PRIME SINISTER (FRA) - 96 et Fuse (Avril-2007)
C’est en ce bel après-midi du 14 avril 2007 que le rendez-vous a été donné entre 96, Fuse et moi-même dans un bar parisien. L’occasion de discuter au sujet de la démo de PRIME SINISTER qui deviendra prochainement un album. C’est après avoir pris un verre et fait connaissance que nous sommes montés au premier étage, au calme, pour l’interview. Ce que je puis dire, c’est que l’ambiance est au beau fixe, même si Pills est malheureusement aux abonnés absents pour cette fois. Néanmoins, il a accepté de répondre en différé aux quelques questions auxquelles 96 et Fuse ne pouvaient répondre. Elles se trouvent entre parenthèses.
Line-up : Pills (chant), 96 (basse), Fuse (batterie)
Discographie : United In Violence (Démo - 2007)
Metal-Impact. Commençons par le commencement, qui a choisi le nom du groupe et pour quelles raisons est-ce PRIME SINISTER ?
96. On l’a choisi tous les trois. On cherchait par rapport à chacun qui a apporté ses idées. On a choisi une dizaine de noms à peu près chacun. Ensuite on a tranché, ce n’était même pas un nom qui était proposé comme ça, c’était plutôt l’association de noms à la base. On est partis en fait sur le principe du jeu de mot avec « Prime Minister », premier ministre et ça a donné premier sinistre. Ca représente un peu le clivage politique qu’il y a dans la société actuelle. C’est un peu le bordel. On n’a pas pris ça par rapport aux présidentielles mais je trouve que ça va pas mal avec.
MI. Pouvez-vous décrire PRIME SINISTER en quelques mots ?
96. C’est bien, ça. Un slogan publicitaire.
Fuse. C’est trois gars, c’est un challenge entre musiciens.
96. Un groupe de Metal Industriel puis voila, on fait notre chemin.
Fuse. On ne se pose pas trop de questions.
96. On fait la musique qui nous plait et puis voila.
Fuse. Tout simplement, on aborde quelques thèmes comme les problèmes de société, des trucs qui nous touchent personnellement ou un peu plus globalement.
MI. Quelles sont les différences principales entre UNDERCOVER SLUT et PRIME SINISTER ?
96. Il y en a une musicale. Musicalement parlant, c’est déjà beaucoup plus avancé maintenant parce qu’on a beaucoup moins de contraintes par rapport à Olivier (ndr : chanteur et leader de UNDERCOVER SLUT) parce qu’il avait certaines difficultés niveau vocal donc il fallait des fois s’y plier au niveau de la composition.
Fuse. Ce n’était pas évident des fois en studio, c’était dur.
96. Il ralentissait aussi pas mal le travail en studio. Maintenant c’est beaucoup plus spontané, beaucoup plus direct. Avec l’expérience tu fais de plus en plus ton truc.
Fuse. Après les tournées aux Etats-Unis, on a fait plusieurs dates, on a acquis de l’expérience, on sait comment les morceaux doivent tourner et on les a enregistré en studio. Après on les répète.
96. On les réenregistre derrière encore.
Fuse. On les fait tourner dans tous les sens sur scène, en studio. Et on fait des morceaux de mieux en mieux, quoi.
96. Du moins on essaye [rires]
MI. On peut lire sur Internet que vous seriez partis d’UNDERCOVER SLUT et non que vous vous seriez débarrassé du chanteur comme on peut le lire dans votre biographie. Quelle est la véritable version et pourquoi y en a-t-il deux ?
96. C’est un peu la même chose dans le sens où Olivier a protégé le nom « Undercover Slut » à l’INPI donc on ne pouvait pas le récupérer derrière. A la base j’en avais un peu marre de tout ça. Dans l’information officielle, on est donc partis mais on l’a jeté quelque part, il y a eu certaines embrouilles.
Fuse. On s’est dit « C’est simple, on le dégage ».
96. Mais de toute façon on ne pouvait pas récupérer le nom ni rien. Quelque part tu peux dire qu’on est partis dans le sens où on a reformé autre chose mais dans le sentiment c’est nous qui l’avons dégagé.
