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ORDEN OGAN (de) - Sebastien "Seeb" Levermann (Sep-2012)


ORDEN OGAN, est-ce une appellation étrange et mystérieuse qui de prime abord pourrait évoquer un ordre sacré détenteur d’un pouvoir maléfique qui agit dans l’ombre pour éradiquer ses ennemis ou les sacrifices humains de ses adeptes seraient exigés par le grand ordonnateur qui exigerait une dévotion sans limite ? Ou est-ce un livre perdu au cours des siècles qui serait réapparu et qui livrerait le lieu où serait caché le mythique graal source de jeunesse éternelle ? Vous y croyez ? Mauvaise pioche ! On est bien loin de ces considérations hallucinatoires dues sans doute à une trop grande absorption de houblon un soir de concert ! C’est tout simplement le nom d’un combo qui est en pleine ascension sur le devant de la scène Métallique. Originaire d’Allemagne, les bougres ont su en quelques années s’imposer dans le petit monde fermé des Headbangers ! Il faut dire que depuis leur signature avec le label AFM, la carrière de nos teutons semble s’envoler et prendre une tournure qui s’avère très prometteuse. Les premiers émois du gang remontent à 1996, époque où les lascars étaient encore des ados pré pubères qui s’étaient mis en tête de faire un maximum de bruit dans leur garage. Mais la véritable naissance du combo se fera en 2008, date à laquelle Vale, leur véritable premier opus atterrit dans les bacs. Entre temps, Seeb et ses comparses écumèrent tous les clubs et fêtes de leur région afin de faire leurs armes. En 2004 déboule un premier EP, Testimonium A.D qui leur permit de se faire remarquer par des professionnels et des médias. A partir de cette date, la machine était lancée à toute vapeur et on savait qu’il allait désormais falloir compter sur eux dans les années à venir. Après Vale, un premier essai très concluant, tout s’enchaîna à la vitesse de la lumière et nos valeureux guerriers délivrèrent une galette qui fit immédiatement sensation : Easton Hope, véritable manifeste de Power Metal fortement influencé par des pointures comme BLIND GUARDIAN, RUNNING WILD ou encore GAMMA RAY. Une vraie réussite qui se démarque par un soupçon folklorique et une efficacité redoutable qui font pâlir de jalousie de nombreuses formations de la même génération. Easton Hope marque une étape décisive pour ORDEN ORGAN qui va réussir en peu de temps à s’imposer sur la scène européenne en ouvrant pour FREEDOM CALL, GRAVE DIGGER ou encore TIAMAT ce qui s’avérera pour eux comme une véritable passe d’arme vu la différence de style pratiqué par les deux groupes. Le point d’orgue de cette épopée fut certainement leur participation à de nombreux festivals prestigieux comme le Rock Hard Festival, le Bang Your Head ou encore le célèbre Wacken Open Air où nos buveurs de bières en profitèrent pour immortaliser l’évènement sous la forme d’un dvd disponible avec l’édition limité de To The End. Ces nombreuses dates enchaînées tout au long des années 2011/2012 et la pression qui s’en suivit provoquèrent très vite une scission au sein d’ORDEN OGAN. Deux des membres abandonnèrent le vaisseau ne pouvant concilier vie privée et tournées incessantes. Un délestage de cette ampleur aurait pu signifier la disparition corps et âmes des derniers rescapés ! Que nenni, il n’en fut rien, bien au contraire. Le capitaine Seeb, véritable meneur de troupes su réagir au plus vite afin de remettre le navire à flot. Il faut dire que Sebastien Levermannn de son vrai nom est un véritable homme orchestre doté d’une énergie exceptionnelle qui lui permet d’affronter toutes les tempêtes quelles qu’elles soient. Notre Seeb, comme il aime être appelé, est une énigme absolue cumulant les rôles de chanteur, guitariste, compositeur, producteur, ingénieur du son, il s’occupe même du mixage à ses heures perdues. De quoi donner le tournis ! Une polyvalence impressionnante qui font de lui le seul et unique maître à bord, ce qui lui permet de contrôler tout de A à Z. ORDEN OGAN est sa chose c’est évident et lui seul peut décider de son avenir. Après un Easton Hope de haute volée, la question était de savoir si nos germains allaient être capables de confirmer. A l’écoute de To The End le doute n’est pas permis et nous sommes rassurés dès les premières notes. La nouvelle cuvée surpasse toutes nos espérances les plus optimistes. Nous tenons entre les mains une perle de Metal mélodique à l’allemande qui ne peut que réjouir tous les fans qui les suivent depuis leurs tous débuts. Une véritable déflagration qui, malgré les nombreux soucis personnels rencontrés par le leader Seeb, est encore plus forte que la précédente ! Autant vous dire que lorsque l’opportunité de rencontrer Seeb s’est présentée à moi, aucune hésitation n’était possible. Il me fallait absolument en savoir plus sur le bonhomme et son ORDEN OGAN. Le personnage s’avère très sympathique, jovial et accueillant, un cocktail parfait pour une interview. Un bon moment avec le Terminator du Metal ! C’est à toi Seeb !

