« Midnattsol », en norvégien, signifie « soleil de minuit ». Si vous avez déjà parcouru les terres de Laponie et, comme moi, attendu en vain le soleil de minuit, alors vous savez peut-être à quoi ressemble une nuit blanche. Pas une nuit blanche au sens festif du terme, mais une VRAIE nuit blanche, celle où l’obscurité ne vient jamais. Une nuit en pleine lumière si vous préférez. Impossible de dormir, impossible de fermer l’œil. Une sensation étrange vous envahit alors, comme un épuisement de plus en plus intense, sans parvenir à vous plonger dans un profond sommeil.
Et il faut bien avouer que MIDNATTSOL porte bien son nom. Ce n’est pas une critique négative. A l’écoute du premier titre, « Open Your Eyes », je me suis senti comme transporté, hypnotisé par ce mid-tempo puissant aux faux airs de chant de sirène. Intrigué, j’ai lu la Bio de ce groupe norvégien fondé en 2002, et en apercevant le nom de la chanteuse, je me suis dit que le nom de Carmen Elise Espaenes m’évoquait bien quelque chose, et pour cause : la jeune femme n’est autre que la sœur cadette de Liv Kristine Espaenes Krull, ex-THEATER OF TRAGEDY et leader de LEAVES’ EYES.
Dès lors, le parallèle a été évident entre les deux formations : les orchestrations sont très proches, les thèmes abordés aussi (« Northern Light », « Wintertimes »). Je garde en mémoire l’énorme « Farewell Proud Men » (sur Vinland Saga) de LEAVES’ EYES, et c’est cette mélodie conquérante, véritable ode aux terres et peuples du Nord de l’Europe, que je retrouve presque ici. Le tout étant bien appuyé par un rythme lourd sans être lourdingue, à la limite des tempos pratiqués dans le Doom (« Konkylie »), comme pour donner plus d’ampleur à une musique déjà bien fournie en arrangements.
Malgré tous ces points communs, MIDNATTSOL se distingue par la voix de Carmen Elise, qui possède un timbre un poil plus soprano que sa sœur aînée, un peu comme Simone Simons (EPICA). Est-ce ce détail qui rend les chansons de MIDNATTSOL plus linéaires et moins passionnantes que tout ce que peut faire LEAVES’ EYES ? Peut-être, peut-être pas … Arriver au huitième titre de Nordlys, « River Of The Virgin Soil », et se dire qu’on a déjà entendu trois fois ce titre depuis le début de l’album, révèle un certain manque d’originalité, si vous voyez ce que je veux dire … J’ai déjà eu assez de mes nuits passées en Laponie pour comprendre le sens de l’expression « tourner en rond » !
On ne peut rien reprocher à la production menée par Tue Madsen (SIRENIA), et au son capté aux Mastersound Studios ou encore aux Studios Finnvox de Mikko Karmila. Alors quelles sont les raisons de cette semi-réussite (il serait dur de parler de demi-échec, et pourtant …) ? Eh bien dans le Metal épique à vois féminine, disons que le genre commence à fourmiller de formations bonnes ou moins bonnes. Et que MIDNATTSOL, avec ce Nordlys, appartient à ce jour à la deuxième catégorie.