Dans le milieu des années ’90, SYSTEM OF A DOWN voit le jour. Ce groupe propose quelques années plus tard leur premier album éponyme, qui va se révéler être une révélation pour beaucoup et faire de SOAD un groupe mythique, génialissime même. On peut alors se demander ce qui a occasionné ce succès. Parce que beaucoup de groupes sont arrivés dans les mêmes années, mêlant les genres et s’essayant à de nouveaux styles, s’ouvrant à de nouveaux horizons. Et pourtant, tous n’ont pas eu le succès que l’on connaît aujourd’hui pour SOAD.
La première raison que l’on peut évoquer, c’est quand même une très forte influence Metal dans leurs compositions. Les mélanges sont bien présents, pas de doute là-dessus, mais le son distordu, la grosse batterie et les hurlements ne laissent pas planer le doute sur le style principal que véhicule le combo. Les plus métalleux ont donc tendus leurs esgourdes vers cette galette pour se pencher sur le sujet.
Ensuite, ce sont justement les mélanges qui parsèment ce premier album. Déjà l’introduction qui donne l’impression de rentrer dans un épisode des Looney Tunes. Et puis c’est le jazz qui se fait un petit chemin dans l’univers de « Sugar », le cirque ou la java qui nous berce dans le riff de « Peephole » et d’autres thèmes ou horizons que l’on voit se mélanger de manière plus ou moins heureuse à travers les titres.
Un autre atout qu’ont su sortir les zouaves de leur manche, c’est le côté ultra décalé allié à un sens social très fort. Les petits cris que pousse Serj Tankian par moment (« Know ») apportent une touche à la fois déjantée et presque comique dans un univers sombre et violent, qui prend ses sources dans la connerie profonde de notre monde.
Enfin, on ne peut nier le talent des membres de SYSTEM OF A DOWN. La voix de Serj est à la fois envoûtante, comme dans « Spiders », et aussi rentre dedans quand il hurle dans son micro (« Mind »). Son timbre de voix reconnaissable entre tous et sa façon de rouler les « r » (non, pas comme Till Lindemann de RAMMSTEIN) sont autant d’éléments supplémentaires qui s’ajoutent à son énorme talent et à la marque SOAD. Daron Malakian, noyau musical de SOAD, maîtrise sa guitare, même s’il s’amuse à nous faire des riffs dignes d’un débutant de la première semaine (couplet de « Mind »). Et pourtant, il est aussi capable de nous livrer des bijoux d’inventivité quand il se lance dans de petites envolées (« Soil »). Et sa complicité avec Shavo Odadjian et la manière qu’ils ont de mélanger leur instrument est un autre point fort du groupe. Et puis, il y a John Dolmayan, le batteur qui reste toujours en retrait, mais qui martèle ses fûts comme si sa vie en dépendait, avec toutefois une grande dextérité.
C’est certain, System Of A Down est un album un peu difficile d’accès à la première écoute. On peut même dire qu’il est dur à écouter sur la longueur, tellement la fin part dans des délires un peu touche-à-tout. Seulement, on lui doit quand même de nous avoir fait découvrir le groupe qui sortira plus tard le bijou qu’est Toxicity. Malgré tout, il possède la spontanéité d’un premier album qui a eu le courage de partir sur des chemins inusités et nous surprend quand même à nous révéler de nouveaux détails à chaque écoute.

Discographie Complète de SYSTEM OF A DOWN :
- System Of A Down (Album - 1998)
- Toxicity (Album - 2002)
- Steal This Album! (Album - 2002)
- Mezmerize (Album - 2005)
- Hypnotize (Album - 2005)