Line-up
: Sebastien "Seeb" Levermann (chant/guitare), Tobin Kersting (guitare), Niels Löffler (basse), Dirk Meyer-Berhorn (batterie)

Discographie : Testimonium A.D (2004), Vale (2008), Easton Hope (2010), To The End (2012), Ravenhead (2015)

M-I Interviews du groupe : Sebastien "Seeb" Levermann (Sep-2012), Sebastien "Seeb" Levermann (Déc-2014)



Metal-Impact. Bonjour, tu as beaucoup tourné l’année dernière notamment avec TIAMAT, FREEDOM CALL ou encore GRAVE DIGGER. Quel regard portes-tu sur tous ces concerts ?
Sebastien "Seeb" Levermann. En fait, toutes les dates qu’ont a fait ce sont très bien passées et j’en reviens totalement satisfait. Cela ne nous était jamais arrivé de jouer autant et au final ça a été une très bonne expérience. La tournée européenne avec TIAMAT a été un véritable test car pour la première fois, nous étions confrontés à un public qui n’adhère pas forcément à notre style. Du coup ce n’était pas évident de nous faire accepter par leurs fans mais nous avons réussi à ne pas les décevoir et tout s’est très bien déroulé. Avec FREEDOM CALL et VAN CANTO, c’était excellent. Nous étions plus en phase avec eux et leur public et c’était donc nettement plus simple pour nous. La tournée allemande était totalement dingue avec VAN CANTO, il y avait plusieurs centaines de fans par soir c’était parfait.

MI. Vous avez du bien vous amuser avec les mecs de FREEDOM CALL ?
Seeb. Oui, Chris Bay est un type très marrant qui est là pour s’amuser avant tout donc ça n’a pas été triste crois moi. D’ailleurs on repart en tournée avec eux au mois de novembre et décembre en ouverture de Luca Turilli’s RHAPSODY. On est très contents de pouvoir retrouver les musiciens de FREEDOM CALL et je crois que c’est réciproque, ça ne va pas être triste ! [Rires]

MI. Il a du vous arriver des aventures un peu dingues je suppose !
Seeb. Complètement, quand nous étions sur la tournée TIAMAT, on s’est arrêtés en pleine nuit dans une station service aux alentour de cinq heures du matin. Je crois que c’était quelque part en France et je me souviens qu’il faisait très froid, bien au dessous de zéro côté température. Moi et notre batteur de l’époque on avait une envie pressante, on a dit au chauffeur du bus qu’on allait faire un petit tour aux toilettes pour se soulager ! Le type nous a répondu qu’il n’y avait pas de problème, qu’il nous attendait et on est parti. Au final on est restés là-bas trente bonnes minutes Je te rassure, on est normaux ! [Rires] On en a profité pour errer dans la boutique de la station. Et lorsque nous sommes revenus, le bus était parti ! On s’est retrouvé en jogging au petit matin sans rien ou presque. Je n’avais pas mon portable sur moi et Sébastien, notre ancien cogneur de fûts, avait le sien mais la batterie était déchargée, impossible d’appeler qui que ce soit. On n’avait aucune chance de les rattraper à pied … [Rires] On était à peu près à cent kilomètres de l’endroit où on devait se rendre, tu imagines la situation. On était là, perdus au milieu de nulle part… [Rires] Mais tout compte fait, quand j’y repense, on était assez décontractés parce que dans la boutique il faisait chaud et on avait assez d’argent pour acheter à manger et à boire donc tout allait bien. Quand les autres qui étaient dans le bus ont réalisé qu’on était plus là ils ont carrément paniqué. Ils se demandaient où on pouvait être passés et ils ont fait demi-tour immédiatement pour nous rechercher. Ca leur a pris plusieurs heures pour nous mettre la main dessus ! Et nous on était là tranquille bien au chaud à siroter des cafés… [Rires]

