DARKANE (se) - Le Glazart à Paris (21/09/11)
Groupes Présents au concert : DARKANE + DESTINTY + DEVASTATING ENEMY + CORROSIVE ELEMENTS
Date du Concert : Mercredi 21 septembre 2011
Lieu du Concert : Le Glazart (Paris, France)
10 ans. 10 ans putain! 3650 jours que j'attendais ce moment. Enfin... en gros. Il y a un peu plus de 10 ans paraissait le Metallian n°23, et sur sa galette promotionnelle, une de celles qui est restée gravée dans ma mémoire, deux morceaux, deux groupes qui sont entrés dans ma chair et ne m'ont toujours pas quitté. DAKANE et DIMMU BORGIR. Le premier m'a attaqué avec "Emmanation Of Fear" de leur album Insanity, qui après un break fugitif mais fulgurant enchaine des riffs merveilleux à un rythme intenable, un chant hurlé frénétique ponctué de lignes plus claires, mais toujours acérées et des interludes mélodiques d'un grand lyrisme. Le second a fini de me rendre fou avec "Architecture Of Genocidale Nature". Mais si j'ai pu depuis voir DIMMU BORGIR sur scène... jamais, oh grand jamais, je n'avais pu approcher DARKANE... qui a rarement gratifié la France de son passage. Depuis je collectionnais fiévreusement leurs albums qui ne manquaient jamais de confirmer leur talent et leur folie... déplorais le fait que le groupe ne surgisse jamais au sommet, que les labels ne sachent le promouvoir comme il devrait l'être, et qu'ils ne sachent faire que des tshirts déguelasses de leurs magnifiques artworks. Et là, sans prévenir, dix ans après, les voila qui débarquent au Glazart. La tension à 26, le pouls à 220 à la noire, je m'attendais donc, avec un pote à peu près dans le même état que moi, à rejoindre une foule massive, hurlante, surexcitée à l'idée de respirer quelques instants le même air que ces musiciens grandioses.
Les choses se passent rarement comme on les imagine.
Une vingtaine de chevelus à l'exterieur... les autres doivent se presser contre la scène, afin de ne pas manquer, 3 heures plus tard, la montée de nos héros sur scène... Mon cul... Personne. Mon pote et moi sommes les premiers à rentrer dans la salle, ou peu s'en faut...
Lorsque CORROSIVE ELEMENTS monte sur scène, nous sommes sept, huit, allez, disons 8 et demi devant la scène. A tout casser. Ca grossira un peu pendant le show et on atteindra le nombre vertigineux de 22 spectateurs, dont au moins 6 invités, en fin de set. Pourtant le groupe ne se démonte pas et semble même prendre un grand plaisir à jouer. Plaisir contagieux ma foi pour ceux qui se laissent prendre. Death, Thrash, on pense à ENTOMBED, à BOLT THROWER, mais on entend aussi parfois quelques pointes de Hardcore, de Stoner ou encore de Punk. On pourrait sans doute reprocher à un album de cette trempe un manque de maturité stylistique, habitués comme nous le sommes à des albums plus monolithiques, mais là on s'en fout, ça le fait ! On sent que le plaisir de jouer est le facteur essentiel pour ce groupe qui fait une excellente première partie. Fraîche et souriante. Et si ces deux derniers mots sont étrangers au champ lexical du Metal, je m'en fous! (6/10)
Les autrichiens de DEVASTATING ENEMY, sont aussi jeunes que les précédents, mais ont sans doute sauté quelques classes. On fait un bon qualitatif dans la soirée, autant concernant la prestation scénique, que les compos ou la technique musicale, et ce malgré les avaries techniques qui ont un peu perturbé le premier morceau (Un retour qui passe l'arme à gauche après un cri déchirant). On passe à un Death moderne en équilibre entre DeathCore et Death Mélodique. Orientation musicale d'une banalité confondante ces jours-ci où chaque nouveau groupe rivalise de riffs saccadés à tout défourailler dans le mosh et de shreds pas piqués des vers. Mais bordel, tous ces mecs arrivent quand même à me scotcher ! Et DEVASTATING ENEMY parait sacrément mature pour son jeune âge. C'est carré, rapide, parfois très mélodique, les musiciens sont parfaitement à l'aise dans tous ces registres et les compos bien charpentées. On pourrait penser à un DARK TRANQUILITY à qui ont aurait greffé une deuxième paire de couilles. Ou un ALL SHALL PERISH qu'aurait mis un peu de sucre dans son magret de gorille... Ca sonne comme du déjà connu, c'est sur, mais ça sonne. Et les musiciens n'ont pas hésité à descendre à deux reprise dans la fosse (faut dire y'avait de la place) pour balancer quelques riffs bien sentis au milieu de nos headbangs enthousiastes. Un exercice toujours plaisant. (7/10)
