Si l’on m’avait dit un jour que je chroniquerai l’album de la reformation de MEKONG DELTA, j’aurais de suite embrassé mon interlocuteur, acheté un motoculteur, et fabriqué moi-même mon beurre ! Mais le fait est qu’aujourd’hui, m’incombe la lourde tache de devoir vous parler de Lurking Fear, nouvel album d’un de mes groupes cultes par excellence !
J’avoue, j’ai hésité en glissant le CD dans mon lecteur. J’ai bien failli renoncer par peur d’une déception trop grande. Après tout, je suis resté sur une série de quatre efforts grandioses, quatre réussites incontestables, les tables de loi du Techno-Thrash européen. LE groupe qui a alimenté mes fantasmes musicaux pendant de si longues années. Ce groupe mystérieux, dont personne ne connaissant l’identité des membres (enfin presque, tout du moins dans les années 80), qui pratiquait une musique absconse, nourrie de classicisme russe, et de Hard-rock de l’Ouest. Et si vous êtes un fervent adepte de la rubrique « les albums des années 80 » sur notre forum, vous savez déjà tout le bien que je pense d’eux. Donc, en gros, pas le droit de se planter. Pas de gerbes de fleurs gratuites, pas de dithyrambisme excessif. De l’objectivité. De l’honneur.
D’honneur, il en est justement question ici. Celui de maintenir une qualité d’interprétation, de coller à une image figée dans l’inconscient des fans. Respect. Je vous l’accorde, l’imagerie mystique a disparu, et l’on se retrouve face à de simples musiciens, non plus des icônes. Tant mieux. Vouloir recréer ce qui autrefois à été révélé aurait été indigne. Reste la musique. Et quelle musique !
Et quand bien même on retrouve souvent les automatismes d’antan, les contretemps placés juste là où il faut, les breaks inopinés, et les interludes classiques si cher à Ralph, la magie opère toujours. Certes, le riff de « Immortal Hate » est directement lié à celui de « True Lies » de The Music Of Erich Zann, certes « Allegro Furioso » n’est ni « Interludium », ni « Sabre Dance », certes Leo SZPIGIEL n’est pas Keil, ni Doug Lee, mais qu’importe ? Le passé est le passé, et MEKONG DELTA ne cherche pas à le faire revivre à tout prix. Ecoutez donc « Purification » ou « Symphony Of Agony » pour vous en convaincre. Le MEKONG de 87 est toujours là, bien vivant, mais dans son époque.
Lurking Fear n’est pas un saint suaire, ou une relique christique, c’est juste un putain de bon album ! Point de fanatisme aveugle ici, ni de subjectivité dictatoriale, juste l’amour de la musique novatrice, intelligente et sincère.
MEKONG DELTA était, est, et restera culte.
Mais ça, vous le savez déjà…