MI. Votre premier single s’appelle « The Things We Believe In », comment s’est fait le choix entre vous ou votre maison de disque, qui a eu la décision finale ?
Seeb. La plupart du temps, c’est le label qui fait une proposition et en général nous sommes d’accord avec eux. Mais pour To The End, c’était un peu plus compliqué car il m’a été très difficile de faire un choix entre les onze titres. J’ai beaucoup investi dans cet album et j’adore tous les titres, en choisir un parmi eux c’est un véritable cauchemar. Pour moi tous les morceaux sont bons alors comment dire s’il y en a un qui est supérieur aux autres ? Au final j’ai trouvé que « The Things We’ Believe In » était peu être un peu plus accrocheur que les autres mais au fond je pense que n’importe quelle autre chanson aurait pu faire l’affaire !

MI. On trouve du piano sur plusieurs titres, c’était une volonté bien réfléchie de votre part ?
Seeb. Non, ce n’était pas intentionnel du tout. Depuis Easton Hope nous avons perdu trois membres (Nils Weise, Lars Schneider, Sebastien Grütling) ils ont choisi une autre destinée ! Je pense que c’est dû au fait que depuis deux ans, ORDEN OGAN a énormément progressé et du coup nous avons beaucoup joué un peu partout en Europe. Je crois qu’on a fait à peu prés 90 shows cette année et à partir de ce moment-là, la donne a changé. C’est devenu beaucoup plus difficile, il ne s’agissait plus de faire un ou deux show par ci par là. C’est très intense de jouer pratiquement non stop. Du coup c’est devenu très difficile pour eux de cumuler les concerts et d’assurer en même temps leur vie professionnelle. Car nous avons tous des emplois permanents à coté de la musique. Notre clavier Nils a rencontré ce genre de problème, il a tout de même participé à l’écriture de To The End il a notamment composé « The Ice King » et des balades comme « Take This Light ». Cela explique pourquoi il y a du clavier sur certains titres mais j’ai composé à 90 % To The End essentiellement à la guitare. Et je pense que c’est ce qui domine sur notre dernier bébé.

MI. Dans ces conditions, est-ce que cela a été difficile de donner une suite à Easton Hope ?
Seeb. Je dois dire que les deux dernières années qui se sont écoulées ont été très difficiles pour moi, surtout au niveau de ma vie privée mais je ne veux pas m’étendre la dessus. Tout ce que je peux dire, c’est que parfois les choses tournent mal et deviennent de pire en pire au fil du temps. Ce sont des épisodes de ma vie qui ont été très difficiles à gérer et qui m’ont mis dans une mauvaise humeur quasi permanente ! En ce qui concerne To The End, je n’ai ressenti aucune pression car Easton Hope a été très bien accueilli et cela m’a permis de faire un pas de géant en terme de carrière, nous avons atteint un autre niveau depuis sa sortie dans les bacs. J’étais donc dans un état d’esprit plutôt confiant en définitive. C’est surtout ma vie privée qui me préoccupait le plus au moment de l’écriture des morceaux et je suis persuadé que cela a eu un impact direct sur l’ambiance générale de To The End. C’est un album très Heavy et rapide qui te prend à la gorge, c’est puissant et direct ! Et c’est directement lié à toutes les merdes qui me sont arrivées à l’époque de sa composition.

MI. Tu es un véritable homme orchestre, tu sais tout faire ; chanter, jouer de la guitare, produire… Est-ce qu’on t’appelle Terminator dans le privé ?! [Rires]
Seeb. [Rires] Ça doit être ça, je suis Terminator ! [Rires] C’est vrai qu’on me demande souvent : « Mais comment fais-tu pour trouver le temps pour tout faire ? ». Je travaille sans cesse, c’est tout simple. Je ne lâche jamais, il faut de la volonté si tu veux aboutir à quelque chose mais ce n’est pas facile. J’ai mon propre studio d’enregistrement en Allemagne et cela me permet de m’améliorer car j’essaye de progresser en permanence que ce soit en tant qu’ingénieur du son ou en tant que musicien. J’espère être encore meilleur pour ma prochaine réalisation, j’apprends en permanence c’est ça qui est important. J’ai une vision de la manière dont ORDEN OGAN doit sonner et comment les titres doivent être arrangés. Il y a deux producteurs anglais qui sont pour moi une référence absolue : Andy Sneap et Colin Hutchinson. Pour moi, ce sont les deux plus grands en ce qui concerne le Metal. J’essaye de me rapprocher le plus de ces deux légendes qui ont produit tant d’albums qui sont devenu cultes. Mon objectif est d’atteindre le même niveau technique. C’est leur son qui m’inspire et me permet d’aller encore plus loin. J’aimerais parfois confier ce travail à une personne extérieure mais je suis sûr que je ne serai pas satisfait du résultat.

