Il est dit que le mot "Kampfar" désigne un ancien cri de guerre nordique signifiant Odin. KAMPFAR est également connu comme étant le patronyme d’un des plus grands groupes de Black Pagan Norvégien qu’ait connu les années 90, projet d’un seul homme instauré par le charismatique et despotique leader Dolk. Fondé en 1994 sur les restes de poussières du combo MOCK, il ne faudra pas longtemps au démiurge Dolk pour mettre en place son nouveau groupe phare qui influencera plus d’une formation de Black Metal éprise de paganisme, de folklore, de nature et de mythologie nordique. On est en 1997 lorsque KAMPFAR lance son premier opus, Mellom Skogkledde Aaser chez le label Malicious Records (plus tard réédité chez Napalm Records), après une démo enregistrée en 1994 et un MCD plus que convaincant, tout bonnement intitulé Kampfar.
Fortement inspirées de mythologie scandinave, de légendes, de sagas et de la somptuosité de la Nature en général, leurs complaintes Black si typiques se caractérisent par une fusion de Black naturellement agressif et des mélodies Pagan aux emprises traditionnellement folkloriques. Premier opus des Norvégiens de Fredrikstad, Dolk et ses comparses concrétisent avec cet album le summum de leur carrière, les albums suivants, certes dignes d’intérêt, n’atteindront pas la magnificence et l’intensité de celui-ci. L’âme du duo, Dolk, s’improvise batteur (avec un niveau tout à son honneur) tout en s’occupant du chant et rivalise de talent avec son compère Thomas qui s’ingénue quant à lui à répandre ses riffs affilés et mélodieux de guitare et de basse. Un modèle parfait de rythmiques entraînantes, frétillantes, où l’ardeur nordique se fait sentir à chaque instant.
KAMPFAR propose de longues mélopées Black Pagan Folk réjouissantes comme en témoigne la force et la conviction de pépites du genre telle que l’épique «Baldogg», feu d’artifice en pleine hiver de notes musicales faites d’arpèges, de riffs typiques Black, d’enchaînements mélodiques intelligents. La teneur du reste de l’opus est à l’image de ce titre : captivante. Car incontestablement, la suite est encore plus enjouée avec la pièce magistrale «Balgalderkvad» aux intonations initiales vikings faites au synthé qui introduisent un thème résolument belliciste et idolâtre. Un monument du Black Pagan, rien n’y fait, ce titre est un véridique morceau de bravoure musicale consacré aux ancêtres Viking et doté de surcroît d’un break au clavier suivi d’un cortège d’agressivité phénoménal et monstrueux. KAMPFAR empile les compositions de Black jouissives et rondement bien menées avec «Kledd I Brynje Og…», ode marquée par des chœurs du plus bel effet. Un triomphe. Les notes de claviers disséminées n’empiètent en rien dans les arrangements, mettant plutôt en valeur, guitares, basse et batterie. Epique et courageuse, ce titre traduit bien l’imaginaire accordé par les contrées enneigées imposantes de la Norvège. La virée à travers les fjords continue avec «Hymne», marche guerrière de par les forêts de conifères hyperboréens. Hymne à la Nature, solennelle, auguste et cruelle, KAMPFAR n’en fini plus de créer des titres incroyables. Sans faute de goût, la production, primitive, minimaliste et pure traduit quant à elle la beauté des notes des arrangements de KAMPFAR, guerriers héritiers des légions des Ases. Et le périple ne prend pas encore fin. «Bukkerferd», avec une rythmique qui cavalcade, exerce une fascination lumineuse sur l’auditeur, tant la souveraineté et la robustesse du morceau sont ahurissantes. Intemporel, le morceau s’inscrit dans la durée, au cadencé musical, le travail opéré sur les instruments à corde étant d’un niveau étonnant de par sa concision et sa cohésion. Mellom Skogkledde Aaser se termine par «Naglfar/Ragnarok», un titre un tantinet plus basique dans sa construction tourmentée, où le titre traduit une fin de Monde annoncée dans la mythologie scandinave. (Le Ragnarok est, dans la mythologie Nordique, la bataille de la fin du monde, le destin auquel ne peuvent échapper les dieux, la destruction d'Ásgard et le renouveau du monde).
Un chef d’œuvre du genre. Majestueux. Beau. Les épithètes ne suffisent pas pour décrire le bonheur de ce nectar musical. Trêve en paroles, plongez dans l’univers éloquent des talentueux norvégiens de KAMPFAR…