Après le départ de Bruce Dinckinson d’IRON MAIDEN, la question se posait naturellement de savoir ce que le groupe allait devenir. C’était sans compter sur la détermination de Steve Harris de continuer à faire vivre son bébé. Le nouveau chanteur est donc Blaze Bayley, de WOLFSBANE. Beaucoup décrié par les fans de Bruce, on peut quand même lui reconnaître qu’il ne se laisse pas démonter et assure un chant correct tout au long de l’album. Il ne possède pas la puissance de Bruce ni son timbre, mais il amène sa patte, plus grave, plus sombre. Et c’est exactement ce qu’il fallait à cet album, lui aussi plus sombre.
Plus sombre ? Les morceaux en témoignent. C’est certainement le reflet à la fois des années de tension au sein du groupe et de la période difficile que traversait Steve Harris, alors en plein divorce. Mais, on le sait, le mal être est une excellente source d’inspiration. Surtout qu’après deux albums où on pouvait douter que le groupe saurait un jour nous surprendre à nouveau et nous proposer un album digne d’eux, il fallait se ressaisir. Certains pensent que cet album n’est pas bon, justement parce qu’il est plus noir que les autres, ou parce que Bruce n’est plus là. Personnellement, je trouve qu’il arrive à point nommé dans la carrière du groupe. Et je pense même qu’il n’y a aucun morceau à jeter. Un peu comme dans les albums de la grande époque. Il y a des morceaux moins bons, mais aucun qui soit mauvais. Et il réussit même à faire table rase des erreurs de parcours du groupe.
Il faut dire que commencer avec un morceau comme « Sign Of The Cross », une pièce de 11 minutes, il fallait oser. On ne met pas en bouche ici. On entre directement par le plat le plus consistant. Et quel plat ! Ce morceau signe le retour de l’inspiration de Steve Harris, aucun doute. On retrouve toute la patte d’IRON MAIDEN, mais avec quelque chose de neuf : une prise de risque qu’on ne leur connaissait pas dans certains riffs très progressifs. Rien que pour ce titre, cet album vaut vraiment le coup. Mais il ne s’arrête pas là. Ainsi « Fortunes Of War », pesant et lourd, nous fait voir une facette de MAIDEN qu’on ne connaissait pas encore. Les titres sont plus revendicatifs, ce que certains leur reprocheront. Pourquoi faudrait-il que le groupe ferme les yeux sur le monde ? Ils ont des choses à dire et ils ouvrent leur gueule. Si ça en fait fuir, tant pis. Ce n’est pas pour autant que le groupe va devenir une égérie politique. Le refrain de « The Aftermath » prend aux tripes et ne laisse pas insensible. Les petits délires basse/guitare et ride sur « The Unbeliever » termine de nous convaincre que cet album est décidément à part. Mais en bien.
Examen passé haut la main pour Blaze Bayley. C’est sûr qu’il est difficile de passer après Bruce Dickinson. Blaze est un peu le chainon manquant entre lui et Paul Di’Anno. Mais il sait apporter une nouvelle vision au groupe qui en avait drôlement besoin alors.

Discographie Complète de IRON MAIDEN :
Iron Maiden (Album - 1980), Killers (Album - 1981), The Number Of The Beast (Album - 1982), Piece Of Mind (Album - 1983), Powerslave (Album - 1984), Live After Death (Live - 1985), Somewhere In Time (Album - 1986), Seventh Son of a Seventh Son (Album - 1988), No Prayer For The Dying (Album - 1990), Fear Of The Dark (Album - 1992), A Real Live Dead One (Live - 1993), The X Factor (Album - 1995), Virtual XI (Album - 1998), Brave New World (Album - 2000), Dance Of Death (Album - 2003), Death On The Road (Live - 2005), An All-Star Salute To Iron Maiden (Tribute - 2005), A Matter Of Life And Death (Album - 2006), Flight 666 (Album - 2009), The Final Frontier (Album - 2010), The Book Of Souls (Album - 2015)