STRATOVARIUS (fi) - Elysée Montmartre à paris (12/01/10)
Groupes Présents au concert : STRATOVARIUS + MYSTIC PROPHECY + TRACEDAWN
Date du Concert : mardi 12 janvier 2010
Lieu du Concert : Elysée Montmartre (Paris, France)
Copyright Photo : Ludopix.com
Nous sommes en novembre 2005, STRATOVARIUS, qui traverse depuis deux ans une profonde crise interne qui s'étale dans les médias et écorne considérablement l'image du groupe, joue tant bien que mal un show crédible à l'Elysée Montmartre. On se doute alors que les finlandais ne reviendront pas avant d'avoir géré cette situation intenable, palpable sur scène, et ces conflits multiples cristallisés par la pathologie de Timo Tolkki, maniaco-dépressif psychotique à ses heures perdues...
Libérés de leurs diverses obligations contractuelles, et non sans s'être préalablement livrés à une pathétique guerre des clans par journaux interposés, chacun s'épanchant dans la presse à la moindre occasion, le groupe et Tolkki décident de mettre un terme à leur collaboration, ce dernier dans un élan de philanthropie cédant tous les droits de STRATOVARIUS, à Kotipelto, Michaël et Johansson.
Sans son maître à jouer, son seul véritable compositeur de talent, mais avec la bénédiction d'une majorité de leurs fans, les héritiers du véritable symbole du heavy speed scandinave depuis 20 ans décident de continuer, engagent le méconnu Matias Kupiainen à la guitare et enregistrent Polaris, un album sans grand génie tout juste bon à justifier une tournée mondiale, une formalité théoriquement pour un combo qui cumule tout de même plus de 15 ans de carrière, 11 albums studio et une multitude de concerts...
12 janvier 2010, l'Elysée Montmartre est aux trois quarts ouvert, et affiche un taux de remplissage presque maximal. C'est tout de même un événement, et le millier de personnes présent ne s'y est pas trompé. En guise d'amuse-bouche, TRACEDAWN, un amusant sextet finnois de Death mélodique tout juste sorti de l'école, chauffe la salle pendant une petite demi-heure avec un son correct et de bonnes intentions. Techniquement au point, visiblement enchantés de l'opportunité de se montrer en dehors de leur cour de récré, ils envoient des morceaux puissants et honnêtes, simplement ternis par une voix claire peu convaincante et un guitariste aux soli hors ton.
MYSTIC PROPHECY, encore un nom de groupe ridicule, mais une première partie somme toute d'assez bonne facture. De vieux briscards enthousiastes qui viennent ici défendre Fireangel, leur dernier album. Casquette sur le crâne et sourire niais de circonstance, Roberto Lapiakis, l'improbable chanteur grec de cette formation cosmopolite, ne tient pas en place et multiplie les poses « so heavy », juché sur les retours. Notons un bassiste pachydermique aux quatre cordes montées à l'envers, et deux bons guitaristes solo, qui délivrent un set honnête dont « We Kill You Die » ou « Paranoïd » emprunté à BLACK SABBATH, se révèlent comme les meilleurs moments. Le public joue le jeu à fond et l'accueil est plus que poli, les nombreux jeunes de l'assistance, surexcités, n'hésitant pas à donner de la voix ou improviser de petits mosh pits bien innocents...
STRATOVARIUS. On dévoile un immense backdrop aux couleurs de Polaris, libère la scène de l'attirail des guests, avance le DX-7 de Jens, retire le drap du très beau nouveau kit transparent de Jörg, et la fébrilité monte d'un cran chez les connaisseurs, qui attendent légitimement ce moment avec autant d'excitation que de crainte. Les lumières s'éteignent au son de l'intro de « Destiny », tous font discrètement leur entrée dans une faible lumière bleue et les premières notes de Matias affolent déjà les premiers rangs. Timo Kotipelto entre en piste en courant, cheveux au vent, et voilà lancé un show dont les prémices libèrent le coeur du poids de l'appréhension. Hélas, ce titre exigeant pour la voix met en exergue d'entrée l'état calamiteux des cordes vocales du frontman, aucun aigu ne passe, et nulle note n'est tenue. Ses mimiques et sa consommation systématique de potion magique durant le concert laissent penser à un bon coup de froid bien inopportun... Sans pause ni répit retentissent les premières notes de « Hunting High And Low », le bon gros tube qui lance idéalement le concert, tous, du pré-ado au fan de la première heure, en reprenant le refrain sans se faire prier.
