GERGOVIA est le projet d’un seul homme, Lord Necron, qui entend nous faire partager son amour pour la patrie, non pas la France, mais l’Auvergne. Le site du groupe clame ainsi haut et fort : "Gloire à la grande et vaste Auvergne !" Originaire de la région Centre – dont le nom même semble témoigner de l'absence d'une identité propre, autre que géographique –, je n'ai jamais été sensibilisé aux mouvements régionalistes et à leurs revendications. Pour autant, les textes ne font que très peu de références explicites à l’Auvergne même. Si Vis Pacem Para Bellum s’inscrit dans une tradition True Black, aux thématiques guerrières à tendance antichrétienne. Il est regrettable, même si la démarche est volontaire, que la production soit un peu trop raw pour mettre suffisamment en valeur le travail au niveau des textes en français. Par ailleurs, projet solo oblige, la boîte à rythme qui fait office de batterie est parfois trop linéaire (« Sans Pitié ») et cette froideur synthétique ne peut compenser une froideur organique qui aurait plus correspondu à l’état d’esprit de l’album. Cette confusion se retrouve dès l’intro avec des sonorités médiévales qui semblent nous orienter vers un Pagan Black (tout comme certains chants clairs sur « Sans Pitié » et « Un Frère Venu Du Froid »), avant que n’interviennent des bruits de bottes sur fond de sirènes antiaériennes. D’ailleurs, le titre « Bruit De Bottes » se veut plus moderne avec des guitares plus lourdes, quasi korniennes par instants ; de même sur « Terres Brûlées », les riffs sont plus thrashisants. S’il s’agissait de témoigner d’un combat ayant traversé les âges contre toute forme d’invasion, le concept, dans sa retranscription musicale, manque encore d’un petit quelque chose pour être pleinement abouti mais autant dire que plus l’album progresse et plus l’auditeur prend son pied… « Un Frère Venu Du Froid » est à cet égard un bon exemple de réussite, qui plus est un titre où Lord Necron cite clairement l’Auvergne : il l’a vraiment dans le sang le bougre ! Finalement, Si Vis Pacem Para Bellum est comme un volcan d’Auvergne : c’est lorsque l’on arrive vers la fin de la balade que l’on profite du plus beau panorama.