MI. Avoir ton propre studio d’enregistrement doit te procurer une énorme liberté ?
Seeb. Oui il y a des avantages, c’est certain mais aussi des inconvénients. Le plus c’est que tu peux travailler quand tu en as envie, tu n’es tenu que par tes propres timing, les règles que tu t’imposes. Tu peux prendre ton temps, tu es nettement plus détendu, tu n’as pas de délai impossible à respecter ! Le risque c’est que parfois les choses peuvent traîner en longueur sans que tu en prennes réellement conscience.

MI. Vous n’aviez pas de deadline pour To The End ?
Seeb. Si bien sur. Mais pour de nombreuses raisons la date a été repoussée plusieurs fois car je me suis vite rendu compte que je ne pourrais pas respecter les délais. Je crois qu’on a du annuler par deux fois la sortie de notre méfait. A l’origine, il devait sortir l’hiver dernier puis on a repoussé une première fois en avril et au final il sortira le 26 octobre 2012 dans toute l’Europe. A ma décharge, je dois dire que j’ai pratiquement tout fais moi-même, j’ai assuré toutes les guitares et les parties de chant, enregistré et mixé les morceaux. C’est un travail titanesque pour un seul homme. Et puis j’ai du faire face au départ de trois membres qui m’ont accompagné depuis le début, ce qui n’a pas été simple à gérer. Au bout du compte je me suis pratiquement retrouvé seul, tu peux aisément comprendre que dans ces circonstances tu ne peux pas respecter des délais prévus bien avant que le gang implose. D’autre part, Nils notre clavier a toujours eu un rôle important au sein de la formation notamment en terme d’écriture ce ne fut donc pas aisé de me passer de ses services même s’il a encore composé quelques titres sur To The End.

MI. Est-ce que ça a été difficile de retrouver de bons musiciens ?
Seeb. Je pense que de manière générale, c’est toujours difficile de retrouver des gens capables de faire l’affaire. Il faut qu’ils correspondent à tes attentes que ce soit au niveau humain et musical bien évidemment. Nous sommes des gens sympas et tout à fait normaux et dans ce milieu, tu croises des personnes très étranges… [Rires] Donc la recherche s’est avérée plutôt difficile. Et puis je recherchais des musiciens ayant un niveau technique très élevé. Notre nouveau batteur Dirk Mever-Berhom a vraiment un don exceptionnel, quelque chose qui ne s’explique pas. Il est très bon, c’est à l’origine un professeur de batterie. Il a commencé dans un groupe de Death Metal Technique, on s’est rencontré dans une boutique d’instruments de musique. Je lui ai expliqué qu’on cherchait un nouveau batteur mais on ne pensait pas qu’il pouvait faire l’affaire vu qu’il n’évoluait pas dans notre style. Un jour, on a été le voir pendant un Sound check et on l’a trouvé extraordinaire. En plus, il se marrait en permanence, c’est un type très sympa. On lui a posé la question s’il serait intéressé de jouer avec nous et à notre grande surprise il a répondu oui. Il nous a expliqué qu’il aimait bien ce que l’on faisait et nous sommes tout de suite tombés d’accord. Et voilà ça a été très facile en fait. Quand à notre bassiste c’est un guitariste à la base, lui aussi il enseigne la guitare, il a d’ailleurs joué avec TIAMAT. Il s’appelle Niels Löffler et il a tout de suite accepté de nous rejoindre. C’est un garçon très cool.