Fuse. Et puis ça fait un petit moment qu’on pensait à se barrer.
96. Ca faisait plus d’un an.
MI. Comment était l’ambiance entre vous deux et Pills au sein d’UNDERCOVER SLUT et comment est-elle à présent ?
96. Parfaite.
Fuse. Intact.
96. C’est des frères.
Fuse. C’est une deuxième famille. Plus on passe du temps ensemble et plus on se rapproche.
96. Puis on n’a pas peur de se dire « merde ».
MI. UNDERCOVER SLUT a toujours été impliqué dans la lutte pour la défense des animaux, est-ce le cas pour PRIME SINISTER et dans quelles mesures ?
Fuse. Moi je trouvais ça ridicule dans le sens où c’est son combat à lui. Pour moi ce sont des convictions que tu as personnellement et tu n’as pas à les imposer aux autres membres du groupe.
96. Moi je n’ai jamais été végétarien, hein.
Fuse. Moi je le suis et je ne l’impose pas aux autres membres du groupe. Dans UCS, ce que faisait O (ndr : Olivier) ne nous faisait ni chaud ni froid parce que c’est de la pub pour lui.
96. Il y a même une époque où il disait qu’il était végétarien et il ne l’était pas totalement. Il avait des mesures un peu opportunistes.
Fuse. C’est comme les idées politiques, chacun a ses idées mais les imposer aux autres membres du groupe. On n’était pas très fans de la manière dont il faisait ça. Il y a des groupes comme SKINNY PUPPY qui sont à fond pour la défense des animaux, ils le font très bien et comment c’était fait dans UCS...
96. C’était vraiment de l’opportunisme. Maintenant, moi je n’ai rien contre la cause animale, je respecte les gens qui s’investissent là-dedans. Quand tu le fais, tu le fais sincèrement, tu ne fais pas n’importe quoi.
MI. On change un peu de sujet. Vous avez gardé les mêmes noms de scène que ceux que vous aviez auparavant. Je suppose que cela est voulu mais que veulent dire ces noms de scène qui, somme toute, sont assez particulier ?
96. Moi je voulais quelque chose de vraiment impersonnel. Je n’aime pas me mettre en avant dans un groupe en tant qu’individu, je n’ai pas envie qu’il y ait mon nom de famille que tu puisses voir partout sur Internet. Je préfère avoir mon personnage quand je suis sur scène, j’ai mon personnage. Après, il y a ma vie derrière et je fais la limite entre les deux. Un chiffre, c’est vraiment impersonnel, c’est comme ça que je l’ai vu.
Fuse. Moi c’est le côté un peu électrique, un truc qui pète un peu à a gueule. On ne sait jamais trop quoi et puis il y a aussi ce petit côté fusible qui protège les autres en quelque sorte. Tu pètes à la place des autres on va dire. [rires] J’aime bien ce petit côté électrique, l’impression de prendre une caisse claire dans la gueule.
MI. Passons à l’actualité. Avec la démo de United In Violence, votre musique semble se rapprocher de celle faite par MINISTRY ou encore MÖTORHEAD. Etes-vous effectivement influencés par MINISTRY et si oui, en quoi ?
96. Bah évidemment. J’aime bien ce groupe.
Fuse. Il y a plein de groupes qui nous influencent. Tout nous influence, la musique, le milieu culturel dans lequel on vit, tout ce qui nous rapproche de près ou de loin.
96. On est un peu des éponges, on pompe partout. On peut aussi citer AC/DC, TYPE O NEGATIVE pourtant il ‘y a pas vraiment d’influence comme ça à la base.
Fuse. On écoute beaucoup de choses mais on fait une musique à part. On fait notre musique.
96. C’est vraiment le groupe qu’on aimerait écouter.
Fuse. C’est nous trois réunis et ça donne ça.
MI. C’est votre musique parfaite en fait, pour vous.
96. Ce ne sera jamais parfait, moi perso je ne suis jamais content à 100% de ce que je fais.
Fuse. Le jour où ce sera parfait, on arrêtera de faire de la musique. C’est la quête de la perfection, c’est normal. Là on a terminé les basses et les batteries et puis on s’est dit « stop, c’est bon, c’est nickel ».
