Alors là, il y a bien longtemps qu’un album n’avait pas autant pris aux tripes votre serviteur. Peut-être aussi parce que je n’avais rien entendu de semblable jusque là, préférant le Metal plus carré, plus traditionnel, plus « root ». Ce qui ne signifie pas que l’inspiration de PRIMORDIAL n’est pas carrée, bien au contraire. Mais le voyage que l’auditeur entreprend en se lançant dans ce To The Nameless Dead est celui d’un être torturé et profondément meurtri. Ce qui se confirme à l’écoute du chant plaintif et écorché de A.A. Nemtheaga… Ne serait-ce que visuellement, le garçon semble porter à lui tout seul toutes les douleurs du monde…
Influencé à ses débuts par BATHORY, CANDLESMASS, CELTIC FROST ou encore KREATOR, PRIMORDIAL a su définitivement trouver sa voie avec ce somptueux sixième album (le deuxième pour Metal Blade). Irlandais de naissance, PRIMORDIAL propose pourtant une musique riche et beaucoup complexe qu’elle n’y paraît. Ne vous attendez pas à une quelconque fanfare résonnant lors de la Saint Patrick… A peine soupçonnerez-vous une quelconque allusion musicale au folklore irlandais sur « Heathen Trives ». PRIMORDIAL se revendique « hors frontières » (« No Nation On This Earth »), le Messie des laissés pour compte et autres marginaux, l’oint d’une autre conception du monde.
De ses premières influences, PRIMORDIAL a gardé le côté sombre bien sûr, mais aussi cette faculté à répéter à outrance sa mélodie dérangeante et envoûtante, d’où des titres qui dépassent aisément les 6 minutes (le tout sans que naisse l’ennui, et là c’est déjà très fort !). Rajoutez à cela ces longues introductions et parties progressives dont certaines rendraient les membres de CULT OF LUNA fous de jalousie, et une lourdeur majestueuse qui les rapproche parfois des vikings d’AMON AMARTH. En ce sens, la prestation effectuée par Simon O’Laoghaire (batterie), Paul MacAmlaigh (basse), Ciaran MacUiliam et Michael O’Floinn (guitares) est en tous points impressionnante. Pour ma part, je ne me suis pas encore remis du morceau « As Rome Burns », véritable rituel (les voix revendicatives en fin de morceau filent la chair de poule) aux relents tribaux. Saluons enfin l’apport inestimable de la voix de Nemtheaga, qu’elle soit Black, Death, claire (où l’influence de Messiah Marcolin se fait parfois sentir), le bonhomme apporte une couleur terrifiante et grise, mais belle et bien marquante.
Du Grand Art.

Tracklisting :
1. Empire Falls
2. Gallows Hymn
3. As Rome Burns
4. Failures Burden
5. Heathen Tribes
6. The Rising Tide
7. Traitors Gate
8. No Nation On This Earth