On constate d'emblée que l'ambiance a l'air bonne sur scène, assainie du moins, mais qu'il manque quelque chose, et que pour préserver la primeur et donner une chance à ce concert, on refuse pour le moment de mettre un nom dessus. Comme d'habitude avec Timo K. « it's fuckin' great to be back in Pariiiiis », et le voilà qui en profite pour présenter Matias, qui, braqué par tous ces regards avides, débute « Speed Of Light », le premier vrai test pour celui qui porte sur ses épaules la lourde charge (au figuré bien sûr...) de succéder à Timo Tolkki. Ce morceau devant être le défi ultime de tout guitariste amateur en Finlande, le solo est respecté note pour note. Jörg et Jens sont déchaînés, ça va très très vite, et seul Timo, lâché par sa voix, pioche un peu. S'enchaîne un autre classique, un mid-tempo pour reprendre ses esprits, le formidable « Kiss Of Judas », bien interprété mais sur lequel encore une fois, une petite chose ne va pas...
Tout est fait pour mettre en avant ce nouveau guitariste dont personne n'avait jamais entendu parler avant son intronisation. Voici « Deep Unknow », composé par l'intéressé, mais dont le rendu en live est contestable. En revanche, ça va beaucoup mieux avec « A million Light Years Away », au thème accrocheur, repris par le clavier de Jens... et les choeurs bizarres de Lauri Porra... L'occasion pour Timo de faire taper des mains, crier la salle ou s'élever les poings à sa demande, et pour nous d'entendre un titre snobé depuis la tournée « Infinite ». L'ambiance est excellente ce soir à l'Elysée Montmartre, les fans répondent bien aux morceaux joués, et semblent prêts à tout pardonner à leurs idoles, et pourtant...
De droite à gauche, Jens Johansson, est sur motivé, ses grimaces et son attitude générale sont dignes de ses grandes heures avec MALMSTEEN ou STRATO. A côté de lui Lauri Porra, au charisme ostréicole et à l'allure de grande allumette inutile, sourire béat en prime, nous fait regretter Jari Kainulainen depuis plusieurs années, mais bien a pris ce dernier de quitter le navire au bon moment... Timo Kotipelto se donne beaucoup, il harangue la foule sans arrêt, on connait ses poses, son charme, c'est presque devenu une science, ce mec est une référence. Sa voix ne lui permet plus d'aller si haut qu'avant, et sa petite forme lui fait livrer une prestation sans grand relief, mais l'expérience lui fait compenser visuellement par une belle présence. Derrière lui, Jörg, illuminé de mille spots, lunettes noires sur le nez et bandana voyant sur le front a constamment un sourire qui ne trompe pas. A gauche toute, le pauvre Matias a l'air perdu, ce n'est pas son premier show avec le groupe et pourtant, il est effacé et semble pâtir grandement des grandes attentes qu'il inspire. Son jeu est certes différent de celui du grand Timo T., il est moins polissé, mais aussi moins bien senti, il oublie l'émotion, favorise une rapidité ou une technique dont personne n'a cure ; il retombe rarement sur la bonne note lors des duels avec Jens, il est quelque fois hors propos dans son jeu de scène, les rares fois où il quitte son pied de micro, où il est contraint à effectuer des choeurs souvent faux.
