Malgré neuf albums à son actif, groupe culte pour certains, RUNEMAGICK reste confidentiel et continue de hanter les marécages nauséeux d’un Doom / Death pachydermique.
Le style pratiqué par le groupe est particulièrement basique : le minimalisme et la répétitivité des arrangements sont une marque de fabrique du Doom mais ici, cela confine à l’obsession mal venue qui, à mon avis, étouffe plus que ne diffuse la philosophie ésotérique du combo.
Si les riffs naviguent entre la morbidité du Death et la lourdeur du Doom, ils deviennent vite rébarbatifs. Même sur « Lower Worlds » et sa minute, RUNEMAGICK trouve le moyen de perdre l’attention de l’auditeur.
Il est regrettable que l’utilisation des vibratos, comme sur « Invocation Of Doom Runes » ou « Black Magick Fortress », n’ait pas été plus poussée car ils apportent une touche mélodique aux sonorités sudistes et enfumées bienvenues. De même que les cordes torturées sur « Witchcraft Gateways ». Après plusieurs écoutes, on prend conscience que ces passages, voire ces breaks, ne sont pas si rares que cela et sont souvent les plus intenses (« The Devils »), mais ils se noient dans des structures rythmiques monolithiques. RUNEMAGICK sait aussi agrémenter ses compositions de nappes de claviers Indus discrètes qui renforcent l’atmosphère apocalyptique qui se dégage de Invocation Of Magick. C’est dire que le groupe pourrait réduire la durée de ses compositions sans en réduire l’impact, bien au contraire.
Ce voyage ésotérique semble attirant et intrigant : on commence par suivre respectueusement Nicklas Rudolfsson (ex-SACRAMENTUM, THE FUNERAL ORCHESTRA, DEATHWITCH, BELLS OF DOOM…), la tête pensante du groupe et puis on commence à trouver le trajet un peu long. On demande si on est encore loin de la révélation : pas de réponse. On continue encore un peu, puis les moins fanatiques finissent par se lasser et faire demi-tour, au risque de manquer quelque chose. Tout ensuite est une affaire de goût.