MI. J’ai appris que tu n’avais plus envie de jouer et chanter en même temps et que tu voulais te consacrer uniquement au chant sur scène, info ou intox ?
Seeb. [Rires] Tu sais la plupart des riffs que nous jouons sont assez complexes et pas évidents à reproduire sur scène et c’est vrai que pour moi c’est assez difficile d’assurer les deux ! Donc la réponse c’est info ! [Rires] Comme je te disais notre bassiste est aussi un très bon guitariste en fait donc on a pensé à échanger nos instruments je suis passé à la basse et lui à la guitare. On a fait un test sur trois semaines et la chose marrante c’est que si tu regardes le clip de « The Things We Believe In » tu verras que je tiens la basse et lui assure les guitares. C’est très marrant de voir les réactions des fans, ils ont été un peu décontenancés de me voir jouer de la basse au lieu de la guitare ! [Rires] Ils étaient totalement perdus !!! Finalement après réflexion on a décidé de revenir à l’ancienne version. J’ai joué toutes les parties de guitare pendant tant d’années au sein d’ORDEN OGAN que c’était vraiment trop déstabilisant pour les fans de me voir jouer de la basse. Au final cela ne me paraissait pas très bon d’intervertir les instruments. Le public préfère me voir avec une guitare entre les mains.

MI. Comment s’est passé le tournage du clip avec Rainer Zipp Franzen ?
Seeb. C’est un type formidable. On s’est rencontré et on a discuté du projet. Il m’a dit qu’il avait travaillé avec DIMMU BURGIR, j’ai visionné le clip et j’ai trouvé que le résultat était très bon. A l’origine on devait se rendre en Hongrie pour faire le film car je voulais capter une ambiance particulière et je trouvais que ce pays était parfait pour obtenir ce résultat. Lorsqu’on en a parlé avec la maison de disque, ils m’ont dit qu’ils connaissaient un type très doué en effets spéciaux qui a travaillé sur de nombreux films et qui pourrait recréer cet univers sans partir aussi loin. Ils souhaitaient tourner en Allemagne et non pas en Hongrie. Au final on s’est aperçu qu’on avait juste besoin d’un bon caméraman, d’un directeur de la photo et ils ont tous fait un très bon job, on est très fiers de cette vidéo.

MI. Vous avez décidé d’inclure sur To The End, deux anciens titres « Mystic symphony » et « Angels War », cela fait un bon moment que vous les jouez sur scène qu’est ce qui vous a poussé finalement à les enregistrer en studio et pourquoi pas avant ?
Seeb. C’est étrange à dire, mais tout simplement parce qu’on ne le sentait pas, on n’avait pas l’impression qu’ils seraient à leur place sur les CD précédents. « Angels War » est issu en fait d’une démo qu’on a enregistré en 2004 et qui se nomme Testimonium A.D, c’est la première fois qu’on l’a mis sur un support mais il est resté à l’état de démo parce qu’à cette époque, on avait aucun contrat avec un label. On n’avait aucun moyen de distribution autrement que par nos propres moyens. Les gens aimaient vraiment beaucoup cette chanson que ce soit nos fans ou nos amis et on a eu envie de leur faire plaisir et de la réenregistrer de nouveau pour qu’ils puissent l’avoir dans une excellente qualité audio. Ils ne cessaient de nous la réclamer et on s’est dit que c’était le moment où jamais de leur offrir. Pour ce qui est de « Mystic Symphony» c’est un titre que l’on joue en live depuis 8 ans au moins et là encore les fans nous la réclamait sans cesse parce qu’elle n’existait sous aucun support, à part en pirate. On leur répondait systématiquement qu’on ne la faisait qu’en concert, mais à force d’avoir cette demande incessante on a finit par craquer et par l’enregistrer.

MI. Est-ce que ces deux chansons ont beaucoup évolué tout au long de ces années ?
Seeb. Oui, elles ont subit beaucoup de transformations si tu les compares à la période où elles ont été écrites, c'est-à-dire autour des années 2003/2004. Si tu écoutes la version EP d’ « Angels War » tu t’apercevras que ce n’est pas qu’au niveau de la production mais aussi des riffs que le morceau a changé. Ma manière de chanter est elle aussi très différente je crois que cette version est nettement plus puissante et moderne. Au fil du temps nous avons beaucoup évolué et acquis de nombreuses connaissances que nous avons mises en pratique sur l’enregistrement de ces deux titres.

