MORD est une jeune formation norvégienne qui fut fondée en 1999 et commença son existence uniquement avec son despotique leader Nordra, l’âme sœur de MORD, auteur d’une première démo en 2001 réalisée à la seule force des poignées et de sueur crasseuse. Suivirent entre autres un MCD en 2003, Unholy Inquisition et peu de temps après, l’année 2006 voyait le jour de leur premier opus Christendom au sein du label Southern Lord Recordings. MORD était né. Le suggestif Necrosodomic Abyss est leur second arrivage discographique, marquant un nouveau tournant puisque signé chez l’influent et renommé label français Osmose Productions. Il nous sera inutile à ce stade d’en rajouter et d’expliciter le style produit par ce duo nordique infernal composé de Nordra (guitares, basses, cris) et de Necrolucas (batterie, incantations méphistophéliques), le titre de l’opus et la front cover étant assez formels et ne nécessitant aucune argumentation futile eu égard à tous les lieux communs émanant de la culture Black.
MORD diffuse son Black Metal sadique et vicieux sans concession aucune. Du Raw Black Metal qu’ils appellent çà. Le duo scandinave semble à cet effet être resté dans les catacombes du Black Metal des années 90, époque où les balbutiements du genre se proféraient dans les forêts denses du Nord de l’Europe mais surtout dans les caves d’arrière boutique, le Helvete Club pour ne citer que le plus mythique. MORD retranscrit donc à la sauce contemporaine son goût ineffable pour le Black Metal élémentaire et cru, où riffs primaires et blast beats semblent être fait pour maltraiter les tympans les plus irréductibles. Les exhortations des deux compères, parfois à la limite de la rupture, paraissent continuellement indiquer une utilisation ardue et poussée de l’aryténoïde, perpétuellement mis à l’épreuve et sous tension extrême, c’est dire de la puissance de leurs vociférations.
Divisé en huit opus, le Black rude, trivial et sauvage garnissant cette rondelle se révèle puissant et persuasif. Que la guerre éclate est le message de MORD, et à les écouter, on veut bien les croire. Tolérance du degré zéro. Les opus crachés par MORD sont sans faille. Le combo se révèle aussi efficace dans les passages véloces que dans les parties mid tempi, en témoigne notamment les pistes «Opus II», la primitive «Opus IV», un atrabilaire et tapageur «Opus V», la machine de guerre personnifiée par «Opus VII», déluge de bestialité, bref, quarante minutes de Black Metal détraqué, abîmé, corrompus, libidineux. MORD prend un malin plaisir à nous tourmenter de ses riffs pernicieux et néfastes. Grandement influencé par les pontes du genre, on retrouve des traces exhumées de cette époque bénie par les forces des ténèbres. Autre point rendant l’album attrayant outre la qualité d’interprétation des morceaux, la production est toute à son honneur. Hormis une basse inexistante, comme d’habitude, la dextérité des musiciens est mise en valeur par un son titanesque et sec.
Brutaux, MORD signe là un opus au potentiel affirmé et à l’identité Black très marquée. Bien évidemment, le disque ne casse pas des briques et ne révolutionnera pas le genre, cependant il s’agit là d’un opus bien agencé et à la maîtrise évidente. Quand c’est bien fait, il faut le signaler.