De même, cette setlist complaisante, absolument hallucinante, tel un best-of sucré, sent l'opération séduction, la mission reconquête. Aucun panachage avec des morceaux plus atmosphériques, plus longs, voire oubliés des fans. Le répertoire du groupe est immense, et recèle de pépites qui n'attendent que d'être enfin jouées en live. L'équilibre est vacillant, trop de tubes faciles tuent un peu cette setlist sur le papier pourtant irréelle. Et à ce moment où l'euphorie laisse peu à peu place à quelques questions, arrive un temps mort. Lauri et Jens s'accordent d'abord une petite impro sur un thème classique, puis « Winter Skies », une power-ballade issue de Polaris, plombe un peu l'ambiance. Heureusement, STRATOVARIUS sort l'Elysée de cette légère apathie avec « Phoenix », un morceau bien puissant qui met à contribution le public. On ne s'en titre pas trop mal sur l'interprétation de ce brulot, mais s'ensuit une nouvelle erreur : un duo de solo entre nos deux vedettes du soir, Lauri et Matias. Pourquoi diable s'obstine-t-on depuis 5 ans, autant sur les tournées STRATO et KOTIPELTO, à accorder à ce clown de Porra 5 minutes de solo de basse aussi chiant qu'inutile ? Kupiainen, lui, joue sans grande motivation le thème de « Le Bon, La Brute et le Truand ». Nul.
Dans la foulée il initie « Forever Is Today », seul des trois extraits du dernier album à réellement faire mouche en live, il déchaîne la salle et se trouve tout à fait à la portée de la voix meurtrie de Timo. Enfin une surprise dans cette soirée, rarement joué depuis sa parution sur l'album mixte « Intermission », « Will My Soul Ever Rest In Peace ? », ponctue brillamment le set. Parmi les premiers morceaux réellement néo-classiques du groupe, le très exigeant techniquement « Twilight Symphony », issu de « Fourth Dimension » (1994), fait aussi plaisir à entendre, jusqu'à ce qu'il soit littéralement massacré par l'absence de personnalité de cette maudite guitare, et tout juste sauvé par le clavier de Jens, et le solo assez émouvant de la fin du morceau. Encore une belle occasion de convaincre brillamment loupée. Évidemment, « Eagleheart », le bon gros pop song de Elements Pt. 1 remet tout le monde d'accord avant les rappels. Le public chante et hurle son contentement, rappelle le groupe avec insistance, alors qu'une frange de fans purs et durs partage déjà son scepticisme et sa déception.
« Forever », joué avec guitare ET clavier, donne l'occasion à Timo de reposer son organe, comptant sur le public pour chanter cette balade parmi les classiques du groupe que chacun connait sur le bout des doigts. Beau moment d'émotion, toujours garanti. Il est temps d'annoncer un des morceaux les plus speed de STRATOVARIUS, certainement celui qui avec « Black Diamond » personnalise le mieux le style originel du groupe : « Father Time ». Jörg, intraitable, ne faiblit pas, et envoie la sauce comme au début du set en martelant ses fûts frénétiquement. Alors qu'il sent venir la fin du show, le public donne ses dernières forces et s'époumone sur les refrains. Avant de scander en choeur l'intitulé de cet ultime morceau dont le thème de clavecin initial annonce le clou du spectacle... Et effectivement il semble que certains dans la salle ne sont venus que pour ça, ce diamant noir déchaînant en 6 minutes la foule et les passions. Le refrain qui peine à sortir de la gorge épuisée de Kotipelto jaillit littéralement et avec force de la fosse exaltée par cet ultime rappel un poil bâclé, mais c'est une constante chez STRATO...
Difficile de conclure sans évoquer la frustrante impression qu'a dégagé ce concert pourtant si attendu. Par moments, ces légendes semblaient faire partie d'un tribute band. L'ombre gigantesque d'un Timo Tolkki aussi imprévisible et ingérable que tout bonnement indispensable a assombri la performance de cette tête d'affiche qu'on aime tant. Il faudra certainement du temps, ou un choix plus judicieux quant au poste de guitariste, pour redorer la blason de STRATOVARIUS, et lui faire revivre ne serait-ce qu'un peu des grandes heures qu'il a connu il n'y a encore pas si longtemps...
Ajouté : Mardi 26 Janvier 2010 Live Reporteur : JB Score : Lien en relation: Stratovarius website Hits: 23390
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