OPETH (se) - Per Wiberg (Sept-2005)
C’est avant leur concert à La Loco que le clavier du bien connu groupe de Death Progressif suédois a bien voulu répondre à nos questions sur l’album et la tournée Ghost Reveries. Où l’on apprend à mieux connaître Per Wiberg, dernier arrivé et tout nouveau membre d’OPETH depuis le début 2005.
Line-up : Mikael Åkerfeldt (chant, guitare), Per Wiberg (claviers), Peter Lindgren (guitare), Martin López (batterie), Martin Méndez (basse)
Discographie : Orchid (Album - 1995), Morningrise (Album - 1996), My Arms Your Hearse (Album - 1998), Still Life (Album - 2001), Blackwater Park (Album - 2001), Deliverance (Album - 2002), Damnation (Album - 2003), Lamentations (DVD - 2003), Ghost reveries (Album - 2005)
Metal-Impact. Qu’est-ce que ça te fait, en tant que musicien, de jouer dans une salle comble ?
Per Wiberg. Oh, c’est un grand compliment qu’on nous fait. Je sais que, pour certains, c’est aussi une grande pression mais ce n’est pas mon cas. Je suis tout bonnement ravi !
MI. Et comment te sens-tu en général avant un concert ?
Per. Je ne suis pas stressé. C’est ce que j’aime faire alors ça ne peut pas me stresser. Peut-être un peu excité même si ce n’est pas vraiment le terme. Tu sais, tu voudrais monter sur scène plus tôt que prévu ; tu as hâte de jouer.
MI. Et qu’est-ce que tu préfères, la composition, l’enregistrement ou les tournées ?
Per. Je dirais que les concerts sont la meilleure partie bien qu’écrire de la musique puisse être aussi très libérateur. Quand tu écris un morceau et que tu arrives à le faire sonner comme tu veux, c’est formidable de réaliser ça.. Mais jouer devant un public, tu te sens bien. Cela a plus un rapport avec le moment présent ; c’est dans l’instant que tu joues de la bonne musique. Il y a une forme de communication avec le public. Tu donnes et tu prends. C’est là qu’est la musique [rires] !
MI. Tu dis beaucoup aimer composer. As-tu participé à la composition de Ghost Reveries ?
Per. Non, pas vraiment.
MI. Mikael a tout fait, comme à son habitude ?
Per. Tout à fait. Cela lui réussit bien. Il a déjà fait quelques albums, avant celui-ci ! Je pense que c’était bien d’avoir de nouveaux instruments en fond pour lesquels écrire. Nous avons peaufiné pas mal de parties de clavier ensemble. J’ai apporté des idées quand nous répétions ou que nous enregistrions au studio. Il y a toujours des idées nouvelles qui surgissent. Il aurait très bien pu s’occuper des claviers lui-même mais il n’avait peut-être pas le recul nécessaire. Je pense que c’est pour cela qu’ils m’ont inclus dans le groupe. C’est toujours bon d’avoir une deuxième opinion. C’est aussi pour cela qu’on a toujours un producteur.
MI. Et qu’est-ce que tu préfères en tournée ?
Per. Les interviews ! [rires]
MI. C’est gentil… mais honnêtement ?
Per. Oui, j’essayais d’être gentil… C’est toujours drôle de voyager. J’adore ça ! On ne se fatigue jamais de découvrir de nouvelles choses. Il y a bien sûr un certain nombre de trucs qu’il faut faire mais tu peux toujours te lever tôt le matin ; tu as plus de temps libre pour faire ce dont tu as envie. Si tu veux visiter une ville, un musée, cela dépend pas mal de toi. Donc pour moi, le plus intéressant si on met les concerts à part, c’est voyager !
MI. Comment ça se passe avec EXTOL ?
Per. Bien. Ils ont fait la première partie d’OPETH il y a trois ans sur la tournée en Scandinavie et en Europe. J’ai écouté leur dernier album il y a quelques jours et il est vraiment bon. Ils ont aussi une bonne performance live. Ce sont de bons musiciens.
MI. Vous avez le choix des groupes avec lesquels vous tournez ?
Per. Nous n’avons pas réellement choisi car il y a des plannings à respecter et nous sommes en tournée depuis fin juin. Peter et Michael ont proposé EXTOL pour la tournée Européenne et on a tous dit oui. On a quand même toujours un droit de veto.
MI. Passons maintenant à l’album. L’enregistrement a pris plus de temps que prévu. Pourquoi ?
Per. Parce que Jens Bogren, notre ingénieur et producteur sur l’album, est trop consciencieux. Et je pense que tous les membres du groupe sont trop optimistes en ce qui concerne les délais. On pense qu’on peut faire les choses en une semaine quand cela prend en fait trois semaines à faire, ce que Jens n’a pas hésité à nous faire remarquer. Je pense que ce fut déjà le cas quand les gars ont enregistré Delivrance. Cet enregistrement a été d’un pénible pour eux ! C’était un grand projet avec des gens étranges qui travaillaient –ou ne travaillaient pas– au studio. Cette fois, je pense que, même si cela a représenté beaucoup de boulot, tout le monde a apprécié d’enregistrer cet album et nous voulions passer plus de temps à faire absolument tout comme il le fallait.