MI. Vale et Easton Hope étaient deux opus qui développaient un concept particulier est-ce que To The End reprend la saga là où elle s’était arrêtée ?
Seeb. Non, c’est un concept qui est basé sur la survie de la race humaine après la fin du monde. On peut imaginer que c’est du à une guerre nucléaire mais chacun peut avoir sa propre idée de ce qui a pu provoquer cette destruction de la planète. C’est une fiction car je pense qu’avec toutes les armes dont dispose le monde, si un conflit de ce genre arrivait il n’y aurait pas grand monde qui survivrait. Je pense que cela irait tellement vite que personne ne se rendrait compte réellement de ce qui serait en train d’arriver. Nous avons voulu développer cette vision d’un monde très sombre et totalement apocalyptique où les derniers survivants devraient se battre pour que la race humaine survive.

MI. Est-ce qu’il y a quand même quelques personnages issus des deux précédents concepts que l’on retrouve sur To The End ?
Seeb. Oui, le type que tu vois sur la pochette est un peu comme notre mascotte, il s’appelle Alister Vale et c’est un peu le Eddie (IRON MAIDEN) d’ORDEN OGAN. A la base il n’y a pas d’explication sur son apparition. Il est mystérieux, on ne sait pas qui c’est et il est immortel. Il traverse les époques sans jamais s’arrêter. Mais le truc le plus impressionnant c’est qu’il est maudit partout où il passe il ne laisse derrière lui que la désolation et la tristesse, tout est mauvais lorsqu’il est présent quel que part. Lorsqu’il apparaît, il ne reste plus rien derrière lui, il apporte le chaos et la destruction c’est ce que l’on a voulu représenter sur la pochette de To The End.

MI. Justement vous avez une nouvelle fois collaboré avec Andréas Marschall qui a travaillé avec BLIND GUARDIAN, RUNNING WILD ou encore IN FLAMES comment travaillez-vous ?
Seeb. La plupart du temps, j’ai une idée et je la laisse évoluer. Ensuite j’en parle à Andréas en lui donnant le plus de détails possible. D’un autre coté, j’essaye de ne pas trop développer car je veux qu’il ait sa propre vision de l’histoire pour qu’il ne soit pas trop limité par mes propos. Je pense que lorsque tu as la chance de travailler avec un artiste aussi extraordinaire qu’Andréas Marschall tu ne dois pas être trop limitatif et tu dois lui laisser exprimer tout ce qui vient de son propre imaginaire. Pour To The End, on voulait un personnage avec un livre à la main et un genou à terre dans la neige après on l’a laissé totalement libre de faire ce qu’il voulait.

MI. Vous avez un titre qui s’appelle « We Are The Pirates » et qui a été utilisé par une grande chaîne de TV allemande en bande son lors du grand prix de formule 1 de Monza peux-tu me dire comment c’est arrivé ?
Seeb. [Rires] Oui, le plus dingue au sujet de cette histoire c’est que c’est arrivé le jour de mon anniversaire. J’ai reçu un texto m’annonçant que notre morceau passait en direct sur une des plus grande chaîne de télévision allemande qui s’appelle RTL. Bien sûr, je n’y ait pas cru et j’ai répondu à mon pote d’aller se faire foutre, je croyais que c’était un gag ! [Rires] Mais ensuite j’en ai reçu un autre puis encore un autre, au final au bout du quinzième sms, j’ai commencé à me dire que c’était peut être vrai et je me suis dis que j’allais quand même allumer la télévision et là je suis resté bouche bée, c’était vrai ! [Rires] C’est vraiment un truc incroyable ce qui nous est arrivé ce jour là quand j’y repense.

MI. Est-ce que cela vous a aidé d’avoir une audience de plusieurs millions de téléspectateurs ?
Seeb. Pas vraiment. Le coté négatif de l’histoire c’est qu’en fait ils avaient mis notre musique mais pas notre nom, il n’apparaissait nulle part. Du coup personne ne savait de qui était cette musique bruyante qui était en fond sonore [Rires] … Mais ça nous a quand même apporté un petit plus. On a eu quelques retours et surtout on en a parlé un maximum. Et puis il y a des gens qui ont fait l’effort de chercher pour savoir qui pouvait jouer ce type de Metal. Ca nous a beaucoup boosté. Mais si le nom était apparu sur l’écran, là je crois vraiment que cela nous aurait énormément aidé, on aurait fait un pas de géant en terme de communication. Malheureusement personne ne pouvait deviner qui jouait « We Are The Pirates ».