Si les deux précédents groupes avaient fait mine de ne pas se rendre compte du manque de chaleur de cette audience clairsemée (allez, à tout casser on était 5 à s'abimer les cervicales quand les 4 autres cinquièmes cherchaient un peu de chaleur au fond de leur poches), DESTINITY avait par contre prévu de marquer les esprits parisiens, de faire la preuve s'il en était besoin qu'à Lyon on envoi du gros, et c'est à plusieurs reprises que le chanteur nous incita à nous sortir les doigts du cul. Ses appels restèrent bien souvent sans échos, et nous eûmes encore droit à un pit étonnamment respectueux des espaces vitaux, ou chacun pensait d'avantage à se caresser la raie qu'à meurtrir les épaules de son voisin. Curieux phénomène. Peut être un peu déstabilisé, DESTINTY en foire son intro, qu'il recommence après avoir bataillé avec un lecteur de CD récalcitrant. Dommage, surtout quand on sent la volonté de professionnalisme du groupe qui s'offre ensuite un show très carré. Après un début de carrière Black Symphonique, DESTINITY s'est orienté vers un Death Mélodique et l'on entend désormais le spectre de HYPOCRISY planer sur la plupart des morceaux. Que ce soit au niveau du chant (dont les parties claires évoquent parfois même le Tagtren de PAIN), des tempi qui savent se faire plus posés que ce à quoi nous habitue la plupart des productions actuelles, ou encore des compositions claires et efficaces qui ajustent très bien refrains catchy, parties plus rapides ou ponts mélodiques. Chaque morceau est très homogène, fluide, les solos bien écrits et interprétés. On sent que pas grand chose n'est laissé au hasard dans le processus d'écriture et que le groupe met tout de son côté pour devenir une référence. La prestation scénique, à l'exception de l'intro très mise en scène semble par contre très spontanée. Une bonne presta, donc, qui m'incite à suivre le groupe de plus près désormais, d'autant que les groupes français susceptibles de faire une vraie carrière sont peu légions. (8/10)
L'atmosphère un peu bizarre de la soirée avec ses quelques avaries techniques et son public pas très présent (au sens propre et figuré) avait presque fini de dédramatiser, de désenchanter mon pèlerinage. L'apparition au milieu de la salle de Chritopher Malmström (le compositeur principal de DARKANE et guitariste talentueux, mon héros) affublé d'un pantacourt très peu élégant et d'étranges chaussures de sécurité, se promenant dans la salle vide tout en faisant sa balance me ramena à la réalité. Le mauvais gout, même vestimentaire, ne peut être l'apanage des dieux ! Ils sont donc faits de chair et de sang ! Alors que je prenais place devant la scène avec mon pote pour être aux premières loges, Christopher vint même nous rejoindre. Alors que je lui avouais en rougissant avoir attendu 10 ans de le voir sur scène, il me fit remarquer qu'il était alors bien poilant de se croiser au pied de celle-ci. Et en faisant le tour de la salle vide d'un coup d'oeil, encore plus poilant que nous soyons peut être les seuls à le voir... Pas démonté le mec. La gloire qui aurait du fondre sur DARKANE l'a épargné, en même temps que la grosse tête. Christopher était encore à nos côtés, sa gratte dans les mains, quand sonnaient les premières notes de l'intro ("Variations Of An Eye Crush") de son propre set et il alla jusqu'à pousser avec nous les premiers hourras destinés à l'accueillir, avant de rejoindre prestement les loges puis la scène et finalement y faire une véritable entrée triomphale. Si j'étais pédant, je parlerais de mise en abîme.
S'ensuivit un show quasi parfait allant piocher dans les 5 albums du groupe.
"Impetuous Constant Chaos" a commencé à nous décrocher la tête avec son premier riff frénétique et ses blasts, elle n'est plus jamais retombée. "Rape Of Mankind" nous a ensuite ramené au début de l'histoire de DARKANE, à l'époque Rusted Angel, comme pour fêter le retour du chanteur originel, qui n'avait d'ailleurs pas encore repris tous ses repères. "Fading Dimensions" et son refrain mélodique jouissif, puis le rare et précieux mid-tempo de "Chaos Vs Order" nous laissait respirer un instant avant les cavalcades de "Third" qui me foule un gros coup de pied au cul. Je tente de lancer un pogo parmi les trois gars qui semblent les moins figés, il dure 30 secondes, s'éteint, ne redémarrera pas. Pas si grave, un concert en headbangant sans risquer des coups de pieds dans la tête, c'est aussi appréciable. C'est encore le rush pour "July 99". Puis le très mélodique "Rusted Angel" prélude au dansant "Imaginary Entity", tiré de Expending Senses. Arrive l'intro en arpège de "Layer Of Lies" : un peu de douceur dans ce monde de brutes. Puis "Secondary Effects" : un peu de bruterie dans ce monde de fiottes. Est-ce la peau de mon crâne qui se détend à force de headbangs ou simplement le poids de mes cheveux pourtant très courts ? "Distress" envoi des blasts à rencarder les meilleurs fusils mitrailleurs. L'intro de "Execution 44" permet d'apprécier tranquillement la virtuosité de sieur Malmström. "Convicted" passe la cinquième et met pied au plancher. "Innocense Is Gone", un des tubes de Expending Senses, nous offre un dernier moment de jouissance et nous abandonne sur un riff mid tempo bien tordu où la batterie s'amuse à nous perdre. Le groupe fait la tournée des poignées de mains, reçoit quelques baisers d'admiratrices et quitte la scène au son de l'outro d'Insanity "Inverted Sphere" pour très vite nous rejoindre dans la salle. Juste l'occasion pour moi de redire à Malmström et Wildoer que je les aime. A quand un concert de DARKANE dans une belle salle, sous des lights décents et servi par un son puissant et clair ? Je ne peux m'empêcher d'y rêver, mais la fréquentation de cette date parisienne va sans doute refroidir plus d'un tourneur... (10/10)
Ajouté : Mercredi 28 Septembre 2011 Live Reporteur : Moloch Score : Lien en relation: Darkane website Hits: 16639
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