INTRONAUT avait remarquablement bien entamé sa carrière avec un premier EP intitulé Null. Contrairement à ce que pourrait évoquer le nom, ce premier effort était d’une grande qualité et fut une bonne surprise. Un an plus tard, les Américains ont décidé d’enfoncer le clou une bonne fois pour toute avec Void. A première vue, le groupe semble évoluer dans la même direction, c'est-à-dire un Metal moderne, piochant ses influences dans le Death, le Hardcore, ou encore le Jazz. On sent que l’approche du son a été légèrement revue, les guitares sont particulièrement mises en avant par la production. Le son glacial et éreintant de celles-ci, couplé à de nombreuses dissonances harmoniques, accouche d’un rendu malsain et dérangeant au possible. De son côté, la batterie ne fait qu’encourager cette atmosphère sombre en y ajoutant force et puissance. Les quelques interludes mélodiques qui viennent ponctuer ces longues compositions (plus de 6 minutes en moyenne) nous laissent respirer avant de devoir affronter à nouveau cet amas graveleux de son. Ces interludes sont d’autant plus agréables qu’ils laissent entendre toute la qualité du travail de composition du bassiste. En effet, celui-ci semble jouer sur un basse Fretless, ce qui confère un aspect totalement novateur à l’instrumentation, et ceci au plus grand bonheur des amateurs de Free-Jazz. Dommage que ce son passe totalement inaperçu le reste du temps. Quant au chant, ses apparitions sont assez peu nombreuses, et il se résume à des cris disséminés par-ci par-là. Plus généralement, la musique d’INTRONAUT n’est pas des plus faciles d’accès. Les titres sont denses, multipliant les breaks et les rebondissements susceptibles de déstabiliser ou d’ennuyer l’auditeur. Il est parfois difficile de s’y retrouver dans cet amoncellement de brutalité et d’expérimentations, du coup l’album perd un peu de cohérence sur la fin. Certains trouveront donc ce Void très riche, d’autres indigeste. A vous de voir.