MI. Une de vos particularités, c’est l’utilisation des chœurs sur Easton Hope. Il y avait 15 choristes, vous avez battu un nouveau record cette fois-ci ? [Rires]
Seeb. [Rires] Non, cette fois ci nous avons procédé différemment. On a travaillé avec des groupes séparés. Au total, il y en a dix sept mais ils n’ont pas enregistré ensemble. On a organisé des minis chorales de six ou sept personnes histoire de changer un peu dans la manière de travailler. Nous avons enregistré dans une église, on voulait capter cet écho naturel qu’il y a dans ce genre d’endroit. Ce genre d’ambiance, tu ne peux pas le reproduire dans un studio ou avec un ordinateur, c’est impossible. On voulait obtenir le vrai son d’une cathédrale et ça sonne vraiment bien. Le son des guitares est très direct et on voulait obtenir la même chose au niveau des chœurs. Il n’était pas question de travailler en studio.

MI. Aimerais-tu travailler avec un orchestre classique ?
Seeb. Oui, j’aimerais beaucoup mais pour l’instant je n’ai pas envie de tenter ce genre d’expérience. Quand nous avons enregistré Easton Hope, il y avait énormément d’orchestrations. On s’est retrouvé avec 160 pistes d’enregistrements différents et travaillé dessus au niveau du mixage a été totalement épuisant. Quand j’écris en général, je travaille les mélodies sur ma guitare et cette fois-ci, j’avais envie de faire simple. Pourquoi rajouter des parties orchestrées, on est un groupe de Metal et on a envie de sonner comme tel et de mettre une grande claque à tout le monde sur scène. Il faut toujours penser que tu dois être capable de reproduire tous ces arrangements lors des concerts ce qui n’est pas évident. C’est pourquoi avec To The End, on a voulu alléger un peu les choses. On a travaillé essentiellement sur les mélodies sans ajouter quoi que ce soit ou presque. Pour développer ce genre de projet il faut beaucoup de temps, mais je pense que nous y reviendrons dans le futur.

MI. C’est toi qui as fait la majorité des guitares sur l’album ?
Seeb. J’ai fait beaucoup de rythmique et quelques soli effectivement. Mais Toby Kersting est bien meilleur que moi en lead guitare et il a assuré la majeure partie des soli. Il a étudié la guitare avec Victor Smolski de RAGE qui est un guitariste extraordinaire. Et quand tu pratiques ton instrument pendant huit ans avec Victor cela a forcément des conséquences positives sur ton jeu et Toby est un excellent guitariste.

MI. Tu as étudié la musique en université, je crois même que tu as un master en musique qu’est ce que t’ont apporté ces années d’études ?
Seeb. C’est tout à fait juste. J’étais étudiant en musique populaire dans une université en Allemagne. On travaillait sur toutes formes de musique, on apprenait un peu tout ; comment composer mais aussi comment produire et obtenir le son que l’on souhaite. C’était très diversifié, on étudiait aussi le journalisme par exemple. C’est une formation qui touchait à de nombreux domaines très différents les uns des autres mais qui avait toujours un rapport avec la musique populaire. C’était très enrichissant car cela permet d’avoir une vision globale du monde de la musique et non minimaliste. C’est d’ailleurs à cette époque que j’ai commencé à agencer mon propre studio d’enregistrement, j’ai mis en pratique mes cours et j’ai pu progresser au fils des années.

MI. Finalement est ce que tu peux nous donner la véritable signification d’ORDEN OGAN ?
Seeb. [Rires] C’est vrai que dans le passé on a un peu raconté n’importe quoi. On donnait pour chaque interview une explication différente [Rires] … Mais au bout d’un moment, notre management et notre label nous ont rappelés à l’ordre. Ils nous ont dit qu’il fallait qu’on arrête de raconter n’importe quoi et que l’on donne enfin la véritable signification de notre nom car les fans avaient besoin de s’identifier au groupe. Alors on a accepté même si on trouve l’explication au final très ennuyeuse. Donc, je vais tout te dire c’est très simple en fait : Orden veut dire en Allemand l’ordre et Organ est un mot celtique qui signifie peur. Donc ORDEN OGAN veut dire l’ordre de la peur.

