est le genre d’album que l’on écoute d’une traite sans broncher. La production, sans être exceptionnel, convient en revanche parfaitement au style d’ANSUR, avec un grain de guitare assez rêche et des plans de batterie mis en retrait ou le jeu des cymbales prend toute son ampleur. Des soli aux riffs aériens apportent quant à eux une touche onirique aux morceaux. Si l’on n’écoutera pas ce genre de disque tous les jours, le caractère original et personnel du produit l’emporte haut la main. Enthousiasmant d’un point de vue artistique.
Qui a dit que les groupes de Metal Extrême Progressif étaient chiant à mourir d’ennui ? ANSUR, avec ce premier album d’une richesse et d’une profusion d’idées incroyables prouve le contraire. Un premier album énorme. ANSUR. Ne l’oubliez surtout pas…