MI. Tu penses que c’est votre album le plus abouti ?
Per. Pour moi, personnellement, oui, car c’est le seul et unique ! [rires] C’est impossible à dire. On essaie toujours de faire aussi bien que possible. Je pense qu’on a à peu près réalisé tout ce qu’on voulait faire avec cet album. Du moins, c’est le sentiment que l’on avait quand on était au studio. Personne ne peut dire qu’on n’a pas essayé tel ou tel truc parce qu’on s’en fichait. Je pense qu’on a pris le temps d’essayer plein de choses. C’est bien.
MI. Bien sûr, tu n’as pas pris part aux autres albums mais cet album me semble un peu comme le résumé de tout ce qu’OPETH a fait jusqu’à présent. Je trouve que certains titres auraient eu leur place sur d’autres albums et d’un autre côté vous faites quelques expériences…
Per. Oui, je pense qu’au moins 2 ou 3 morceaux auraient pu être sur Damnation : « Atonement » et « Isolation Years », « Hours of Wealth » peut-être aussi. C’est la stylistique de Damnation. Il y a toujours eu cette dynamique de la musique. De plus, ils n’ont jamais eu peur d’enregistrer des ballades ou des chansons mélo, non plus. Mais on a fait un pas de plus dans le psychédélique ou le progressif avec Damnation. Je pense que c’était très important pour faire ce nouvel album. A mon avis, tu as raison et d’autres chansons encore auraient pu être sur d’autres albums.
MI. Penses-tu que vous avez bouclé la boucle et qu’une nouvelle ère peut commencer pour OPETH ?
Per. Je ne sais pas. Peut-être qu’on est déjà dans la nouvelle ère.
MI. Quel est le thème principal de ce Ghost Reveries ?
Per. Je sais que l’intention de Mikael, quand il a commencé à écrire les paroles pour cet album, était d’avoir une impression de concept autour d’une idée occulte. Je pense que c’est le genre de personnes qui, quand elle écrit, a tendance à avoir son esprit qui se ballade un peu partout. L’album, au niveau des paroles, n’est plus un concept mais le thème est assez sombre. Certains morceaux se rejoignent mais pas tous, ce n’est pas une histoire avec un début et une fin mais un recueil de titres qui ont la même sorte d’atmosphère.
MI. Y a-t-il le moindre rapport entre Ghost Reveries et My Arms, Your Hearse ?
Per. Pas vraiment, non.
MI. Comment décrirais-tu le son de cet album ?
Per. OPETH !
MI. Oh, bonne réponse ! [rires]
D’après toi, quel titre surprendra les fans ?
Per. Peut-être « Atonement », car l’émotion générale est peut-être plus emplie d’espoir que ce qu’on attendait d’OPETH. Et peut-être aussi « The Grand Conjuration » car elle est plus « doom » dans certaines parties. Mais ce sont toutes les deux des chansons d’OPETH ! « The Grand Conjuration » possède certains éléments incontournables, que tout le monde connaît maintenant, une bonne dynamique, des voix Death/claires…
MI. Dans « The Burning of the Hounds », est-ce vraiment des bruitages de fantômes que vous avez essayé de rendre ?
Per. Ce sont de vrais fantômes !
MI. Oh, génial ! Mais ça a dû coûter cher de les engager !?
Per. Nous les avons trouvés à l’extérieur de la ville de Örebro en Suède où nous enregistrions l’album. Ils n’avaient rien à faire ce jour-là alors on leur a demandé s’ils ne voulaient pas venir avec nous et enregistrer un album…
MI. Et as-tu un titre favori ?
Per. Oui, mais cela varie. J’aime la première chanson, « Ghost of Perdition », et j’adore jouer « The Grand Conjuration » live car il semble qu’elle remporte toujours un vif succès auprès du public et on a toujours énormément de plaisir à la jouer aussi.
MI. Ne penses-tu pas que les claviers sont encore un peu discrets sur cet album ? Penses-tu que cela peut changer avec le suivant ?
Per. Qu’il y ait un clavier ne signifie pas forcément qu’il doit sonner aussi grandiose que Dimmu Borgir, par exemple. Nous aimons ce qu’ils font mais je ne pense pas que ce style de claviers conviendrait à OPETH. Donc, je dirais que les claviers sont un bon soutien et que ce n’est pas supposé être un album de synthé mais un album d’OPETH avec 5 musiciens. J’ai aussi découvert que beaucoup de gens ne savent pas reconnaître les claviers. Beaucoup pensent qu’il s’agit des guitares donc, trop ou pas assez employé… [rires !]