96. Il manque quand même la guitare et le chant, faut pas déconner non plus !
MI. Vous avez fait une certaine « économie » en ce qui concerne les riffs de guitare dans la démo de United In Violence. Comment cela se fait-il ?
Fuse. Je ne pense pas qu’il y ait une économie de riffs, on a un peu ce bloc de noirceur qui est là. Pour que ce soit efficace, je ne pense pas qu’il faille 10.000 riffs dans un morceau, je pense que 3 bons riffs avec un bon solo puis une bonne basse et de la batterie, ça suffit, c’est efficace.
96. C’est comme ça qu’on voit la musique.
Fuse. Tu verras que dans l’album, il y aura des morceaux où il y a beaucoup plus de riffs que ça. Ce n’est pas non plus systématique.
96. Ce n’est pas non plus la recherche du single ni rien mais c’est comme ça qu’on travaille, comme ça qu’on compose principalement. C’est comme ça que j’aime la musique.
MI. J’ai remarqué en écoutant votre démo qu’il n’y a plus les références Glam qui parsemaient la musique de votre groupe précédent, ce qui rend votre musique actuelle beaucoup plus agressive. Pourquoi un tel changement ?
96. L’influence Glam était surtout tout ce qui est côté visuel, c’était surtout apporté par Olivier en fait. Donc nous, quand on s’est séparés de lui, ça ne nous a pas suivi.
Fuse. Musicalement il n’y avait rien de Glam chez UCS.
96. Dans UCS, il n’y avait rien de Glam à part l’image donc c’est clair que dans la musique, ce n’est plus là.
Fuse. On écoute toujours des groupes de Glam mais c’est tout.
MI. Votre musique est-elle un moyen de faire passer un message et si oui, lequel est-ce et à qui est-il destiné ?
96. Il y a plusieurs messages. PRIME SINISTER, c’est un groupe de Rock N’ Roll. Le Rock N’ Roll, c’est toujours un truc de rébellion, ça a toujours été ça. Après il y a pas mal de choses que l’on trouve dans la société actuelle dans laquelle on vit. Il y a un message assez fort là-dessus. Après il y a des trucs qui sont plus basés sur certains faits divers, certaines évènements historiques et après il y a certaines personnes qui sont situées dans certains textes et qui se reconnaîtront.
MI. Au sujet de la pochette de votre démo, qu’est-elle sensée représenter au sens figuré ?
Fuse. C’est un peu un lien avec le titre, unis dans la violence. Le gun, je crois que c’est ce qui représente le mieux la violence actuelle. Il n’y a pas que ça.
96. C’est vrai, c’est ce qui représente le mieux ce concept. C’est aussi l’impact de la musique.
Fuse. C’est un peu comme une balle dans ta tête, c’est un peu l’impact qu’on voudrait que notre musique ait sur les gens.
96. On ne va pas non plus tuer les gens parce que sinon, on ne va pas vendre beaucoup de disques.
Fuse. C’est plus un symbole qu’autre chose. Symbole de la violence, de l’urbanisme, plein de choses.
(MI. On passe des photos du K KK et d'officiers communistes à cette pochette. Votre côté provocateur est donc toujours là. Pourquoi avez-vous choisi de rester ainsi ?
Pills. Nous ne cherchons pas à provoquer avant tout dans PRIME SINISTER...Le Gun de la pochette est l'illustration du titre « In guns we Trust ». Cette arme nous représente en quelques sortes et signifie en premier lieu que nous croyons en nous. Tous est partie d'un jeu de mots avec « In god we trust... » PRIME SINISTER est un groupe de musique agressive aux textes violents. La photo d'une arme représente parfaitement ce qui sort de nos titres.)
MI. En tout cas, je peux vous dire que je n’ai pas pris une balle dans la tête en écoutant la démo mais ce qui est sûr, c’est que j’ai pris une claque !
96. On aurait peut-être dû mettre une main alors. On mettra une main la prochaine fois, une grosse main. [rires]
MI. Le titre de votre démo ainsi que sa pochette sont très explicites et connotent une image très agressive. Il semblerait que ce soit votre marque de fabrique, pouvez-vous l’explicitez ?
