PAIN OF SALVATION (se) - Elysée Montmartre Paris (18/12/09)
Groupes Présents au concert : ZUBROWSKA / PAIN OF SALVATION
Date du Concert : vendredi 18 décembre 2009
Lieu du Concert : Elysée Montmartre (Paris, France)
Certains d'entre vous se souviennent sûrement du film de et avec Alain Chabat, « Didier », où apparaissent sporadiquement une bande de skinheads dégénérés qui écoutent une musique inaudible sur l'autoradio de leur camionnette ! Ils ont beau changer de piste, c'est toujours la même chanson atroce ! Et ben on a longtemps cherché, et enfin on a trouvé le groupe qui joue sur la cassette, il s'agit de ZUBROWSKA ! Un sextet toulousain qui évolue dans un Metal brutal mais tout à fait inoffensif, sans l'ombre d'une nuance ni once d'originalité. Ils ont beau être plein de bonne volonté, se démener et sauter dans tous les sens, on nage en plein n'importe quoi. Il n'y a qu'à voir l'orthographe de leur page myspace pour se rendre compte du niveau d'amateurisme. Chaque morceau ressemble au précédent, le jeu de scène est quasi nul, et on se demande encore ce que ce pauvre second chanteur qui envoie trois malheureux growls par titre est venu faire là. Les autres musiciens multiplient les poses « cliché » en envoyant de gros riffs lourds et répétitifs, sans rien apporter de constructif à une musique qui n'en a que le nom. Le public ne s'y trompe pas et paraît plus désarçonné qu'emballé par la performance des français. Allez, on a beau être chauvin, à 30 euros l'entrée sur place, on s'attend à autre chose...
Dure-dure la vie de première partie vous direz-vous, mais à leur décharge on pourrait imaginer que ce soir polaire de décembre, le public est majoritairement constitué de progueux purs et durs, de tous âges, dont la tolérance s'arrête certainement là où ZUBROWSKA commence à sévir. PAIN OF SALVATION n'avait pas joué à Paris depuis mars 2007 à la Loco, et la tournée « Sickening The World » faisant suite à l'excellent « Scarsick ». Album qui, bien que déroutant, a certainement fédéré de nouveaux fans, puisque l'Elysée Montmartre, certes en configuration minimale tous rideaux tirés, est presque comble.
L'intro, un chant folklorique suédois, résonne, et le groupe se met en place alors que la foule trépigne dans le noir. Les lumières s'allument sur « Remedy Lane », et on constate d'emblée la sobriété d'une scène sans décor ni fioriture, seul un misérable petit fauteuil dans un coin, sur lequel Daniel viendra s'affaler le temps d'un solo. Notons l'arrivée d'un nouveau batteur, français, ayant officié au sein de... oui !! ZUBROWSKA ! Incroyable mais vrai. Léo Margarit prend donc la place de Johan Langell aux fûts, et si les premiers instants semblent un peu difficiles, à l'image du début du concert en lui-même, il tiendra son rang tout au long du set. Belle promotion pour un batteur qui a de l'allure. Si « Used » et « Diffidentia » sont de vrais brûlots sur scène, il est toutefois peu aisé de rentrer dans le show des suédois. Le son est bon, le groupe plutôt engageant, mais il faut peut-être un temps d'adaptation au public pour se laisser aller aux compositions alambiquées, asymétriques, alternatives et rageuses, mais avant tout foncièrement différentes de PoS. « Linoleum » du récent EP éponyme s'avère intéressant en live, mais sans plus.
C'est l'enchainement « Ashes » - « Undertow » qui marquera vraiment le début d'une vraie osmose entre Daniel Gildenlow, le groupe et les fans présents. Puissant, complexe, puis émotionnellement intense, l'interprétation est sans faille, l'ambiance se fait propice à ce type d'approche et on commence vraiment à apprécier certaines des composantes essentielles de l'oeuvre du groupe. La voix cristalline de Daniel, la finesse d'un jeu de guitare intelligent, le tout secondé par un Johann Hallgren impressionnant aux choeurs, emporte l'Elysée Montmartre. Per Schelander tout juste débarqué de ROYAL HUNT pourtant en plein renouveau, ne manque pas d'assurance et étrenne son marcel à résilles et ses nouveaux gallons sur des planches qu'il n'a jamais foulées avec Andersen et consorts ; trop peu pour convaincre les fans visiblement sceptiques à la fin du concert. Fredrik aux claviers est très discret mais fait le boulot sans accroc. L'accrocheur « Falling », le monumental « The Perfect Element » et « Fandango » s'enchaînent avec sobriété et efficacité, au sein d'une setlist équilibrée qui parcoure tous les albums et ravit l'assistance
Daniel est toujours très à l'aise dans son rôle de frontman, sa satisfaction d'être là communicative et chacune de ses interventions provoque une réaction vive du public, souvent amusé par des traits d'humour plein d'esprit. Gros morceau de la soirée, « Handful of Nothing » de « One Hour By The Concrete Lake » est aussi une bouffée d'air dans un concert intense et éprouvant. Léo a droit à son solo en milieu de set, pas exceptionnel mais très honorable. « Spirit Of The Land » (assis dans le fameux fauteuil) logiquement suivi de « Inside » amorce avec succès la fin du show. Un « If You Wait » pas transcendant plus tard, Daniel et Johann jouent avec le public avant d'annoncer un autre tube en puissance : « Nightmist » du premier album de PAIN OF SALVATION, « Entropia ». Un titre symbole qui cristallise à lui-seul le talent de composition, la finesse complexe des mélodies du groupe, et le génie technique des musiciens. C'est déjà l'heure des rappels, et Daniel revient sans guitare en toute simplicité pour une interprétation brillante de « Hallelujah » de Léo Cohen, en piano voix. Il est rejoint par Per et Johann aux choeurs, et alors qu'on pensait avoir entendu ce titre dans toutes ses déclinaisons possibles et imaginables, on se prend à l'adorer de nouveau, les suédois lui faisant véritablement honneur. Même physiquement et dans certaines attitudes, on retrouve du Jeff Buckley chez Daniel Gildenlow, ces allures de beau gosse, non pas torturé mais juste brillant et intelligent. Un beau moment, respecté par les spectateurs, sous le charme. Vient alors une curiosité, un nouveau morceau issu de l'album à venir, « Conditionned » et son thème emballant et bluesy, idéal en fin de set. Enfin comment ne pas finir sur « Disco Queen », le hit improbable de « Scarsick », qui change en un instant la fosse en dancefloor ? Perruques de couleur et lunettes de soleil kitch sont de sortie, et à la demande du groupe la quasi totalité du public se trémousse au rythme de cet hymne génial qui casse en deux l'image d'un groupe décidément décalé et à l'inspiration sans fin.
Presque deux heures de show, dont presque autant de gros plaisir mélomane. Difficile de demander mieux. Voilà un combo attachant et brillant qui décline le prog et la musique en général avec génie et dont la polyvalence et le sens du spectacle ne sont que d'autres atouts à leur crédit. Epuisé et rassasié, le public parisien rejoint la Sibérie le cœur au rythme légèrement syncopé...
Ajouté : Samedi 09 Janvier 2010 Live Reporteur : JB Score : Lien en relation: Pain Of Salvation website Hits: 19891
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