La vingtaine flamboyante et rayonnante. Une progression fulgurante. D’un groupe de potes de lycée basé à Orlando (Californie) à l’exposition internationale. Du charbon à l’ascension pour finalement accomplir la croisade. Tel est le parcours des Américains de TRIVIUM. Ne nous trompons pas de cible, fini le Metalcore teinté de Pop dont les quatre jeunes gens raffolaient antérieurement sur le précédent opus Ascendency. Leur troisième album en trois ans d’existence, le bien nommé The Crusade en guise de tribut et de témoignage de respect des petits Américains à la scène Metal des années 80 affirme un virage musical significatif dans leur courte carrière. Combinant un son résolument moderne à des accents musicaux plus traditionnels issus du Heavy, Matthew K. Heafy et ses trois acolytes nous martèlent de leurs odes infaillibles et vigoureuses enjolivées de passages plus catchy et plus mid tempos. Si cela n’a rien de révolutionnaire, le produit ne manque pas d’arguments de poids : harmonisations de guitares, voix empilées, soli mélodiques n’ayant rien à envier à ceux de IRON MAIDEN dans le meilleur des cas. Même le chant de Matthew K.Heafy a pris du galon. Ses lignes vocales sont à la fois plus puissantes, judicieusement placées et rauques, le tout faisant parfois penser à James Hetfield. D’ailleurs, du point de vu des influences, TRIVIUM picore dans ce qui se faisait de mieux dans les années 80, en passant par METALLICA, IRON MAIDEN, MOTLEY CRUE, MEGADETH, PANTERA et la liste n’est pas exhaustive. The Crusade aurait pu être un tribute album mais le tour de force du quatuor est d’avoir su profiter de ses influences et par le biais d’un bagage technique unique, TRIVIUM offre treize morceaux de bonne facture, citons « Anthem (We Are The Fire) », le single de l’opus, « Becoming The Dragon » ou « To The Rats » et « Tread The Floods ». Quant au morceau titre « The Crusade », il s’agit d’un instrumental certes un peu pompeux faisant étalage de la technicité du quatuor, mais il conclu ce troisième album de belle manière.
Ayant su s’entourer de professionnels reconnus dans le milieu avec une production signée de la main de Jason Suecof (MONSTROSITY, CAPHARNAUM, GOD FORBID) et du mixage émanant de Colin Richardson (SLIPKNOT, MACHINE HEAD, CRADLE OF FILTH), cette œuvre musicale homogène demeure toutefois trop froide, trop étudiée et manque surtout de chaleur et de spontanéité. Maintenant, de là à condamner ces musiciens doués qui ont voulu rendre hommage à une scène musicale ô combien influente de ces vingt dernières années, il n’y a qu’un pas. On ne peut nier qu’ils n’apportent rien de rafraîchi ni de renouvelé, certes, mais en revanche, ils parviennent un tantinet à épousseter le Heavy Thrash en y insufflant une envie et une détermination de réussir écrasante.
Alors si l’ambition accrue et si les dents de Matthew.K. Heafy rayent le parquet, on ne peut pas les admonester d’avoir livrer un bon disque de Heavy Thrash. S’ils avaient persévéré dans la veine d’Ascendency, on leur aurait reproché de n’avoir pas su prendre de risques ou d’évoluer et de faire du surplace. Dans une moindre mesure et à une autre époque, ce groupe me rappelle les débuts de SEPULTURA qui à peine âgés de vingt ans, déchaînaient les Enfers en livrant leurs premiers méfaits.
L’album tournant de leur discographie.