MI. Comment as-tu rencontré les gars du groupe ?
Per. La première fois que j’ai rencontré Mikael, c’était en 1997 quand ils enregistraient My Arms, Your Hearth et j’enregistrais un album dans le même studio de Fredman à Gothenburg. Je connaissais et aimais déjà leur musique avant. On a gardé contact depuis. On habite tous les deux Stockholm et on partage le même intérêt pour le Rock et le Progressif des années 60-70, en plus du Death Metal.
MI. Qu’est-ce qui a motivé la décision de faire de toi un membre officiel du groupe ?
Per. Je joue avec eux depuis plus de deux ans, au départ comme musicien de session sur la tournée de Damnation. Ils n’avaient pas de clavier dans le groupe. J’avais dis oui, puis ils m’ont demandé de créer des lignes de claviers sur certains morceaux, faire l’expérience et voir s’il en sortait quelque chose de bon. Et je pense qu’ils ont trouvé ça bon parce qu’avec le temps, ils m’ont demandé de le faire en live sur de plus en plus de morceaux. Et puis on s’amuse bien. Ce sont des gars sympa, la musique est vraiment bonne. On a finit la tournée l’an dernier, on a fait un break et puis ils m’ont rappelé pour me demander si je voulais faire partie du groupe. Ça ne m’a pas semblé étrange car j’étais là depuis longtemps de toute façon. Et je pense que la plus grande part de notre public s’était déjà habituée à ma présence.
MI. Avant de les connaître, quelle image avais-tu d’OPETH ?
Per. Hum, un peu comme quand j’ai entendu pour la 1ère fois leur 1er album, Orchid, j’ai pensé que c’était un album de Death Metal courageux. Car il n’y en avait pas beaucoup qui jouaient des titres de plus de 10 minutes avec de longs passages instrumentaux et un très bon côté acoustique. Beaucoup de groupes utilisent la guitare acoustique comme une intro mais chez OPETH la musique est un ingrédient très important. Cela rend le Death même meilleur. Quand je les ai entendus pour la 1ère fois, je me suis dit que c’était un groupe avec sa propre identité.
MI. Et est-ce que ton opinion sur eux a changé quand tu as commencé à les connaître et à jouer avec eux ?
Per. Oui, maintenant je trouve que c’est de la merde ! [rires] Non, pas vraiment. C’est dur à dire parce que j’ai trop parlé de musique avec Mikael au cours de ces années. Mais il me semble qu’il reste avec son ambition, un idéal pour le groupe. Le fait d’être intégré comme musicien a changé la composition mais le groupe reste fidèle à lui-même.
MI. Une question un peu piège et je m’en excuse par avance… Que penses-tu apporter à OPETH, musicalement et personnellement ?
Per. Musicalement, c’est un nouvel instrument donc peut-être que c’est une façon de ne pas stagner et de faire quelque chose de nouveau avec un nouvel instrument. Personnellement, je dirais que je suis un assez bon partenaire Metal pour Mikael et je leur ai fait écouter de la musique qu’ils n’avaient jamais entendu auparavant.
MI. Comme ?
Per. Du Prog étrange et moins étrange. Quelques groupes français…Et ils n’avaient jamais été des fans de Magma avant, alors il a fallu que je leur présente !
MI. Comment penses-tu que cela va se passer avec SPIRITUAL BEGGARS car je sais que tu ne veux pas laisser tomber le groupe… ? OPETH doit te prendre beaucoup de temps ?!
Per. Et bien, oui, c’est un peu difficile mais tout le monde dans SPIRITUAL BEGGARS a son propre groupe ; JB chante pour GRAND MAGUS… Michael et Charlie jouent dans ARCH ENEMY et ils sont aussi très occupés car leur album est sorti à peu près en même temps que le nôtre. Ce qui, en un sens, est bon car nous serons en tournée en même temps et donc en pause en même temps. Cela nous donneras le temps de répéter un peu.
MI. Qu’est-ce que t’apporte chaque groupe ?
Per. Je ne sais pas. OPETH est le cerveau, BEGGARS les parties plus basses… [rires] Les hanches ! [rires] peut-être…
MI. Et quels sont les projets de SPIRITUAL BEGGARS ?
Per. On va sortir un DVD que nous avons enregistré il y a 2 ans à Londres, pendant notre tournée européenne. Nous avons aussi joué ici à cette occasion…. Il y aura aussi quelques bons trucs et quelques trucs un peu dingues. On espère le sortir avant Noël. Je n’en suis pas encore sûr mais on espère. Et puis on vient de sortir notre dernier album en Europe cet été. Et peut-être aurons-nous le temps de partir en tournée en janvier 2006…
MI. Merci beaucoup et bon concert ce soir.
Per. A toi aussi !
Ajouté : Mercredi 26 Octobre 2005 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Opeth Website Hits: 31430
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