On peut véritablement faire dire ce que l'on veut aujourd'hui aux photos. Staline, en son temps déjà, avec moins de finesse, faisait supprimer, sur les photos – et bien souvent physiquement –, celles et ceux qui ne lui convenaient pas, trotskistes en tête. THE NO-MADS a recours au même procédé puisque que sur son site Internet, on retrouve exactement la même photo de groupe que sur l'album mais avec une personne en moins, le guitariste Jacek, ce dernier ayant quitté la formation entre-temps...
Passons à l'essentiel : Deranged commence fort avec un « The Day After », qui ressemble fort à du ARCH ENEMY, la voix de Sylwia Papierska n'étant pas non plus sans évoquer celle d'Angela Gossow. THE NO-MADS ayant une chanteuse comme vocaliste, on ne s'étonnera pas que les Polonais revendiquent HOLY MOSES comme une influence majeure et par la suite, c'est bien l'influence des Allemands qui se fera sentir.
L'album a été enregistré au Abyss Studio mais méfiez-vous des contrefaçons puisqu'il s'agit d'un studio situé en Pologne et non de celui de Peter Tätgren. Le Thrash pratiqué par THE NO-MADS peut être qualifié de old school à plus d'un titre : la production, les vocaux assez approximatifs (en particulier sur « The Return ») ou encore des structures et des riffs assez classiques (on pense à MEGADETH sur « Mercyful Hate »). Avec toutefois une mention spéciale pour le bassiste Jedrzej (prononcer… comme vous voulez) qui n'est pas sans rappeler notre Jean-Jacques Moréac national (MISANTHROPE).
L'auditeur sera tenté de faire la fine bouche devant un Deranged dont les compos auraient sans doute mérité d'être plus travaillées. THE NO-MADS a deux passions dans la vie : le Thrash et la bière, mais l'auditeur en vient parfois à se demander, entre les deux, lequel prime sur l'autre. Un titre comme « Thrash Alkoholisation » se suffit à lui-même : ça fleure bon l'Oktoberfest (avant que tout le monde ne commence à vomir). De son côté, l'intro de « The Caprice » et ses vocalises sur l'air du Barbier de Séville laisse froid mais il suffit qu'un solo, inspiré par l'œuvre de Paganini et à mi-chemin entre HELLOWEEN, EDGUY et MANOWAR, fasse son petit effet pour que l'on finisse par se laisser gagner par cette spontanéité tant rock'n roll (« False Queen Of Metal ») que punkisante (« I Am Your God Part I ») qui règne sur cet album....
Toutefois, même si l'adage suivant lequel l'appétit vient en mangeant se vérifie ici puisque le plaisir tend à augmenter à chaque écoute, Deranged constituera surtout un bon fond sonore pour une soirée de beuverie ou pour emmerder les bourgeois.