MI. D’où vient cette influence celtique que l’on retrouve dans votre musique notamment sur Vale ?
Seeb. En fait, je ne sais pas vraiment. Je suis quelqu’un de très ouvert d’esprit, je suis un peu comme une éponge et au final tout peut m’influencer. Si je suis assis à l’arrière d’un taxi pour me rendre à l’aéroport comme ce matin afin d’assurer une journée de promotion et que la radio fonctionne, je peux entendre un titre qui pourra peut être m’influencer dans le futur. Mais je ne suis pas du tout un fan de musique Celtique ou de Folk Irlandais ce n’est pas ce que j’écoute chez moi. En général je trouve une mélodie et parfois elle peut ressembler à un de ces airs celtiques mais c’est totalement inconscient et non prémédité de ma part.

MI. « Take This Light » est une superbe ballade quelle est l’histoire que tu évoques dans cette chanson ?
Seeb. C’est un morceau qui a un texte un peu spécial qui pris au premier degré peut paraitre étrange. Ca parle de papillons, de loups et les gens peuvent se demander à quoi ça rime et qu’est ce qui m’a pris d’écrire un texte pareil. Si tu lis les paroles sans en rechercher le sens profond, tu peux te dire que je suis complètement dingue. Mais l’idée qui se cache derrière ce morceau est beaucoup plus sombre. L’histoire concerne une femme qui est assise dans la neige après l’apocalypse. Elle tient son enfant mort dans ses bras et elle chante pour donner de l’espoir au reste de l’humanité même si le monde autour d’elle est totalement détruit. C’est pourquoi c’est en décalage par rapport à son état réel. Mais si tu écoute le titre dans ce contexte tu t’aperçois que c’est une chanson très noire et lugubre. Au final « Take This Light » est très triste.

MI. Est-ce que tu as déjà des idées pour le prochain album ?
Seeb. Oui, on a déjà pas mal d’idées pour le prochain opus, ce que je peux dire c’est que ce sera quelque chose d’un peu spécial. Ca devrait être différent de ce que nous avons fait auparavant. Mais je ne veux rien dire pour le moment car les choses peuvent évoluer et changer au cours des prochains mois.

MI. Quel souvenir gardes-tu de votre passage au Wacken Open Air ?
Seeb. Fabuleux, c’était la première fois que l’on participait à un festival aussi prestigieux. On a joué sur la petite scène mais c’était vraiment incroyable pour nous de se retrouver dans un tel évènement. Je m’en souviens comme si c’était hier et ça restera gravé dans ma mémoire pour très longtemps je crois. On est monté sur scène un samedi à 22 heures et au même moment sur la scène principale il y avait la tête d’affiche du festival qui jouait. Il y avait une foule immense, une vraie marée humaine et du coup certains de nos fans n’ont pas pu accéder à l’endroit ou nous étions car la foule était trop compacte, c’était impossible ou presque de progresser. Il y avait une atmosphère incroyable et on s’est dis qu’il fallait le publier pour que tous nos fans puissent en profiter. On a donc choisi de sortir le show en dvd sur l’édition limité de To The End. C’est brut de décoffrage, on n’a rien retouché, pas d’over dubs, du vrai live c’est un cadeau pour tous ceux qui nous apprécient. S’il a des pains on les assume totalement, c’est représentatif de ce que nous sommes réellement en concert. Il y a des plantages mais c’est la vie après tout, il n’y a pas de groupe parfait. Pour nous ce qui est important, c’est que tout le monde puisse ressentir cette énergie phénoménale qu’on trouve dans le cadre du Wacken. C’est quelque chose d’unique.

MI. Pour terminer, est ce qu’il y a quelque chose que tu n’as pas dis et qui te parait important ?
Seeb. Il n’y a pas grand-chose à rajouter, je crois qu’on a abordé pas mal de sujets intéressants ensemble. La seule chose que je tiens à dire c’est merci. Les fans viennent nous voir en concert, ils payent leur place, achètent nos cds, notre merchandising et sans eux nous ne serions rien. Nous sommes dans le même navire, il n’y a pas de différence entre eux et nous. Je tiens vraiment à les remercier pour leur soutien car au final ils sont notre force vitale.

MI. Merci à toi pour cette interview.
Seeb. C’est moi qui te remercie pour ce moment, à très bientôt j’espère.


Ajouté :  Mardi 04 Décembre 2012
Intervieweur :  The Veteran Outlaw
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