Fuse. On va avoir des morceaux encore plus profonds, là c’est une démo, c’est vraiment un CD promo pour que ça fonctionne. On n’allait pas mettre un morceau de 6 minutes avec des nappes (de synthé) ou des violons. C’est efficace, c’est promotionnel à la base. Après dans l’album, il y aura plus d’ambiance.
96. Ca reste une ligne conductrice.
Fuse. On n’a utilisé que des choses efficaces, rentre-dedans. Sinon sur scène on se fait chier.
MI. Comment définissez-vous le concept de la violence ?
96. Le concept est vachement répandu, quand même. C’est un truc qu’il y a tous les jours, cette semaine j’en ai encore fait les frais. Après il y a une violence musicale, une agressivité musicale, une agressivité dans les textes puis c’est une réponse à l’agressivité qu’on trouve partout. Et encore, on est dans un pays où c’est plutôt tranquille, il y en a d’autres où c’est un peu plus la merde.
(MI. Vous vous êtes occupés vous-mêmes de tout ce qui concerne l'enregistrement, le mixage et la production de cette démo. Pourquoi avez-vous décidés de vous auto-produire ?
Pills. Le choix de l'auto prod est totalement délibéré et il le reste pour l'enregistrement de notre premier album avenir... Nous préférons nous fier à notre expérience et faire le moins de compromis possible sur le plan artistique...On fait avec ce que l'on à, à nous d'assurer mais cette démarche nous permet de rester intègre.)
MI. Quel est votre but avec cette démo ?
96. C’est déjà de faire circuler le nom du groupe, se refaire une place sur la scène après UCS et pour provoquer une attente pour l’album qui va sortir derrière.
Fuse. Après UCS, on voulait tout de suite balancer PRIME SINISTER, on ne voulait pas qu’il y ait un blanc, montrer aux fans qu’on est là, qu’on fait des choses et on enregistre même si ce n’est pas parfait. On voulait sortir un truc tout de suite.
MI. En amuse-gueule, donc.
96. C’est un peu ça, oui, par rapport à ce qui arrive derrière.
(MI. Comment vous y prenez-vous pour composer un nouveau morceau?
Pills. La construction d'un morceau viens d'un riff de guitare, d'une ligne vocale, d'un sample qui inspire et qui te permet de construire ton morceau...Pour ma part je fais des maquettes que je fait écouter à 96 et Fuse et si ça leurs plait on retravaille le tout ensemble.)
MI. J’ai lu dans votre biographie que vous avez déjà accordé pas mal d’interviews. Y a-t-il une ou des questions que vous ne supportez plus d’entendre parce que vous l’avez ou les avez trop entendue(s) et si oui, la ou lesquelles ?
Fuse. Les questions en rapport avec UCS. Pour le moment, ça ne nous ennuie pas parce qu’on vient de là mais dès que l’album sort, je ne veux plus entendre parler d’UCS. Il faut que les gens sachent qu’on vient de là. Après on passe à autre chose, c’est PRIME SINISTER et point barre.
MI. Quels sont vos projets pour l’avenir, mis à part l’album évidemment ?
96. On va se marier, on va avoir des enfants.
Fuse. Ouais, c’est vrai. [rires] L’album, une tournée, peut-être un DVD.
96. On réunira le plus de choses. En ce moment on recherche des dates. On a vraiment envie de jouer.
Fuse. Le plus proche, ça va être les concerts puis l’album, les interviews puis le DVD un petit peu après.
96. Puis enchaîner un deuxième album très vite derrière.
Fuse. On est productifs.
MI. Comptez-vous tourner aux Etats-Unis comme vous le faisiez auparavant ?
96. Oui mais pas tout de suite. On va dans un premier temps tourner en Europe.
MI. Enfin, avez-vous un mot à dire à vos fans ?
Fuse. On vous aime ! [rires]
96. On vous remercie pour votre soutien.
Fuse. Et pour votre bonne réaction face à ce qui est arrivé avec UCS.
Ajouté : Vendredi 27 Avril 2007 Intervieweur : Bloodwitch Luz Oscuria Lien en relation: Prime Sinister Website Hits: 24660
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