Saluons d'entrée le professionnalisme et l'intégrité de ce groupe français. Le packaging est de qualité et que dire de leur site ? Tout simplement magnifique. LAC PLACIDE sait créer un univers énigmatique et attirant mais il fait le choix courageux de ne pas tenir l'auditeur par la main. La formation croit dur comme fer en ce qu'elle compose et se moque des conventions, au risque de déstabiliser lors des premières écoutes. Première surprise : elle vient du chant. En effet, LAC PLACIDE reste l'inventeur du Metal bilingue et il poursuit dans cette voie avec ce deuxième opus, dans la mesure où deux chants se superposent, l'un féminin et en anglais de Sa Majesté Roy, l'autre masculin et en français du Rôdeur Renaud, et pour compliquer le tout, les lyrics de l'une et de l'autre diffèrent... Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer... Un tel chant, pour être ambitieux, peine toutefois à captiver, d'autant que la voix claire du Rôdeur, fortement marqué par l'influence d'ANGE, sonne très surjouée. Ou pour ceux qui connaissent, on pense au S.A.S. de l'Argilière sur le morceau « Aphrodite Marine » (MISANTHROPE - 1666... Théâtre bizarre). Sur un titre, ça passe, et c'est même appréciable, mais sur dix... Et le problème avec LAC PLACIDE, c'est qu'ils sont très bavards. Pourtant, les parties instrumentales sont réussies (la mélodie qui vient nous frapper au milieu de « Healing » est tout simplement addictive), le tout bénéficiant d'une production très propre. Le style est très Prog, orgue Hammond à l'appui, même si les guitares savent parfois se montrer un peu plus incisives (« The Dark Gift », « Clown de Dieu »). LAC PLACIDE, par sa démarche, que l'on ne saurait qualifier de seulement musicale mais de réellement artistique, est encore loin de convaincre le plus grand nombre : on devine la richesse de leur monde mais on s'interroge sur la véritable volonté du groupe à communiquer. Closer est en outre parsemé d'intermèdes, sortes de brouhahas pris sur le vif dans un bar ou dans la rue, à l'intérêt des plus discutables.
Difficile dès lors de noter un tel album. Coupons donc la poire en deux et laissons aux plus curieux d'entre nous la possibilité de découvrir un combo à la démarche, disons-le, unique et singulière.